La quatrième au clair de lune
Dire que ça ne vole pas haut dans la quatrième circonscription est un doux euphémisme. Solange Biaggi y représente les Républicains et elle a reçu le soutien d’un baron de son parti cette semaine. Le président national de l’union des maires était accompagné d’un Jean-Claude Gaudin plus rigolard que jamais, et visiblement réjoui de voir le « beau » Mennucci, comme il le qualifie, passablement secoué par le parachutage de Jean-Luc Mélenchon. Il est vrai que François Baroin dont le père fut grand maître du Grand Orient n’a aucune raison de s’en prendre à ce grand frère qui réserve la majorité de ses coups au nouveau président de la République. Gaudin quant à lui a reçu avec force amabilité Mélenchon ancien collègue du Sénat, une maison où l’on sait vivre sous les ors de la République loin des va-t-en-guerre de l’assemblée. Enivré par le fumet de cette cuisine politique traditionnelle, le leader de la France insoumise a promis au député sortant qu’il lui offrirait, après l’avoir battu, une bouillabaisse. A le voir nager dans la tambouille marseillaise, Mélenchon ne se cantonne pas en effet au seul et austère quinoa. Mme Biaggi a traité quant à elle la représentante de La République en Marche, Corinne Versini, de « touriste aixoise ». En attendant ce sont les Républicains qui jouent les guides dans la quatrième circonscription pour Mélenchon.
Très académique
Est-ce la proximité avec Mélenchon grand admirateur du régime Cubain, mais Jean-Claude Gaudin a confié à quelques journalistes que deux mandats municipaux c’était trop court pour mener à bien des projets. Trois et quatre aussi, a-t-il soupiré. En fait notre sénateur-maire ne le dit pas, mais le pense fortement, il est pour le mandat à vie. C’est ainsi lorsque l’on a pris pour épouse la seule politique. Quand on aime, on ne compte pas. Bon on comprend qu’un Muselier qui l’a qualifié récemment de Mamamouchi, en ait un peu marre de le voir encore traîner ses babouches sur le parquet du petit palais mairie. Mais lui et les autres devront s’y faire, Gaudin qui ne sera plus que maire – loi sur le cumul des mandats oblige – en septembre prochain, ne va pas faire encore retraite à Saint Zachary ou au Vatican. Ceux qui parieraient pour son effacement de la politique seraient bien imprudent. En fait le maire de Marseille se rêve en politique comme d’autres à l’académie française : immortel.
Ça colle plus entre eux
La mairie a froncé la moitié d’un sourcil. Elle veut stopper l’invasion de certains murs de la ville par l’affichage sauvage. Théoriquement cela devrait coûter un bras aux contrevenants. Si elle est aussi efficace que pour les tags les colleurs d’affiches sont tranquilles. D’autant que dans son propre camp – les Républicains – on abuse du pot de colle depuis de longs mois. Yves Moraine maire du 4ème secteur est sans doute parmi les plus mauvais élèves. Il a privatisé depuis longtemps tous les panneaux de la cinquième circonscription et ses dernières affiches mettent en valeur le symbole le mieux partagé des Marseillais : la bonne mère. Notre Dame de La Garde n’est pas sans doute l’image qui se rapproche le plus des valeurs de la République mais le nombre important d’établissements privés dans cette circonscription explique sans doute cette intrusion religieuse dans un débat républicain.
Misère et boule de gomme
Il va falloir que la justice perce un mystère de plus dans notre bonne ville qui en recèle déjà tant. Il semblerait que des employés dédiés au Samu social ont pris quelques libertés avec leur temps de travail. En clair ils auraient été payés à plein temps pour des à peine mi-temps avérés. On doit se faire du souci du côté de la direction générale des services de la mairie mais comme on le dit à chaque nouveau scandale dans la cité phocéenne « chaque profession comporte son lot de brebis galeuses ». Selon les enquêteurs ce sont tout de même 5 millions d’Euros qui se sont ainsi envolés. On sait qu’une des missions du Samu Social est d’organiser des maraudes. Ce sont ces tournées qui, notamment l’hiver, permettent de repérer les sans domicile fixe en danger en raison du froid et des conditions sanitaires dans lesquelles malheureusement ils tentent de survivre. Ca c’est pour la maraude. Mais il y a aussi le nom maraudeur et là la définition n’est pas terrible, terrible : « Un individu de mauvaise fréquentation qui gagne sa vie en se livrant à des actes répréhensibles, souvent sans grande envergure. Le maraudeur peut commettre des vols ou des petites escroqueries. » En même temps ce n’est peut-être qu’un remake de l’ancienne loi pratiquée par d’autres employés municipaux : le fameux fini parti. Les juges nous le diront.
Les jours heureux
On a beaucoup entendu cette vieille expression lors des dernières élections présidentielles : « les jours heureux ». Elle avait un côté « temps des cerises » « merle moqueur », très XIXème siècle en quelque sorte. Marseille inspire les leaders nationaux on le sait, qui estiment une fois pour toutes qu’elle est « insoumise ». La faute à Louis XIV qui avait tourné ses canons vers elle, avant de lui faire honneur en descendant de cheval lors d’une visite officielle et de faire quelques pas en direction des officiels qui l’attendaient. Et puis il y a eu les fédérés « montant » sur Paris pour sauver la 1ère République et encore les truands, tel Mémé Guérini rejoignant la Résistance. Mais attention Marseille a un revers à cette belle médaille. Comme ces échevins faisant entrer la peste en 1720, pour protéger leurs intérêts. C’est aussi à Marseille qu’un certain Alphonse Thiers est né, avant de réprimer la Commune dans le sang. Et encore dans cette ville qu’un certain Simon Sabiani, premier adjoint au maire, a fait le lit des nazis, avant d’envoyer son fils se faire tuer dans la Waffen SS sur le front Russe. Les politiques ont, comme tout un chacun la mémoire sélective, et ils aiment repeindre l’histoire à leur couleur.
Macron compatible
D’Ouest en Est le département comptabilise un nombre impressionnant de « Macron compatible ». A gauche comme à droite on ne semble plus très sûr de ses atouts et on ne souhaite pas du coup insulter l’avenir. On se dit donc en marche ou majorité présidentielle. Les candidats des Républicains les plus radicaux veulent une majorité pour le jeune président mais la leur en quelque sorte sans Fillon d’où un programme très flou et des campagnes sur le terrain les plus consensuelles possibles. A gauche et notamment au PS ce n’est guère plus reluisant et les candidats avancent dans le flou le plus artistique. Or on sait dans ce camp-là – c’est une des leur, Martine Aubry qui l’a dit- que quand c’est flou c’est qu’il y a un loup. Au PC ce n’est pas plus reluisant depuis que Mélenchon a botté le ballon de l’union du front de gauche en touche. Enfin au FN on voit pointer les premiers signes du désordre interne entre les pro et les anti Philippot. Les Bouches-du-Rhône sont à l’image de l’Hexagone, dans le brouillard. Pourtant c’est un soleil radieux qui a salué les premières semaines de Macron. Désespérant.