Tous les 20 ans, en France métropolitaine, l’équivalent d’un département (25 000 hectares) est englouti sous le bitume ou le béton : c’est ce qu’on nomme l’artificialisation des sols, autrement dit le passage d’une surface d’un état naturel à un état artificiel. Et lorsque l’artificialisation des sols progresse plus vite que la population, on parle alors d’étalement urbain.
La région Paca n’échappe pas au phénomène. Selon une étude menée par l’Insee, elle est même l’une des plus artificialisées de France, et l’étalement urbain y progresse à un rythme galopant. Entre 2011 et 2015, 5500 hectares ont été artificialisés, soit l’équivalent de la superficie d’Aubagne. Des données préoccupantes pour la préservation des espaces agricoles déjà rares.

Rareté des sols agricoles et habitat fortement concentré
Après l’Ile-de-France (20%), les Hauts-de-France (10%), la Bretagne (9%) et les Pays de la Loire (9%), la région Paca affichait en 2015 un taux de 7% de surfaces artificialisées, ce qui la situe dans la moyenne nationale. Mais ce qui la distingue d’autres régions, c’est la rareté des sols agricoles (21%) et la proportion élevée de ses espaces naturels (71%) : une situation qui reflète, selon l’Insee, la rareté des terrains aménageables à un coût accessible, du fait de leur déclivité ou autres caractéristiques. Paca est aussi la région (hors Ile-de-France) où l’habitat est le plus fortement concentré sur des superficies réduites : 64% des logements sont collectifs, contre 46% en France métropolitaine.
Parallèlement, l’Insee pointe une donnée préoccupante : l’étalement urbain est particulièrement fort en Paca. Entre 2011 et 2015, les surfaces artificialisées y ont augmenté de 980 mètres carrés par habitant supplémentaire, soit plus du double de l’espace qu’occupe en moyenne chaque habitant (430 mètres carrés). Après l’Ile de France, c’est en région Paca que les surfaces agricoles diminuent le plus vite (-0,2% par an).
Une artificialisation concentrée sur une quinzaine de communes
L’institut de statistiques révèle que quinze communes concentrent à elles seules plus du tiers de l’artificialisation. Celle-ci progresse très vite autour des quatre grandes villes de la région : Marseille, Nice, Toulon et Avignon. C’est aussi le cas autour d’Aix-en-Provence, Aubagne, Miramas, Roquefort-les-Pins, La Garde, Ollioules, Carpentras et Orange. « Sur la période récente, le nombre de logements y augmente cinq fois plus vite que la population. Il s’accompagne d’une artificialisation des sols beaucoup plus rapide que la croissance démographique, d’où un processus d’étalement urbain prononcé », pointe l’Insee.
En revanche, dans l’espace péri-urbain, la croissance de la population est plus rapide que l’artificialisation des sols, en raison de l’installation de familles avec enfants et de la reconversion de résidences secondaires existantes.
Le nombre de logements augmente quatre fois plus vite que la population à Aix-Marseille-Provence
L’Insee s’est aussi attachée à étudier les spécificités des deux métropoles régionales. Nice Côte d’Azur, l’une des moins artificialisée de France (9% de son territoire), dispose de la plus forte densité de logements au regard de la surface artificialisée : 2 930 logements au km carré. Aix-Marseille-Provence affiche une part de surface artificialisée de 19% et une densité de logements inférieure à la moyenne des métropoles.
Les deux métropoles du littoral ont par ailleurs un point commun : la forte déconnexion entre l’évolution des logements et de la population. Ainsi, « le nombre de logements augmente quatre fois plus vite que la population dans la métropole Aix-Marseille-Provence alors que ce rapport n’est que de 1,4 en moyenne pour l’ensemble des métropoles », indique l’étude.
« Grâce à cette étude, nous disposons d’un premier état des lieux extrêmement utile dans le cadre de l’élaboration du schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire. La gestion économe de l’espace est un objectif impératif vers lequel nous devons travailler », a commenté Alix Roche, directrice déléguée de la délégation connaissance-planification-transversalité au Conseil régional lors de la présentation de l’étude. À n’en pas douter, l’équilibre sera difficile à trouver entre la nécessaire préservation des terres et la pression économique et urbaine.
L’étude complète de l’Insee
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