Prévoyez-vous d’étendre la skyline des tours vers le Nord ? Si oui, comment faire avec la Sogaris ?
Hugues Parant : Les entrepôts de la Sogaris ne peuvent pas rester sur une logistique classique à terme. Ils sont désormais situés dans le centre et doivent adapter leur activité à un usage urbain, de proximité. Avec la montée du e-commerce, la valeur de ces espaces logistiques en cœur de ville a fortement grimpé. La Sogaris a encore le droit de rester une vingtaine d’années mais cela ne nous empêche pas d’imaginer de nouvelles constructions autour des entrepôts. Cette zone serait parfaite pour poursuivre le quartier central d’affaires qui a débuté avec la CMA CGM et maintenant la Marseillaise. Le bâtiment de la Sogaris n’est pas un problème. On sait très bien faire de immeubles qui peuvent s’enchâsser par-dessus ou on construit une dalle ou bien même à côté… tout est possible mais c’est clair que nous allons continuer de construire sur la zone de la skyline. Alors va-t-on faire de nouveaux immeubles de grandes hauteurs ? On a pas encore décidé mais il peut y en avoir encore un ou deux de plus. Et si il y a une forte demande de tertiaire sur la zone, on peut également penser à faire du logement notamment dans des grands immeubles pour densifier les habitations et libérer un maximum d’espace public au sol. Le seul problème, c’est la passerelle. On ne peut pas mettre des habitations collées au trafic routier. Donc on s’achemine vers un découpage avec des bureaux pour la partie proche de la passerelle et des logements sur les zones plus éloignées. Ensuite, il faut rester raisonnable quand on parle de skyline. On ne va pas redessiner la façade de l’Hudson ou de l’East River vu du New Jersey.
Sur quels terrains n’avez-vous pas encore une totale maîtrise foncière ?
H.P : Sur les Fabriques, on aura terminé 95 % des acquisitions à la fin de l’année 2019. C’est notre sujet principal pour l’instant. Plus au Sud, autour de Smartseille, sur Cazemajou et vers la CMA CGM, on a déjà pas mal de choses. Tous les terrains entourant la Sogaris appartiennent aujourd’hui à la Métropole. Sur Cazemajou, on a également suffisamment d’emprise pour avancer sur certains projets. On a d’ailleurs un collège privé qui veut s’installer sur cette zone et on a déjà le terrain disponible.
Vous avez lancé l’opération Move en novembre dernier pour développer l’urbanisme transitoire. Comptez-vous développer ce type d’initiative ?
H.P : Il ne faut plus attendre les premiers coups de pelles pour faire vivre le territoire. C’est la vie qui fait la ville et pas l’inverse. Avec l’urbanisme transitoire, on montre que la vie doit s’installer avant que les bâtiments sortent. C’est quelque chose de très fort en terme de stratégie pour nous. On a commencé avec les makers aux Fabriques. Nous avons lancé un AMI pour Move dont on connaîtra les lauréats en mars. Pour l’instant, sur les neuf sites proposés, cinq ont emporté l’adhésion de tous les candidats et trois sont pour l’instant en déshérence. Nous essayons de voir avec les porteurs de projets si ils ne peuvent pas s’arranger ou se regrouper pour s’installer sur tous les sites. Mais on va aller au delà. Nous pouvons livrer des terrains vierges à des structures artistiques pour créer des événements.
Il existe déjà un lieu culturel majeur sur Euroméditerranée : les Docks des Suds. Son existence est-elle menacée ?
H.P : Pour l’instant, sa vocation exacte est en suspens. C’est un lieu symbolique de la vie festive et culturelle de Marseille. Mais on ne peut pas nier qu’il va être en plein milieu de la ville et des événements comme la Fiesta ne seront plus possibles. Babel Med le sera peut-être encore… Maintenant, c’est aux élus de décider si ils souhaitent une vocation spécifique pour les Docks. C’est une question importante car il va desservir une zone habitée par 2 000 familles. Maintenant, on sait très bien construire autour en conservant une partie ou la totalité des Docks. A l’origine, il y avait quand même des logements prévus sur ce site. J’ai un bilan à honorer. Nous avons donc à étudier la question purement économique. Pour autant, étant très près de la passerelle, encore une fois, on pourrait imaginer faire autre chose que des logements. Les Docks font partie de l’histoire de Marseille. Ça peut être un outil très intéressant d’animation du quartier. Je pense qu’il y restera toujours quelque chose d’intérêt public.
Est-ce que la crise de l’habitat indigne a impacté le projet Euroméditerranée ?
H.P : Pas du tout. Ça aurait pu être le cas il y a dix ou vingt ans. A l’origine, Euroméditerranée a créé assez peu de logements neufs et a travaillé sur la restructuration. Entre la gare Saint-Charles et la porte d’Aix, toute cette partie qui descend vers le centre-ville est dans le périmètre d’Euroméditerranée. Nous avons fait beaucoup de rénovation de logement social autour de Camille Pelletan. Donc à l’époque, ça aurait pu avoir un impact entre ce projet que nous menions et ce qui se passe aujourd’hui en centre-ville. Aujourd’hui, nous sommes très éloignés de cette problématique. Il va a priori y avoir la création d’une société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-IN) qui va intervenir sur le centre-ville. Elle va devoir travailler à la petite cuillère, ce sera un travail minutieux de couture sociale avec de la concertation fine, étage par étage… Euroméditerranée l’a fait au début mais ce n’est plus notre métier aujourd’hui. Nos équipes sont désormais formées pour réaliser Euromed 2 qui est un très grand territoire avec très peu d’habitants pour le moment.
Lien utile :
Lire le premier volet de notre entretien avec Hugues Parant