Est-ce-que vous avez l’impression que la jeune génération justement évolue dans cette prise de conscience ? Vous évoquez souvent l’eau aussi pour la nature. On sent qu’aujourd’hui il y a une préoccupation pour la nature.
Loïc Fauchon : Il y a deux aspects à votre question. Concernant la jeune génération, je la sens encore aujourd’hui personnellement, dans les voyages, à travers le monde, dans les discussions… plus sensible et consciente pour l’énergie que pour l’eau. Pour un certain nombre de raisons et notamment parce que la question des énergies renouvelables a été posée plus tôt et que l’on ne pose pas encore la question des ressources hydriques renouvelables. Dans tous les cas, pas suffisamment. Et donc cela signifie que dans les décennies à venir il y a d’énormes efforts d’information, de sensibilisation à effectuer auprès de ces générations.
L’autre sujet, c’est la question de la nature. C’est une prise de conscience plus récente, pour l’Homme, que de se rendre compte qu’il doit rendre à la nature une partie de l’eau utilisée, avec une qualité parfaite.
C’est toute la question des pollutions géantes que connaît le monde : pollution des lacs, des fleuves, des nappes phréatiques mais aussi de la mer (à la fois les pollutions chimiques et les plastiques qui encombrent maintenant les océans). Pour revenir à l’eau, nous devons trouver partout le bon équilibre entre l’eau pour l’Homme – qui continuera à avoir besoin d’eau – et l’eau pour la Nature. Respecter la biodiversité, protéger les écosystèmes, qui eux aussi ont besoin d’eau comme l’Homme. Donc nous avons un intérêt commun. C’est ce qui me fait dire que l’eau est l’assurance vie de la planète. C’est le premier élément dont on a besoin avec l’air. Si on n’a pas de l’eau et de l’air qui soient consommables pour l’Homme et pour la Nature, et bien l’humanité est condamnée à disparaître.
Vous insistez aussi beaucoup sur les cinq besoins fondamentaux que les Etats doivent garantir à leur population. Quels sont ces besoins ?
Loïc Fauchon : Oui. Chaque famille, par le passé, a un peu travaillé seule. Il y avait ainsi la famille de l’eau et celle de l’énergie. Nous, nous disons aujourd’hui « Attention tout cela est indissociable. » L’eau, l’énergie. Parce qu’il faut de l’eau pour l’énergie et de l’énergie pour l’eau. Mais aussi pour les usages comme l’alimentation. La question de l’autosuffisance alimentaire dans ce siècle sera une question dont on imagine à peine les contours tellement elle est importante, du fait de la croissance démographique. Mais aussi la santé, le Covid que nous vivons montre bien que l’eau est le premier geste barrière : se laver les mains. Et puis il y a l’éducation. Car un monde qui ne recevrait plus d’éducation faute de besoins essentiels est un monde qui serait condamné à la pénurie intellectuelle et à la pénurie culturelle. Et il n’y aurait rien de pire.