Plus qu’un week-end pour s’immerger dans l’incroyable monde de la création graphique sud-américaine, à la Friche Belle de mai. Viva Revolución Gráfica !!! est une étonnante exposition proposée par l’éditeur d’art marseillais Le Dernier Cri. À voir absolument avant dimanche 4 février au soir.
Pousser la porte de la salle d’exposition du 3e étage de la tour Panorama, après avoir traversé son palier vide, pour seul repère le logo sanguinolent sur le grand mur blanc, c’est comme découvrir pour la première fois le train fantôme à la fête foraine de son enfance. Un autre monde s’ouvre au visiteur, effrayant et fascinant à la fois. Des dizaines et des dizaines de dessins, de peintures, masques, sculptures envahissent tout l’espace. Un foisonnement de productions hétéroclites de toutes tailles, la plupart griffonnées, surchargées, aux couleurs vives ou en noir et blanc, jusqu’à en donner le vertige.
Comme l’explique Patrick Bolino, fondateur du Dernier Cri et commissaire de l’exposition, celle-ci « se décline en plusieurs volets : la mise en espaces des collections privées de Frédéric Langlais et Laetitia Brochier, mais aussi de Jimmy Pantera, collectionneur et spécialiste de la lucha libre qui est le catch mexicain, les travaux réalisés autour de l’esthétique mexicaine par les artistes de l’association belge La “S” Grand Atelier qui sont “outsiders” ou déficients mentalement, puis des œuvres d’une vingtaine d’artistes sud-américainscontemporains et travaux de plusieurs ateliers d’impression et de gravures. »
Parmi ces derniers, certains viennent de la ville d’Oaxaca et s’en inspirent comme Dr Lakra qui trouve son inspiration aussi bien dans l’art populaire mexicain que dans la culture des gangs ou les icônes de la lutte. Une ville célèbre pour son mezclal mais également pour la richesse de son patrimoine culturel en matière d’impression – sérigraphie, gravure sur bois, lithographie sont omniprésentes dans les rues sous forme d’affiches par exemple, et qui a inspiré la scénographie de l’exposition. Alfonso Barrera Muñiz, également d’Oaxaca, oscille entre la tragédie et l’absurde, entre la nostalgie et la mort, si familière aux Mexicains. Sont également exposées les œuvres de l’espagnol Toño Camuñas, chargées de personnages extravagants, de monstres mythiques et d’images underground, celles figuratives au style neo-baroque d’Oscar Camillo de Las Flores, ou encore les œuvres singulières de Sergio Hernandez, empruntées au codex de l’époque coloniale.
Quant à l’approche de l’association La “S” Grand Atelier, dans les Ardennes, elle préfère provoquer des rencontres avec l’art contemporain pour ses artistes – une vingtaine présentés ici – plutôt que de les renfermer dans une pratique rassurante. Et ça fonctionne. Difficile de discerner les œuvres des uns de celles des autres.
Viva la Revolución Gráfica !!! embarque ainsi le public dans un fabuleux voyage artistique et lui fait côtoyer l’image de la mort, si populaire de l’autre côté de l’océan, le temps d’une visite.
Informations pratiques
> jusqu’au dimanche 4 février 2018 – de 11h à 19h
> 41 rue Jobin – Marseille 3e
> Tarif : 3 €[Best_Wordpress_Gallery id=”111″ gal_title=”Graphica”]