La société marseillaise Oxatis a lancé jeudi 5 avril son introduction en bourse et espère lever entre 10 et 15 millions d’euros. Le fondateur et président de l’entreprise, Marc Schillaci, explique les raisons de cette opération et sa stratégie à moyen terme.
Pourquoi cette introduction en bourse aujourd’hui ?
Nous avons déjà réalisé quatre levées de fonds successives au cours desquelles nous avons récolté 15 millions d’euros pour financer notre développement. Maintenant, il faut accélérer et la bourse est la suite logique de l’histoire. Tous nos actionnaires, Omnes Capital, Tempo, Sofiouest et les business angels restent au capital. C’est 25 % des parts de l’entreprise qui sont mis sur le marché pour une levée estimée entre 10 et 15 millions d’euros. Cette arrivée sur Euronext growth va nous apporter la notoriété et la crédibilité nécessaires à notre croissance. Auprès des clients, tout d’abord, qui ont besoin d’être rassurés sur le sérieux d’une entreprise qui gère une partie de leurs données. Vers les nouveaux talents ensuite. Notre marque employeur doit rayonner à l’international pour attirer les meilleurs profils.
A quoi vont servir les fonds levés ?
Nous sommes aujourd’hui très bien implantés en Europe de l’Ouest avec des filiales en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni mais nous devons continuer notre expansion sur de nouveaux territoires. L’Allemagne qui représenté un marché équivalent à la France est notamment l’une de nos priorités. Mais il y a aussi la Hollande qui nous intéresse. Grâce à cette nouvelle levée de fonds, nous allons pouvoir envisager de nouvelles croissances externes sur l’un de ces pays. Nous avons déjà racheté Actinic en Angleterre en 2012, la division e-commerce de Sage en 2014 et Xopie en Espagne en 2015. On a pas encore déterminé de cibles précises mais on reste à l’affût de la moindre opportunité. On ne s’interdit pas non plus de pénétrer sur ces nouveaux marchés en organique. Nous l’avons déjà fait pour l’Italie. Aujourd’hui, l’export représente 20 % de notre chiffre d’affaires.
Vous investissez actuellement près de 20 % de votre chiffre d’affaires dans la recherche et développement. Quelles sont les prochaines innovations ?
Notre modèle de plateforme en « software as a service » est effectivement très coûteux à la base. Nous avons dépensé 14 millions d’euros depuis le départ pour le développement de notre solution et nous allons continuer. Nous proposons de nouvelles fonctionnalités tous les 15 jours comme un nouveau système de paiement fractionné et bientôt la possibilité de faire un crédit de longue durée en ligne. Nous développons également un réseau de localisation de magasin distributeur partout en Europe car si les clients commandent en ligne, ils veulent parfois retirer leur produit en magasin. Ensuite, nous souhaitons passer au mode « plateform as a service » comme la fait très bien Salesforce. Nous devons permettre à nos clients et à des tiers de développer leurs outils pour enrichir les solutions en fonction de leurs besoins. On a déjà commencé comme par exemple avec le spécialiste du VTT, Commencal. Un intégrateur a développé un outil pour pouvoir créer son propre vélo, pièce par pièce, à la demande comme on le fait chez certains constructeurs automobiles.
Aujourd’hui le e-commerce se développe assez bien en France mais le modèle software as a service (Saas) ne représente encore qu’une toute petite partie du marché…
En effet, le Saas aujourd’hui tous les secteurs d’activités : la bureautique, le mail… Mais il est encore jeune pour le commerce. En Europe, seulement 5 % des boutiques en lignes sont administrés en mode Saas mais ça commence à changer. Aux Etats-Unis, il y a deux ans, nous étions à peu près dans la même configuration et aujourd’hui, le Saas représente plus de 60 % du marché. Je prédis que dans cinq ans, tous les marchands qui ont développé leurs solutions en open source passeront au Saas. Au début, développer son propre site e-commerce ne coûte pas très cher mais à plus long terme, c’est une véritable fortune qui part dans la maintenance et le développement. Oxatis propose à ses clients de réaliser de très grosses économies. Par exemple, nous venons de faire entrer la jardinerie Willemse qui va économiser 250 000 euros par an. Pour une entreprise qui réalise un chiffre d’affaires de 8 millions, ça ne se refuse pas. En plus, les mentalités changent. Les entreprises sont de plus en plus à l’aise avec l’idée du software as a service. Les entreprises pensaient que leurs données sont plus en sécurité quand elles sont hébergées chez eux mais elles ne savaient pas que le plus gros risque de fuite vient de leurs propres salariés. C’est comme pour la voiture partagée. Au départ, les gens ne s’imaginaient pas pouvoir prêter leurs voitures mais au final ce qu’on veut, c’est pouvoir se déplacer efficacement et à moindre coût.
Vous avez commencé avec des petits clients mais aujourd’hui les entreprises qui utilisent votre solution sont plus conséquentes. Allez-vous poursuivre dans cette voie ?
Notre cœur de cible a effectivement changé avec le temps. Au départ, notre plateforme ne pouvait proposer que des fonctionnalités très basiques contrairement aux solutions open source. Nous ne touchions donc que les petits marchands qui réalisait des milliers ou des dizaines de milliers d’euros. Mais petit à petit, nous avons fait évoluer notre solution avec de nouvelles briques plus complexes, plus innovantes et ainsi, nous avons réussi non seulement à faire croître le chiffre d’affaire des petits clients mais aussi à s’installer auprès des plus gros. Maintenant, plus de deux tiers de nos clients réalisent entre 100 000 et 25 millions d’euros. Nous comptons actuellement 7 000 références (Pataugas, e-liquid, première equine…) qui enregistrent 11 000 commandes en ligne par jour, soit un chiffre d’affaires généré de 350 millions d’euros.
Quels sont vos objectifs à moyen terme ?
Avec cette entrée en bourse, on souhaite doubler de taille en trois ans. Notre dernier chiffre d’affaires est à 9,6 millions d’euros en hausse de 31 % par rapport à 2016. Si on continue sur ce rythme de croissance, on atteindra alors notre objectif sans compter les éventuelles croissances externes. Grâce à l’augmentation de la taille de nos clients, on espère également améliorer notre rentabilité et atteindre l’équilibre à l’horizon 2020 puis une belle profitabilité à l’horizon 2022. Nos effectifs vont également beaucoup grossir. Nous sommes près de 200 salariés actuellement dont 145 au siège de Marseille. Cette année, nous allons recruter entre 60 et 80 personnes sur des postes de développement et du commercial.