Le cinquième protocole de financement pour l’extension d’Euroméditerranée sera signé au printemps prochain. Que prévoit-il ?
Hugues Parant : On doit attendre que la Région fasse voter l’accord lors de sa prochaine plénière en mars mais en réalité, nous sommes tombés d’accord avec les collectivités et l’Etat dès septembre 2018. A mon arrivée (en mars 2017, ndlr), personne n’aurait imaginé que nous y serions arrivés si rapidement. Il fallait trouver un équilibre entre toutes les parties prenantes dans un contexte plutôt tendu. Sous l’égide du préfet, nous y sommes parvenus. Ce nouveau protocole prévoit une enveloppe de 161 millions d’euros pour la période 2020-2030. La répartition reste sensiblement la même que pour le précédent : 33 % pour l’Etat, 15 % pour le département et la Région ; enfin, la Métropole voit sa part augmenter à 21 % avec son changement d’échelle et de compétences comparée à l’ancienne communauté urbaine et la Ville de Marseille retombe à 15 %. La part de financement public a largement baissé. Au début en 1995, on était à 50/50 entre les ressources publiques et les fonds propres d’Euroméditerranée. Maintenant, nous sommes plutôt à 85 % d’autofinancement et 15 % de l’Etat et des collectivités. Nos ressources propres ont fortement augmenté grâce aux terrains qu’on a acheté, qu’on a viabilisé et qu’on revend plus cher.
Ce nouveau protocole reprend les grandes lignes du précédent concernant Euromed 2. Quelles sont les nouveautés ?
H.P : On a beaucoup travaillé avec les direction générales des collectivités et l’Etat pour faire accepter deux sujets en particulier. Le premier concerne un financement spécifique pour que le village des Crottes soit réhabilité sans destruction. Normalement, il aurait dû être supporter par la Métropole et les collectivités car il s’agit de réhabiliter un quartier de Marseille. D’habitude, l’Etat ne s’implique pas. Le deuxième, c’est le boulevard Capitaine Gèze. La participation des cinq partenaires permet d’accélérer le calendrier. Il fallait s’arranger pour l’inscrire dans la même temporalité que les autres chantiers majeurs comme les puces et les Fabriques. On pourra donc commencer le chantier en 2020 et terminer au plus tard en 2023. Ça permet d’avoir une réelle discussion sur la nature même de ce boulevard.
Le retard du métro Gèze pose-t-il problème pour l’aménagement de la zone ?
H.P : Pas vraiment. Si c’est un vrai sujet pour les habitants, pour la vie de notre projet, on peut tenir encore deux ans sans métro. Les investisseurs savent qu’il sera là à terme car la station existe, les voies sont là. Ils ne sont pas pressés car les aménagements ne sont pas encore fait. Pour les effets sur la circulation sur le boulevard capitaine Gèze, la Métropole a arrêté des schémas. La station multimodale sera un élément essentiel pour toute la circulation des bus qui arrivent du Nord et offrira la possibilité de prendre un nouveau mode de transport collectif vers le Sud. La métro ne vas pas tarder et le tramway avance, il arrivera à Gèze. Pour le quartier des Fabriques, c’est une position essentielle.
Où en-êtes-vous des négociations pour récupérer les terrains de la gare du Canet qui bloque pour l’instant le lancement du chantier du parc des Aygalades ?
H.P : On espère récupérer les terrains de la gare du Canet avant 2023 mais je reste prudent. A mon arrivée, ce dossier était au point mort depuis environ cinq ans. J’ai fortement insisté pour que le préfet porte ce dossier pour le faire avancer et aujourd’hui, le comité de pilotage dirigé par l’Etat qui réunit la Métropole, le Port et la SNCF autour de la table ont acté il y a six mois la date limite de juillet 2023 pour libérer le terrain. Pour les opérateurs présents sur la gare du Canet, le délai est suffisamment large pour qu’ils prennent leurs dispositions et décident d’aller ou non sur le terminal combiné de Mourepiane. Maintenant que les choses sont claires, on commence à négocier avec la SNCF Immo et on doit aller assez vite pour maitriser le foncier car plus on attendra, plus on paiera cher. Les discussions avancent et on pourrait rapidement débloquer certaines parties assez vastes pour commencer les aménagements du parc. On réfléchit également à installer des projets d’urbanisme transitoire comme nous sommes en train de le préparer avec le programme Move sur le secteur de Cazemajou. Par contre, il faudra attendre au mieux 2025, voire 2026 pour voir les premiers logements arriver autour de la zone du parc. Il est hors de question d’accueillir des habitants sur une zone en chantier permanent.
Où en est le projet de transformation du marché aux puces ?
H.P : C’est un sujet compliqué car il relève du domaine privé même si on a la capacité d’expropriation. Mais pour ce dernier cas, cela veut dire que nous aurions à gérer l’ensemble pour les années qui viennent. Alors on a choisi de travailler avec le propriétaire (André Coudert, ndlr), de l’aider et de lui faire comprendre la nature du quartier qu’on va poser autour de lui. Aujourd’hui, on est à la manœuvre pour chercher des investisseurs privés qui pourraient aider le propriétaire à financer les travaux nécessaires. Une chose est sûre : on conservera la halle alimentaire et le marché mais on enlèvera les voitures pour les mettre dans un parking en silo que l’on va réaliser à la place du Lidl. Il faut trouver le bon équilibre pour que ce lieu attire les nouveaux ménages qui vont s’installer et toujours les habitués des quartiers environnants.
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