En janvier 2017, une équipe de chercheurs américains et marseillais ont publié l’étude Fos-Epseal qui a révélé la prévalence élevée des cas d’asthme, de diabète et de cancers sur les communes de Fos-sur-Mer et Port-saint-Louis du Rhône. Les scientifiques sont prompts à faire lien entre ces maladies et la proximité des usines. L’inquiétude des populations a poussé les services de l’État à se pencher plus avant sur cette étude afin d’en évaluer le sérieux. Le sous-préfet d’Istres, Jean-Marc Sénateur, l’agence régionale de santé (ARS), la Dreal et santé publique France ont présenté leurs conclusions lors d’une conférence de presse mardi 20 mars à Istres.
Un échantillon non représentatif
Pour commencer, les autorités ont critiqué la méthode employée. Le panel des personnes interrogées n’est pas considéré comme pertinent : « Les enquêteurs ont frappé à une porte sur cinq mais n’ont pas suffisamment expliqué comment ils on choisi telle ou telle personne », regrette Mélina Le Barbier, chercheuse au sein de Santé publique France, mandaté par l’ARS pour produire une analyse de l’étude. Elle poursuit en relevant des incohérences comme la proportion d’enfants 2,5 fois plus importante pour Port-Saint-Louis dans l’étude alors qu’ils sont deux fois plus nombreux dans la population totale de Fos-sur-Mer. « La participation des habitants au processus de recherche permet d’augmenter la rigueur de l’étude », a répondu dans un communiqué l’équipe Fos-Epseal mardi, se disant prête à apporter des informations complémentaires pour répondre aux critiques de Santé Publique France. L’organisme, par la voix de son directeur Sébastien Denys, a tout de même concédé l’intérêt de cette démarche « complémentaire qui associe les riverains. Cela permet de mettre en évidence certains signaux qui n’étaient pas pris en compte ». Elle a notamment permis de mettre en évidence la prévalence du diabète de type 1 qui n’apparaît pas avec une approche épidémiologique classique.
Pour l’Etat, l’industrie n’est pas le premier coupable
Si la méthode diffère, force est de constater que les données de l’Etat sur l’importance des maladies comme le cancer sur le bassin fosséen sont très proches des résultats de l’équipe de Fos-Epseal. Dans son étude intitulée « l’état de santé du territoire Fos-Berre », l’observatoire régional de santé (ORS) observe une mortalité par cancer supérieure de 34% chez les hommes à la moyenne nationale.Les maladies chroniques et la surmortalité liée au diabète sont également surreprésentées environ de 22 % chez les hommes et 17 % chez les femmes en comparaison à la moyenne régionale. Par contre, il n’observe pas de différence pour l’asthme. Par contre, les autorités refusent d’attribuer l’augmentation de la mortalité à l’exposition aux pollutions d’origine industrielle. L’ORS estime que les cancers sont liés à 40 % aux comportements à risque des populations, comme le tabagisme et l’alcool, et seulement à 5 % aux expositions professionnelles ou entre 4 % et 8 % aux causes environnementales.
En attendant, l’ARS et la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) Paca, annoncent qu’ils vont renforcer leur surveillance de la pollution sur le bassin de Fos-sur-Mer. Un arrêté préfectoral va prochainement être proposé pour réglementer les industriels de la zone de Fos-Berre sur les rejets de composés organiques volatiles (benzène, butadiène, dichloroéthane…). Il demandera une réduction des émissions et une meilleur surveillance des rejets diffus. Une nouvelle étude, menée par l’observatoire Revela 13 qui collecte les données sur les maladies professionnelles liées à l’environnement autour de l’étang de Berre depuis avril 2012, doit également annoncer ses résultats au premier trimestre 2019.
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