Un Martinez ne fait pas le printemps
Comme c’est curieux cette Histoire qui a régulièrement le hoquet. A écouter, sur les ondes, Philippe Martinez, le « patron » de la CGT, on voit bien qu’il a du mal à diriger son entreprise. Régulièrement, ces dernières semaines, il aura été dépassé par sa base, plus jusqu’au-boutiste que lui. Autour de Marseille, sur les barrages affectant les raffineries ou les centres de collecte des ordures ménagères, les anti loi Khomri gueulaient, aux micros des télés et radios, qu’il s’agissait de « s’en prendre d’abord à l’économie », pour faire plier le gouvernement. On ne parle presque plus de « grand capital » des « 200 familles », voire des « spéculateurs » de tout poil. Il y a belle lurette d’ailleurs, que ces derniers ont trouvé leurs El Dorado, pour mettre leur fortune à l’abri des soubresauts sociaux. A la fin des années 80, pour les chantiers navals de La Ciotat, on avait vu aussi la base aller plus loin que les instances nationales, pour là, passer un accord avec le messie d’alors, Bernard Tapie. Et les chantiers furent au tapis… La question est y-a-t-il « une » ou des «CGT » ?
Alcool, plus chaleur, plus supporters égal…
Il ne fallait pas être grand clerc, ce samedi, en fin de matinée, pour imaginer les heures qui allaient suivre autour du Vieux Port. Ici et là des restants de la « fête » de la veille, mais aussi plusieurs camions déchargeant leurs fûts de bière pour la clientèle à venir. Pendant la guerre, les affaires continuent on connait la formule. Certes, quelques saynètes pouvaient rassurer. Sous l’ombrière un Russe et un Anglais s’affrontaient sur une mini-table de ping-pong. Sur les terrasses des tables bondées où on parlait le japonais, l’allemand, l’espagnol, l’anglais ou le russe devant un brunch. Sur les quais des passants paisibles faisant le plein de produits réputés, un peu rapidement, locaux… bref un monde apaisé sous un soleil de plomb. [pullquote]Mais il y avait aussi, et il n’était pas midi, des individus titubant, d’autres KO debout[/pullquote] Mais il y avait aussi, et il n’était pas midi, des individus titubant, d’autres KO debout sous l’effet des rayons et de l’alcool, des chants et des regroupements qui laissaient entendre que le pire allait venir. Alors interdire le soir des matches, près des fans zones, l’accès à la mer pour éviter hydrocutions et autres désagréments, c’est bien. Mais peut-être que la vente massive de l’alcool à des supporters réputés irascibles ne s’impose pas. Les sociologues et autres grands chercheurs qu’on a entendu sur BFM TV, notamment sur des images du Vieux-Port à feu et à sang, devraient ajouter cette donnée à leurs supputations lointaines. L’heure de l’apEuro n’est pas bonne pour la paix civile.
Le petit village gaulois se fait entendre
Marc-Etienne Lansade, n’a pas la chance de Stéphane Ravier. Les deux sont maires, mais l’un à Cogolin, dans l’opulent golfe de Saint Tropez et l’autre dans un des secteurs déshérités de Marseille. Où croyez-vous que la résistance s’est organisée ? A Cogolin, où un ancien candidat à la mairie, Francis José-Maria, anime une association, Place Publique, à partir de laquelle il canarde Lansade, sa politique budgétivore, ses atteintes à la culture, ses opérations immobilières et accessoirement sa tendance lourde à consacrer plus de nuits aux boîtes à la mode de Saint Tropez, qu’à sa cité. Pendant ce temps-là, Ravier peut faire sa cuisine à l’abri des curieux, dans les quartiers qu’il gère à Marseille, son opposition, composée pourtant de parlementaires, restant d’une discrétion remarquable. Il est vrai que Lansade avait du mal à situer Cogolin sur une carte, avant les dernières élections municipales, alors que Ravier connaissait très bien le terrain sur lequel il allait prospérer. On dit que la préoccupation de certains élus de gauche de son secteur est d’abord de sauver leurs intérêts personnels. A ne pas dire en place publique. La résistance attendra.
