L’annonce en début d’année de la fermeture définitive des Galeries Lafayette au Centre Bourse et au Prado Shopping (les deux magasins ont baissé le rideau samedi 15 novembre) a provoqué tout au long des derniers mois de nombreux débats et controverses sur la perte d’attractivité du centre-ville marseillais, l’opposition à la majorité municipale de Benoît Payan stigmatisant au passage « l’inaction » de la mairie dans ce dossier.
Après une étude menée par la CCI AMP sur l’avenir du centre-ville dont les conclusions nuanceraient le déclin commercial du coeur de Marseille selon Marsactu (*), le Centre Bourse est resté l’un des principaux sujets d’affrontement entre la mairie et l’opposition. Le collectif Une génération pour Marseille, qui soutient la candidature de Martine Vassal (DVD) aux municipales de 2026, a ainsi lancé une consultation des Marseillais en leur soumettant une série de maquette de projets de transformation du centre commercial. Martine Vassal, dans l’entretien a accordé à Gomet’ le 7 novembre a maintenu ses critiques à l’encontre du maire : « Beaucoup d’investisseurs sont partis parce qu’ils n’ont jamais été considérés par la Ville de Marseille. C’est catastrophique. Cela a fait partir les Galeries Lafayette.»
La Ville pour la création d’un pôle culturel, scientifique et de loisirs
Benoît Payan a décidé de reprendre la main en annonçant vendredi 14 novembre le projet de rachat des 20 000 m2 d’espace commercial laissés vacants en plein centre-ville. « Les offres présentées à la municipalité, à la veille de la fermeture définitive (…) ne correspondent pas aux critères mentionnés ni aux objectifs de développement émis par l’étude menée conjointement par la Ville et la CCI, en lien avec les partenaires institutionnels que sont la Région et la Métropole, explique la mairie dans un communiqué. Avec cette proposition de rachat, la Ville de Marseille souhaite développer, en lieu et place des Galeries Lafayette, un pôle culturel, scientifique et de loisirs », précise la même source.
Et d’assurer que des contacts « ont d’ores et déjà été pris, et depuis plusieurs semaines, avec des partenaires majeurs, notamment la philharmonie de Paris. » Pour Benoît Payan, « le Centre Bourse a besoin d’un projet plus grand qui peut donner un nouvel élan à cet espace et contribuer au dynamisme du cœur de ville, en valorisant nos commerces alentours. Son rachat par la Ville permet de garder la main sur le futur de notre centre-ville, en proposant un projet à son image : dynamique, ouvert à tous, favorisant la jeunesse, regardant l’avenir. Ce pôle culturel, scientifique et de loisirs favorisera les échanges, et deviendra rapidement un lieu d’excellence qui mettra en lumière nos talents, notre savoir-faire scientifique et notre amour pour la mer. Ce projet nous ressemblera, mobilisera les acteurs locaux, avec des valeurs qui nous sont chères et que nous souhaitons partager avec toutes les Marseillaises et tous les Marseillais. »
Les réactions de Sébastien Barles et Sophie Camard
Sébastien Barles, adjoint à la transition écologique du maire de Marseille, qui lancé le collectif Vaï ! en vue des prochaines municipales, affiche une satisfaction toute relative : « Nous nous félicitons du rachat des Galeries par la Mairie mais regrettons le manque d’anticipation et le refus du maire de financer le projet de préfiguration autour de l’innovation sociale, démocratique et environnementale qui aurait permis que ce site ne soit pas en friche aujourd’hui.»
La maire de secteur (1er- 7e) Sophie Camard, de la majorité du Printemps Marseillais, se réjouit au contraire sans réserves. « Je suis très heureuse de cette décision du Maire de Marseille Benoit Payan. Je la soutiens à 100%. Notre centre-ville doit rayonner par les Arts et les Sciences. C’est un investissement public vertueux. C’est une nécessité face à la montée de l’obscurantisme. C’est cohérent avec la forte présence d’étudiants, de pôles d’enseignements dans le centre-ville. Ce n’est pas contradictoire avec le développement économique, bien au contraire : cela forge un modèle de développement bien plus solide par des activités durables. » Elle saisit l’occasion pour tacler l’opposition : « La vision médiocre et mercantile de la droite marseillaise les disqualifie une fois de plus. »
La réaction de cette dernière ne s’est pas faite attendre. Après avoir égrené les dossiers où la Ville a fait perdre « deux milliards » à Marseille (voir l’intégralité du communiqué en bas d’article), le collectif Une génération pour Marseille emmené par Romain Simmarano, porte-parole de la campagne de Martine Vassal, s’interroge et ironise sur le projet de la Ville : « Pourquoi ne pas tout simplement avoir écouté les Galeries Lafayette et les avoir sauvées quand il était encore temps, avant qu’elles ne partent à Nîmes ? Combien le rachat annoncé des Galeries Lafayette va-t-il coûter ? Combien d’argent public faudra-t-il pour construire cette fameuse Philharmonie et cette cité des sciences, sorties du chapeau sans aucune étude préalable ? Tout cela a un air d’amateurisme un peu habituel, et l’orchestre de M. Payan finit par ressembler à celui d’un Titanic financier pour la Ville. »
Rendez-vous le 18 décembre en conseil municipal
Mais la Ville semble déterminée à aller vite. « Pour que ce projet se concrétise le plus rapidement possible, la Ville de Marseille votera, à l’occasion du conseil municipal du 18 décembre, le principe et les modalités de l’achat ainsi que la mise en œuvre d’études techniques et financières afin d’établir les différentes étapes jusqu’à l’ouverture de cet équipement. La Ville sollicitera dans les prochaines semaines ses partenaires, publics et privés, pour permettre à ce projet de voir le jour, et aux Marseillais de jouir d’un nouvel équipement de qualité en centre-ville. » Les débats s’annoncent bouillants.
Document source : la réaction du collectif Une génération pour Marseille
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(*) Une autre étude menée par la CCI l’année dernière pour démontrer les risques du transfert de la cité judiciaire vers Euroméditerranée avait fait état de la grande fragilité commerciale du centre-ville.














