Depuis leur élection en juin dernier, les députés LREM et Modem des Bouches-du-Rhône ne s’étaient pas retrouvés au complet (ou presque) devant la presse. Séquence inédite donc, samedi 14 avril, au Mundart, à Marseille. Un thème chacun et à tour de rôle, les parlementaires, dont certain(e)s ont gagné en assurance, sont revenus sur les grandes réformes en cours ou à venir (apprentissage, SNCF, loi Pacte, plan étudiants, politique de la ville…) et plus localement sur l’avenir de la Métropole Aix-Marseille Provence (lire ci-dessous). Le mot d’ordre : ex-pli-quer ! Une manière pour eux « dans cette période sociale agitée, d’assurer notre soutien à la politique gouvernementale, rappeler que nous faisons ce que nous avons dit qu’on ferait », débute Cathy Racon-Bouzon (5e circonscription).
Petit cours pédagogique donc pour enrayer « la campagne de désinformation », dont ils s’estiment victime, rejetant d’un revers de main un quelconque coup de com’ à l’heure de la marche « Stop Macron ». « Oui, nous connaissions la date de cette mobilisation, mais nous ne l’avons pas fait en réaction », insiste Jean-Marc Zulesi. Le député de la 8e circonscription trouve d’ailleurs que « le seul intérêt de cette marche pour Jean-Luc Mélenchon est de découvrir les rues de sa circonscription ». Et Cathy Racon-Bouzon d’assurer. « Il nous a fallu un an pour faire coïncider nos agendas ». Elle, siège à la commission des affaires culturelles et de l’éducation, et réaffirme que le plan étudiant « donne accès à tous les bacheliers à l’enseignement supérieur et donne à chacun les moyens de réussir. Il offre plus de justice et de transparence et met fin aux inégalités. Il s’agit de donner plus à ceux qui en ont le plus besoin pour réussir. Parler de sélection à propos de la réforme de l’université est un sketch ».
Focus sur le projet de loi Pacte
Aussi déterminée à casser les « fakes news » (fausses informations), Anne-Laurence Petel (14e circonscription – Pays d’Aix) est revenue sur la méthodologie du gouvernement qui repose sur « la discussion, la consultation et la co-construction » pour élaborer les lois. C’est ainsi que la députée a balayé les grandes lignes de la loi Pacte (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) « faite pour faire grandir les entreprises pour qu’elles puissent recréer de l’emploi ». Le Pacte comporte 31 propositions « pour faciliter la création d’entreprise » en simplifiant les démarches administratives, l’accès des PME aux marchés boursiers, en assouplissant les obligations, en allégeant les seuils, notamment sociaux ou fiscaux. Parmi les propositions, on compte aussi la création d’un droit à l’innovation pour les salariés ou la mise en place d’un guichet unique à l’exportation… L’occasion aussi pour elle d’évoquer le dispositif « Action Cœur de ville » qui prévoit un investissement de 5 milliards sur cinq sur 222 villes, ou encore la loi Elan (Evolution du logement, de l’aménagement et du numérique).
« Notre volonté est de moderniser la SNCF »
Dans le cadre de cette loi, Claire Pitollat (2e circonscription) va d’ailleurs proposer des prescriptions « pour agir », sur les différentes pollutions et « faire en sorte que nous ayons des bâtiments vertueux ». Outre la qualité de l’air, elle évoque la situation de l’AP-HM éligible au Copermo (comité interministériel de performance et de modernisation de l’offre de soin). « Il y a un fort enjeu sur les urgences en amont et en aval ». L’autre enjeu, c’est la réforme ferroviaire défendue par Jean-Marc Zulesi qui débute son propos en dressant un état des lieux. « La qualité s’est dégradée. Sur la ligne Marseille-Nice nous avons 25 minutes de plus qu’en 1970 et en 20 ans la dette de la SNCF est passée de 20 à 50 milliards soit l’équivalent du budget de l’éducation nationale. On n’a pas su investir sur les lignes du quotidien ce qui a pour conséquences la dégradation du travail des cheminots ». Cette réforme qui a, entre autres, fait monter la contestation dans la rue, n’est pas « anti-cheminot » plaide le jeune député. « Notre volonté est de moderniser la SNCF et que ça reste un service public. Il ne s’agit pas d’une privatisation mais d’une réorganisation en société national à capitaux publics pour plus d’efficacité et la préparer à l’ouverture à la concurrence ». Il assure encore que le statut des cheminots ne sera pas supprimé. « Les agents actuellement au statut garderont leurs acquis sociaux, ceux qui seront embauchés le seront selon le code du travail, comme tous les Français. La date de fin du recrutement au statut fait partie de la négociation avec les organisations syndicales ».