La poubelle pour aller danser
De plus en plus de reportages consacrés à Marseille ont recours à des vues aériennes pour raconter la ville. Il est vrai, qu’au sol, le paysage n’est pas tout à fait le même. A quoi reconnaît-on par exemple qu’on est bien dans la ville si chère à M. Gaudin ? A ses conteneurs d’ordures ménagères, grand ouverts. L’avantage, c’est que l’on peut ainsi vérifier que le ramassage a bien été fait. L’inconvénient avec les températures qui grimpent, c’est que, très tôt dans la journée, les odeurs investissent les rues, que les Roms éventrent par ailleurs les sacs que ces couillons de contribuables ont acheté par souci d’hygiène, et que les rats toujours un peu équilibristes, peuvent se glisser dans ces garde-mangers à ciel ouvert. Lorsque, par hasard, on suit, le soir, une tournée de ramassage et la vitesse à laquelle les employés accomplissent leur tâche, on comprend pourquoi ce geste simple qui consiste à rabattre le couvercle ralentit leur course. Et le temps c’est de l’argent, même à Marseille.
France 2 et les trois maires
[pullquote]On aura compris que Gaston Defferre n’avait désigné aucun successeur et que c’est itou pour Jean-Claude Gaudin[/pullquote] Il était une fois trois maires. Gaston Defferre, Robert P. Vigouroux et Jean-Claude Gaudin. Le premier et le troisième se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Le deuxième n’a accompli qu’un mandat et demi. Nos confrères de France 2, ont revisité l’Histoire de la ville pour nous expliquer pourquoi, ici c’est pas comme ailleurs. On aura compris que Gaston Defferre n’avait désigné aucun successeur et que c’est itou pour Jean-Claude Gaudin. Il n’avait ni l’un ni l’autre de véritables familles, et donc pas d’héritier. L’héritage c’est finalement, à suivre cette enquête, une certaine manière de gouverner, en flattant les uns, écartant les autres, en caressant surtout dans le sens du poil, ceux qui, plus tard, vous seront redevables. Et surtout n’allez pas parler de clientélisme. Marseille a toujours eu de grands maires qui étaient au-dessus des petits calculs. Pourquoi en douter, puisque c’est eux qui le disent. («Dimanche 13h15 » du 5 juin, Marseille, univers impitoyable de Jérôme Levy, Joseph Haley, Frédéric Miara et Fanny Martino, disponible en replay)
Les aveux tardifs de Judas
Toujours dans ce même long reportage, une petite phrase de Michel Pezet. Bien que taxé à l’époque de « parricide» par Le Provençal, il tenta, on s’en souvient, d’obtenir le vote du groupe socialiste et apparentés du conseil municipal, pour succéder, en 1986, à Gaston Defferre disparu brutalement. Or, ce fut Robert P. Vigouroux qui l’emporta. Solférino avait alors rappelé, croyait Pezet, que seuls les socialistes pouvaient voter, ce qui le privait, des apparentés, notamment les radicaux de gauche. L’avocat avoue, aujourd’hui, qu’il n’avait pas eu la prudence d’appeler lui-même les instances nationales. Il affirme que celui qui le fit à sa place avait menti alors, à propos de la composition requise pour cette consultation à huis clos. Le Judas le lui a avoué il y a quatre ans, soit un quart de siècle après les faits. Pezet n’a pas donné son nom. Dans 25 ans peut-être.
La vitesse supérieure de Maryse
Dans une de ses rêveries, il y a quelques années, Maryse Joissains expliquait qu’elle ne comprenait pas qu’on n’ait pas eu l’audace, comme au Japon, de construire une ligne, filant tout au long de l’autoroute entre Marseille et Aix. Une sorte de Val (Entre Orly et Antony) mais aérien. Lorsqu’on apprend qu’on va enfin doubler une autre partie de la ligne ferroviaire, ralliant les deux villes universitaires, mais que l’on n’atteindra pas pour autant sur deux voies la cité du Roi René, il y a de quoi désespérer. La pollution automobile a encore de beaux jours devant elle.