Deux ambiances. Deux projets. Des idées radicalement opposées mais une seule finalité. La victoire de ce troisième tour électoral dont la bataille a débuté au lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron, à la présidence de la République. Chez les « macronistes », il n’y a pas d’autres alternatives, il faut transformer l’essai et « donner au président de la République, notre président, une majorité sinon il ne pourra pas gouverner », lance d’emblée Corinne Versini, dans cette grande salle du Tropikal Palace, dans le 14ème arrondissement à Marseille, bondée. Chez les « Insoumis », dans une autre pièce du même lieu, on fait lecture du message de Jean-Luc Mélenchon annonçant son arrivée à Marseille. A l’ordre de jour, les législatives forcément, et pour ce petit groupe le sujet c’est la 7e circonscription. Ouali Brinis représentera la France Insoumise dans ce secteur de la ville, où Jean-Luc Mélenchon a enregistré 38% des suffrages. Face à lui, le PCF Jean-Marc Coppola, Henri Jibrayel (PS) et Arlette Fructus (UDI).
29 jours chrono…
Dans l’autre salle, personne ne connaît encore le nom des 16 candidats investis par « La République en Marche ». C’est vraisemblablement aujourd’hui à midi que cette liste tant attendue sera dévoilée. « Et quels que soient les candidats, il faudra être derrière eux », martèle Corinne Versini, qui a refusé de répondre à la question d’une adhérente sur son éventuelle investiture, « mais il peut y avoir de belles surprises » a-t-elle noté parmi les personnalités de cette liste qui compterait, selon elle, plus de 50% de candidats de la société civile. Alors pour avoir une chance de remporter cette élection, « marcheurs » et « marcheuses » doivent désormais courir, décliner au niveau local la politique nationale, sur six grandes thématiques parmi lesquelles l’éducation, la santé, le développement durable, l’économie… 29 jours chrono pour rendre les plus novices d’entre eux performants sur le fond et la forme.
Chez les troupes de Mélenchon, ambiance studieuse. Ceux sont eux, les adhérents locaux de la France Insoumise qui devront déterminer si la candidature de leur leader à Marseille constitue la meilleure stratégie pour gagner. Hier soir, rien n’était encore décidé, même si beaucoup disent attendre Jean-Luc Mélenchon « de pied ferme », affirme Laurent. « Même si je dois lui laisser ma place dans la 7e circonscription, c’est sans problème », reprend Ouali, non pas qu’il veuille se défiler, mais pour réussir à construire une véritable opposition au gouvernement. Et toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. Il y a encore quelques mois, il ne fallait pas lui parler de Jean-Luc Mélenchon, ni lui parler de communisme, « c’est presque un gros mot dans ma famille », confie Alice N’Guyen. Et pourtant… Elle s’est laissée « happée », ce jour d’avril où le tribun a « enthousiasmé » les quelques 70 000 personnes venues l’écouter sur le Vieux-Port. Autant de voix pour le faire gagner dans la cité phocéenne où « il est le bienvenu », et pas pour faire du tourisme. « Nous avons Macron mais nombreux sont ceux qui ne lui ont pas fait confiance… », sourit Valérie, alors que les applaudissements proviennent de la concurrence à deux pas de là.
« La marque de fabrique, c’est la bienveillance »
S’ils revendiquent ne pas être des professionnels de la politique, le mouvement La République En Marche, compte des personnalités diverses et variées capables d’apporter leurs expertises dans différents domaines. C’est sur ce vivier de volontaires que compte la fédération des Bouches-du-Rhône pour encadrer les candidats dans leur course vers l’Assemblée nationale. Le tout c’est surtout de « rester unis ». Le message est clair et sonne également comme une mise au point pour calmer les quelques dissensions qui ont pu surgir en cours de campagne. « Campagne, c’est un vocabulaire militaire et ce n’est pas pour rien. On tourne la page. Il n’est plus tant de se poser des questions personnelles », lâche Corinne Versini, avant qu’un adhérent ne recentre le débat sur l’essentiel, l’essence même de ce tout jeune parti : « La marque de fabrique c’est la bienveillance et porter notre projet. Il n’y a qu’avec ça qu’on pourra battre les « méchants », lance-t-il amusé de ces derniers mots, « mais c’est vraiment ça ». En ordre de marche pour le sprint final ?