La mauvaise foi
Oh le chœur des pleureuses laïques ! Monseigneur Georges Pontier a dû être subjugué par la mauvaise foi de tous ceux qui ont commenté l’intervention d’Emmanuel Macron, lors de sa rencontre avec la conférence des évêques, que l’archevêque de Marseille préside. Les socialistes marseillais se sont particulièrement distingués pour condamner ce qu’ils considèrent comme un crime de lèse-laïcité, perpétré par le Président de la République. Pourtant, ils sont nombreux parmi ces censeurs à se hausser sur la pointe des pieds pour figurer sur la photo qui immortalise, chaque mois de janvier, la bénédiction des navettes. Cette « bondieuserie », comme on le dit encore dans les anciennes villes communistes du département, n’a jamais été considérée comme une atteinte à la loi de 1905. On a peu entendu les mêmes protester lorsque l’ancien président socialiste du conseil général évoquait le chapelet qui ne quittait jamais une de ses poches. Emmanuel Macron s’exprimait ce lundi-là depuis de collège des Bernardins à Paris. Il ne reste plus, aux socialistes marseillais, qu’à investir, au nom de la rose, le théâtre des Bernardines. Pour y jouer Tartuffe.
On nous aura tout fait
Après Mafiosa, Marseille, Taxi, voici venir un film dans lequel comme le dit prudemment l’annonce « toute ressemblance avec des personnages existant ne peut qu’être fortuite ». Eric Carrière et Francis Ginibre plus connus sous le nom d’un duo, Les chevaliers du fiel, ont situé l’action de leur film, « Les municipaux, ces héros », dans un vieux port de la côte catalane française, Port- Vendres. A déguster les dialogues, que les duettistes ont déjà testé dans leurs célèbres sketches, on pourrait situer la même action plus à l’Est. Pour tout dire à Marseille. Le 18 avril, nos salles obscures vont sans doute être éclairées par un fou-rire général et quelques réparties vont rappeler, à beaucoup, ce que l’on entend tous les jours de ceux qui « travaillent à la mairie » comme on le dit sur la Canebière et dans les 111 villages marseillais. Une des questions existentielles des personnages de Carrière et Ginibre tourne autour des RTT et du budget communal en berne. Comme on ne le dit pas encore sur le Vieux-Port, voilà un film d’actualité même si toute ressemblance…
Mai 68, oui mais non
La France insoumise rêve d’un remake de Mai 68. Au passage, elle réécrit l’Histoire faisant de ce cinquantenaire un révolutionnaire, alors qu’il fut d’abord un révolté, remettant en cause une France engoncée dans des principes datés. Elle se résumait en une photo symbolique, le général lisant au coin du feu sa presse avec à ses côtés « tante Yvonne » tricotant en silence, comme le recommandait son éducation. Les « enragés » ou la « chienlit » réclamaient d’abord une libération des mœurs, de l’enseignement, de la culture. Puis vint la CGT et les autres qui bottèrent les fesses aux garnements et sifflèrent la fin de la récréation, avec les accords de Grenelle du 28 mai 68. Les temps ont changé et, d’Aix à Marseille, de maigres troupes tentent d’allumer une mèche dans l’indifférence quasi générale. Le prétexte est la « sélection » qu’imposerait désormais les universités. D’aucuns contestent notamment le chiffre brandi régulièrement par les gouvernants et qui attesterait que le taux d’échec en premier cycle (licence) serait de 60%. Certes, mais il est avéré que les objectifs professionnels initiaux des étudiants sont loin d’être majoritairement atteints dans nos facultés (certaines formations sont en ruines). On est passé d’un tirage au sort inique, à une sélection sur dossier. Les insurgés ne veulent ni de l’un ni de l’autre et pour ceux qui seraient privés, cette année, d’évaluation, réclament la moyenne pour tout le monde. Un ange passe. A Aix, il y a quelques années encore, les plus politisés de la fac de Droit (qui a connu le temps de l’extrémisme et du Gud), évoquaient les voisins de la fac de Lettres proches en parlant des « cosaques ». Ce temps est révolu, comme va sans doute l’être bientôt celui de ceux qui prônent l’égalitarisme au nom de la justice sociale. Comme les murs le disaient en 68 « Cours camarade, le vieux monde est derrière toi ! »
