Jusqu’au 30 avril 2016, la galerie Saint-Laurent située dans le 15e arrondissement de Marseille accueille l’exposition “Délicatement brutal”. Cette dernière a pour ambition de représenter la diversité du graffiti. Pour ce faire, huit artistes ont accepté pour l’occasion de représenter ce mouvement artistique. Leur point commun ? Ils ont tous fait leurs premières armes dans la rue. Parmi eux, Dire d’Aix-En-Provence, graffeur issu du crew 132 obsédé par les femmes, les tatouages et le corps humain qui se dirige désormais vers le street-art. A la bombe, au pinceau ou au crayon, ce passionné se plaît à dessiner des portraits de personnages de sexe féminin marquées par les souffrances de la vie en alliant technique graphiste et figurative, le tout de manière engagée et dans un style résolument romantico-gothique. Avec lui, le titre de l’exposition prend tout son sens : évoquer des thèmes brutaux tout en finesse, tout en délicatesse.
Mais “Délicatement brutal” ne se résume pas à un seul artiste, c’est un tout. Un éventail de ce qui se fait de mieux aujourd’hui dans le monde du graffiti et un panorama représentatif de cette scène. ElDiablo en fait partie. A la fois illustrateur et designer, ce Français amateur de skate et de comics crée depuis près de vingt ans des oeuvres inspirées de la culture pop. En utilisant différents supports et en mélangeant le graphisme, la peinture et le collage, il détourne les icônes du genre avec dérision. C’est d’ailleurs lui qui est à l’origine des Lascars, la série animée humoristique de Canal +.
Autre artiste incontournable du mouvement mais dans un tout autre style : Meo aka Myles Carter. Sa passion pour l’art mural lui est venu tout petit. En effet, alors qu’il se rendait à l’école, ce New-Yorkais d’origine découvrit de gigantesques fresques dans le métro. Depuis cette rencontre avec le graffiti, Meo a rejoint Paris et y a rencontré Joey Starr. Avec ce dernier, il forme dans un premier temps le crew KOP, puis intègre The Crime Gang, rejoint le groupe NTM et côtoie la crème de la crème des graffeurs, dont JonOne. Le M avec lequel il signe devient le symbole d’une génération d’artistes. Ses tableaux sont toujours oniriques, colorés, complexes. C’est le genre à prendre des risques, à mêler la numérologie aux lettrages, à faire de la poésie avec les formes.
Zest, lui, est également un artiste majeur de cette scène. Ce Montpelliérain autodidacte est notamment connu pour avoir réalisé d’immenses fresques dans plusieurs villes européennes et pour avoir customisé le mobilier du designer Philippe Starck en 2014. A l’image d’un peintre, il décompose pour mieux composer, il déconstruit pour mieux construire. Son dada ? Le cubisme, l’abstrait, les couleurs vives. Mais ce n’est pas tout ! Quatre autres graffeurs seront également au rendez-vous pour “Délicatement brutal” : le Parisien Geb74, l’adepte du freestyle Nassyo, Dok du groupe NWS et le tatoueur Ripley.
La galerie Saint-Laurent, future Friche ?
Depuis sa création en 2013, la galerie Saint-Laurent placée au coeur du marché aux Puces met le graffiti et le street-art sous le feu de la rampe à travers diverses expositions collectives. En 2015, elle accueillait notamment le Marseille Street Art Show #2. Son but ? Rattraper le retard de Marseille en la matière. «Dans toutes les grandes métropoles, il existe une ou plusieurs fresques monumentales comme à Lisbonne ou à Madrid. Mais pas ici. Même par rapport à des villes comme Montpellier ou Sète, Marseille est très en retard. Ce qui est assez paradoxal quand on connaît le lien entre la ville et le hip-hop » expliquait Stéphane de Calmels, la commissaire du Marseille Street Art Show #2 à 20 minutes en mai. En plus de cela le lieu aimerait devenir, à l’image de la Friche Belle-de-Mai, une sorte de ruche artistique. Un double objectif qui promet un avenir plus radieux qui ne l’est aujourd’hui au graffiti marseillais.
Informations utiles :
Galerie Saint-Laurent, Hall des Antiquaires, 130 chemin de la Madrague
Marché aux Puces, 13015 Marseille
Tel : 06 76 91 42 61