Nous sommes au siège du Conseil mondial de l’eau. Pouvez-vous nous rappeler ce que représente ce Conseil ?
Loïc Fauchon : Le Conseil mondial de l’eau est une organisation internationale qui comprend environ 400 organisations membres venant de 60 Etats dans le monde. Ce sont à la fois des organisations internationales comme l’Organisation des nation unies (ONU) et ses agences ; des Etats, et pas des moindres (Japon, Etats-Unis, Brésil, Chine, France, Turquie et beaucoup d’autres ) ; et puis le monde de l’eau. Il y a la fois les ONG, les entreprises et les organisations scientifiques, les académies et les universités. C’est la grande famille de l’eau qui est réunie pour faire avancer cette cause. Parce que nous ne devons jamais perdre de vue qu’un monde sans eau, c’est un monde qui meurt.
Cette famille se réunit régulièrement lors Forum mondial de l’eau. L’année prochaine, il se tiendra au Sénégal (*). Quels sont les grands enjeux de ce prochain forum ?
Loïc Fauchon : Je précise. Il y a les réunions de famille et puis il y a la vie de tous les jours. La vie de tous les jours, c’est le rôle politique, diplomatique, hydro diplomatique du Conseil qui est assuré par son président, son bureau et son conseil d’administration pour chaque jour porter la parole de l’eau au travers des différentes organisations et évènements. Et puis il y a la réunion de famille, tous les trois ans : le Forum mondial de l’eau. C’est un rassemblement à nulle autre pareil. Ce n’est pas une conférence internationale, ni une section de l’Onu. C’est 15 000, 20 000 délégués qui viennent du monde entier et qui représentent toutes ces familles démembrées et viennent partager cette expérience. D’où le nom de « forum ». Nous organisons ces forums année après année d’un continent à l’autre. Il y en a eu un à Marseille en 2012 et puis il y aura le prochain à Dakar en 2021. Ou peut-être un peu plus tard. Nous allons décider ça très rapidement.
Avec un thème majeur : la « sécurité de l’eau pour le développement et pour la paix. » Est-ce-que vous pouvez expliciter un peu ce titre ?
Loïc Fauchon : Bien sûr. On est là, à travers ces mots sur le coeur du réacteur. Développement, parce que le monde a besoin de se développer. Une grande partie de l’humanité a besoin de voir ses besoins essentiels satisfaits. Pour l’eau, pour l’énergie, pour l’alimentation, pour la santé. En même temps, elle a besoin de paix. Chaque communauté recherche la paix, même pendant des périodes de tension. Donc développement et paix sont ce qui est nécessaire au futur harmonieux de notre planète.
La sécurité de l’eau dans tout cela, qu’est-ce que ça signifie ? A l’échelon international mais aussi sur le terrain, dans chaque communauté de citoyens, les responsables politiques, économiques, sociaux doivent être en mesure d’assurer à chacun, l’eau qui lui est nécessaire. Pas seulement pour l’usage domestique, pour l’usage agricole principalement, mais aussi pour l’usage du développement industriel. Voilà ce que signifie ce sujet à travers la sécurité de l’eau.
Vous insistez beaucoup sur l’approvisionnement et sur la lutte contre le gaspillage, est-ce-que vous pouvez donner des exemples ?
Loïc Fauchon : Nous avons un double enjeu à l’échelle planétaire mais aussi dans tant de pays où l’eau manque. A la fois nous devons mettre plus d’eau à disposition de ceux qui en ont besoin et en « produire » plus ; apporter des ressources supplémentaires. En même temps, nous devons convaincre chacun – car chacun d’entre nous, d’une manière ou d’une autre, gaspille de l’eau – d’être plus économe concernant l’usage de cette eau. Ce sont des modifications comportementales. Ce n’est pas seulement de la bonne gestion des réseaux d’eau. Donc chacun d’entre nous – et nous devons le dire à la jeune génération : « Attention, l’eau est un bien précieux, c’est un bien commun mais avec des usages particuliers. » – est responsable de la part d’eau qu’il consomme et doit à l’avenir en consommer moins.