Marseille-Provence 2013 féconde
C’est une des suites inattendues de Marseille Provence 2013. L’exposition « Jean Moulin résistant et artiste provençal », proposée à Saint Andiol dans les Bouches-du-Rhône, avait bénéficié du label de la « capitale européenne de la culture ». Au mois de juin prochain le 29, c’est un musée qui ouvrira pour mieux connaître cette figure de la Résistance qui, selon sa sœur Laure, « donnait autant d’attention aux gens modestes qu’aux gens importants ». L’ancienne mairie a été réhabilitée pour accueillir les objets, photos, tableaux, archives qui évoqueront la vie et l’œuvre de ce grand serviteur de l’Etat, mort pour la France après avoir été torturé par les nazis. Après le camp des Milles et son évocation de la déportation et particulièrement de la Shoah, Saint Andiol s’inscrit dans cette démarche pédagogique éminemment nécessaire, à l’heure où des groupuscules veulent déconstruire si ce n’est le monde, comme le craignait Albert Camus, du moins l’Histoire. La France a offert son panthéon à Jean Moulin en 1964. 54 ans plus tard, Saint Andiol ouvre son cœur. (Lire le n° 1099 de Marianne)
Les palais de Marseille
Jean-Claude Gaudin plaide pour la métropole et se réjouit qu’elle ait dégagé, lors de son dernier exercice, un excédent de 75 millions d’euros. Le maire de Marseille souhaite que sa ville et sa région se hissent au rang de capitale régionale, ce qu’on ne peut lui reprocher, même s’il y a loin de la coupe aux lèvres. Pour l’heure, la pente est rude comme le dirait son ami Jean-Pierre Raffarin, même si la direction est rectiligne. Les grands lieux des pouvoirs territoriaux ont néanmoins fière allure et nos édiles ne peuvent se plaindre de l’ordinaire qui leur est proposé, du vaisseau Bleu à l’Hôtel de la région en passant par le Pharo ou encore les entrailles de la place Bargemon. Et même si cela doit chagriner durablement la maire d’Aix, Maryse Joissains, la prochaine prouesse architecturale devrait être au diapason de l’ambition affichée par Gaudin pour son territoire. La Marseillaise – la bien nommée- et ses 135 mètres voulus et conçus par Jean Nouvel, devrait permettre à l’institution de prendre le la hauteur. C’est un socialiste, Eugène Caselli, qui a prudemment réservé une quinzaine d’étages pour la Métropole. C’est son adversaire qui y siègera. Le verre et donc la transparence ont été une priorité pour l’architecte. Si les ascenseurs fonctionnent la métropole atteindra des sommets.
Mémoire sélective
Marine Le Pen s’est est prise violemment à Edwy Plenel en exhumant un article que le patron de Mediapart a écrit dans Rouge, hebdomadaire trotskyste en 1972 après l’attentat de Münich qui fit onze victimes parmi les athlètes israéliens : « L’action de Septembre Noir a fait éclater la mascarade olympique (…) aucun révolutionnaire ne peut se désolidariser de Septembre Noir. » Plenel a plaidé coupable depuis et a « récusé » ses propos d’alors. On a donc entendu Mme Le Pen, mais elle n’est sans doute pas au courant que l’un de ses plus proches, le Marseillais Gilbert Collard, s’est longtemps flatté d’avoir défendu, en tant qu’avocat, Septembre Noir (Il était alors associé à Roland Dumas). Bof, finalement ce n’est qu’un détail comme dirait Jean-Marie.