L’aéroport Marseille-Provence « n’est pas visé par une privatisation »
Avec son regard d’expert comptable, Mohamed Laqhila (Modem) député de la 11e circonscription a, quant à lui, dressé un état des lieux des finances de l’Etat, réaffirmé son idée d’un « d’un bing-bang territorial avec la suppression des départements », et assuré que l’aéroport Marseille-Provence n’était pas « visé par une privatisation ». Quant à Said Ahamada, depuis son élection dans la 7e circonscription, il n’a eu de cesse de militer pour rendre plus efficace la politique de la ville. Les emplois francs qui seront expérimentés à Marseille constitue un premier pas pour réduire les inégalités, surtout dans les quartiers nord où « il y a une vraie urgence sociale ». « L’obligation de résultats » reste son leitmotiv. « Quand certains parlent de la convergence des luttes, je dirais que le rôle de notre politique est de lutter contre la convergence des souffrances. Dans ma circo, on ne m’interpelle pas sur la grève mais sur la manière dont ils peuvent sortir du chômage dont certains sont depuis plus de dix ans ». Arrivée un peu plus tard, en raison d’une réunion dans sa circonscription, Alexandra Louis « a quand même tenu à venir ». La députée a brièvement résumé le projet de loi contre les violences sexuelles et sexistes portée par Marlène Schiappa. Seule Monica Michel (16e circonscription – Pays d’Arles), excusée, manquait à l’appel.
François-Michel Lambert appelle les élus locaux En marche ou apparenté à soutenir les députés
Toujours préoccupé par l’avenir de la Métropole Aix-Marseille Provence, François-Michel Lambert a décidé de s’exprimer à ce sujet. Il s’est dit « étonné » de l’interview de Jean-Claude Gaudin dans du mardi 10 avril. « Surpris dans le bon sens » assure le parlementaire reprenant et commentant les titres. « L’avenir passe par la Métropole inéluctablement» : « oui, en effet »; « J’ai sans doute été trop généreux avec les maires » : « nous le partageons »; « La loi a trop concentré de pouvoirs » : « très probablement ». Encore une fois, il a souligné le fait « que cette métropole n’avance pas », mettant en parallèle la métropole lyonnaise. « A équivalence de population, nous avons 160000 emplois de moins que la métropole du Grand Lyon, malgré tous nos atouts. Il y a l’absolue nécessité d’une nouvelle impulsion qui passera par la volonté d’un nouveau modèle électoral ». Pour la première fois en revanche, il évoque le terme « fusion » qui est selon lui « une expression technique » et non pas le résultat « de ce qui devrait se passer ». Il réaffirme la volonté des parlementaires de participer activement à la construction d’un projet métropolitain. Ils s’exprimeront d’ailleurs « prochainement collectivement pour ne pas laisser la place aux quatre tendances Vassal, Joissains, Gaudin et Muselier ». François-Michel Lambert lance également un appel : « Il est temps pour les élus locaux et maires qui nous soutiennent de nous rejoindre et d’être à nos côtés ».[Direct] Pour @fm_lambert « il est temps que les élus locaux qui nous soutiennent travaillent à nos côtés » notamment dans le cadre de la construction de @AMPMetropole pic.twitter.com/sn8WHqFzvh
— Gomet’ (@Gometmedia) 14 avril 2018