Dans l’entretien qu’il nous avait accordé, Cyril Dufau-Sansot, CEO d’Hy2gen confirmait que le marché le plus sûr de l’hydrogène était le transport aérien avec le marché du SAF (pour sustainable alternative fuel.) « L’Union européenne et la France disait-il ont défini des minimums de consommation de carburant durable, en 2025, il faut que les compagnies aériennes mettent 2% de kérosène vert dans leur mélange, ça va monter à 6% en 2030 jusqu’à 70 % en 2050. »
Le marché dicte sa loi : H2V qui avait présenté à l’automne son projet d’usine d’hydrogène bas carbone et d’e-méthanol (six unités de production sur 10 000 hectares dans la zone du Caban-Tonkin à Fos), et Hy2gen annoncent une alliance pour décarboner l’aviation. Ils créent un consortium, sans préciser le montage financier, pour développer ensemble une installation de production de e-SAF à Fos-sur-Mer.
Le projet consiste à produire du e-SAF (Electro-Sustainable Aviation Fuel) à partir d’hydrogène bas carbone produit sur site et de CO2 capté dans la région. Chaque litre de e-SAF permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 86% par rapport à son équivalent fossile.
Le consortium a pour ambition de construire une usine de production de e-SAF à Fos-sur-Mer. À partir de 2030, le projet prévoit de produire 50 000 tonnes d’e-SAF directement utilisables dans les avions commerciaux. Ensemble, ils visent à alimenter les aéroports du quart Sud-Est de Toulouse à Nice, en passant par Marseille et Lyon.
Alexis Martinez DG de H2V précise : « Il s’agit d’un projet sans équivalent en France basé sur la technologie méthanol-to-jet » (N.D.L.R. : utilisant l’eMéthanol à partir d’hydrogène vert et de CO2 recyclé. )
Au cœur de ce partenariat figure la volonté de développer une filière de production française de carburants durables. Les deux acteurs répondront dans les prochains jours à l’appel à projet AAP CARB AERO de l’Ademe pour obtenir un soutien aux études d’ingénierie.
« Ce partenariat précise le communiqué, permettra au territoire de répondre aux exigences de la réglementation européenne ReFuelEU, imposant des seuils minimaux d’incorporation de SAF et e-SAF dès 2025, avec une augmentation progressive jusqu’en 2050. Dans l’aviation la transition vers des carburants durables se fera rapidement, sans nécessiter de coûteux changements de motorisation. »
Philippe Bernand, président du directoire de l’Aéroport Marseille Provence, engagé déjà avec Total Energies, soutient cette initiative : « La décarbonation du secteur aérien passe nécessairement par la production de carburants durables (SAF et e-SAF). L’Aéroport Marseille Provence soutient activement ce projet de création d’une filière territoriale de production de e-SAF. L’enjeu est de produire en volume suffisant et dans les meilleurs délais, en favorisant les circuits courts, contribuant ainsi à renforcer la compétitivité de notre aéroport pour les compagnies aériennes. »
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