Depuis l’an 2000, l’association nationale A.R.B.R.E.S attribue le label « Arbre remarquable de France » aux communes, collectivités territoriales, établissements publics et propriétaires privés. Le but ? Mettre en valeur et protéger les arbres labellisés. Dans cette optique, la ville d’Aix-en-Provence a lancé depuis fin janvier 2019 une démarche de labellisation de certains végétaux de son patrimoine. Une démarche engagée alors que l’abattage de nombreux arbres dans le centre-ville aixois a créé au cours des dernières années de nombreuses polémiques.
Différents arbres ont été retenus pour postuler au titre (plus de détails en fin d’article). Ils seront présentés lors de la prochaine commission de l’association, composée de tous les membres du comité d’honneur comptant des scientifiques, des personnalités du monde des parcs et jardins, ou encore des écrivains.
Quels critères pour devenir un « arbre remarquable » ?
La labellisation a pour volonté de créer autour des « Arbres remarquables » un label visant à les protéger. L’objectif est aussi de faire connaître au niveau national le patrimoine arboré d’exception méconnu ou non remarqué jusqu’à présent. Pour le décerner, l’association A.R.B.R.E.S prend en compte différents critères. L’âge, par exemple, fait partie des plus importants. Via des signes physiques de vieillesse, des archives et des témoignages, il est possible de l’estimer. Pour autant, ce seul critère ne suffit pas car l’essence de l’arbre peut faire varier son caractère remarquable. « Un if de 500 ans n’est pas exceptionnel, un hêtre de 500 ans serait exceptionnel », souligne ainsi l’association.
Critères physiques (hauteur, circonférence), esthétiques (morphologie, physionomie), biologiques et croyances associées sont également passés au peigne fin. « Un arbre présentant un ou plusieurs de ces critères pourra être dit remarquable. Cependant, cette appréciation laisse aussi une place à la subjectivité », précise l’association, qui s’intéresse particulièrement aux arbres remarquables à portée nationale.
Le label implique ensuite quelques engagements pour l’institution ou le particulier qui l’obtient. Un accord de partenariat est ainsi signé avec l’association, impliquant notamment un engagement d’entretien, de sauvegarde et de mise en valeur de l’arbre en question, considéré comme patrimoine naturel et culturel. Un panneau de présentation de l’arbre doit aussi être installé à ses côtés.
Reconnaître officiellement les droits des arbres
L’association A.R.B.R.E.S veut aller plus loin que la labellisation. Le 5 avril dernier, elle a présenté sa « Déclaration des droits de l’arbre ». Cinq articles dans lesquels l’arbre est reconnu comme un « être vivant » et un « être sensible » et non pas comme un objet. L’objectif est maintenant qu’une proposition de loi soit faite pour inscrire la déclaration dans le code civil français.
Plus de 500 arbres dans tout le pays disposent de l’appellation « Arbre remarquable ». Une petite dizaine se trouve dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Parmi eux : les genévriers thurifères de Saint-Crépin (05) depuis 2002, les platanes de la place de l’étang à Cucuron (84) depuis 2017 ou encore les chênes Merlin et Héraclès de la Sainte-Baume à Plan d’Aups (83) depuis 2014. L’ensemble est répertorié dans une carte interactive accessible ci-dessous.
Repères
Les arbres aixois candidats à la labellisation :
- L’ensemble arboré de cèdres du Cimetière St Pierre, lieu de repos de Paul Cézanne, emblème d’Aix-en-Provence et pour l’ambiance paysagère accordée à ce lieu.
- Les deux chênes blancs du Pavillon Vendôme, remarquables par leur port retombant sur la pelouse et leur importance historique. Ces deux chênes représenteraient les dernières plantations d’alignement anciennement régulières autour du Pavillon, datant de 1682.
- Les trois pins du Terrains des Peintres, situés dans le Domaine de la Marguerite sur les hauteurs d’Aix-en-Provence. Sa vue sur la Sainte-Victoire était un site apprécié par Paul Cézanne, où il a réalisé ces derniers tableaux.
- Le platane de la Promenade de la Torse, remarquable à ces dimensions généreuses de 6,40 mètres de circonférence.
- L’ensemble arboré de platanes ornant l’entrée de la Bastide du Jas de Bouffan. Classé monument historique, la bastide est bordée par un double alignement d’environ 40 platanes dont le plus gros mesure 6 mètres de circonférence. Cet ensemble traduit le premier lieu de vie de Paul Cézanne et le théâtre de ses premières œuvres (ce site est actuellement en rénovation. Sa réouverture est prévue en 2020)
Lien utile :
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