Ce n’était pas à l’ordre du jour, mais le départ des Galeries Lafayette (annoncé fin janvier) s’est invité dans les débats du conseil municipal vendredi 28 février. L’ex-maire du 1/7 Sabine Bernasconi (Une volonté pour Marseille) a mis le sujet sur la table au détour du rapport 38 portant sur l’attribution de subventions à des associations œuvrant en faveur du développement économiques des industries créatives et culturelles.
« Alors que nous accueillons une belle enseigne Sézane en centre-ville, cette annonce s’accompagne du départ des Galeries Lafayette. De manière visible, notre centre-ville perd en attractivité […] On a l’impression d’un centre-ville recroquevillé, décrépi » accuse l’élue, qui met en cause « la montée de l’insécurité dans le centre-ville. »
« La création de commerces hors centre-ville a tué le centre-ville » (Rebecca Bernardi)
En réponse, l’adjointe au commerce Rebecca Bernardi sort un catalogue d’articles de presse pour « rafraîchir la mémoire » à l’opposition autrefois en poste. « Ce sont vos décisions de favoriser le commerce hors centre-ville qui ont été irrémédiables et ont tué le centre-ville. Aujourd’hui, nous payons les conséquences de vos choix ». Et de citer l’arrivée des Terrasses du port ou encore des Docks…
« Ce sont les Terrasses du Port qui ont asséché les commerces du centre-ville. Le douloureux départ des Galeries Lafayette doit nous pousser à anticiper, encore plus dans la perspective du déménagement de la cité judiciaire du centre-ville vers Euroméditerranée », abonde l’adjoint à la transition écologique Sébastien Barles, qui préconise « un oasis du consommer autrement. »
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Des propos qui piquent au vif l’ancienne adjointe en charge du commerce sous Jean-Claude Gaudin, Solange Biaggi. « Lorsque les Galeries Lafayette ont quitté la rue Saint-Ferréol (en 2018, ndlr), nous avions travaillé en amont pour la reprise des locaux, où se sont installés Babel Community et Boulanger. Nous avons oeuvré pour la piétonnisation du centre-ville, dont vous bénéficiez aujourd’hui », se défend l’ancienne adjointe.
Elle justifie les décisions passées : « Nous avons fait les Terrasses du Port comme le centre commercial du Prado pour accompagner le déploiement de logements dans ces secteurs. Notre stratégie de l’époque, c’était de se concentrer sur les noyaux villageois. »
De son côté, le conseiller municipal Eric Semerdjian attaque plus frontalement la décision du groupe Galeries Lafayette, jugée « faite en catimini, […] à contre-sens, à contre-temps au regard du plan Marseille en grand » : « Cette annonce est tombée comme un couperet, brutale dans sa soudaineté, sa forme, ses arguments renvoyant pêle-mêle à une évolution de la clientèle, les problèmes d’évolution du Centre Bourse sans jamais concéder la moindre erreur d’analyse ou de stratégie de la part du groupe », s’emporte l’adjoint. Il évoque à demi-mots une réunion organisée avec le Préfet, les élus et les dirigeants des Galeries Lafayette, avant d’être repris par le maire, lui rappelant qu’il s’est engagé à « ne pas parler de cette réunion pour protéger l’avenir des salariés. »
Benoît Payan : « Il ne faut plus faire de centres commerciaux dans les villes ! »
« Aujourd’hui il faut surtout que nous soyons présents pour les salariés, que ce soit ceux du Prado ou ceux du Centre-Bourse. Il faut aussi que nous soyons en capacité de peser sur les Galeries pour qu’elles ne partent pas si vite », tranche l’édile Benoît Payan.
Le maire tire la sonnette d’alarme : « Le départ d’un centre commercial flambant neuf comme celui du Prado serait un très mauvais signe. » S’il fustige les décisions passées par l’ancienne majorité, Benoît Payan dénonce une dévitalisation enclenchée bien avant « dès l’arrivée de Plan de Campagne » (dont le centre commercial Avant Cap a ouvert ses portes en 1990).
« Maintenant que Marseille redevient une ville attractive, nous devons repenser notre vision économique et touristique.[…] Il ne faut plus faire de centres commerciaux dans les villes ! » poursuit l’élu.
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Selon nos dernières informations, le distributeur Action et l’enseigne Primark, se seraient manifesté pour reprendre une partie des espaces libérés par les Galeries Lafayette au Centre Bourse, tandis que le président de la CCI Jean-Luc Chauvin, préconise pour sa part d’y installer les locaux de la future cité judiciaire…
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