The Shape of a broken heart, The Wrong Kind of War, sans compter la bande originale du film Sous les Jupes des Filles, sont quelqu’uns des albums qui ont hissé la chanteuse et compositrice Imany au rang des artistes les plus emblématiques de la scène folk soul internationale. Invitée d’honneur de la 23e édition du festival international Music & Cinéma de Marseille nous avons rencontré, la belle ensorceleuse à la voix grave et unique lors de son passage jeudi 7 avril 2022 à Marseille. Artiste engagée, belle âme, elle a accepté de répondre à nos questions avec beaucoup de simplicité et de sincérité. Elle nous parle de ses racines, de ses influences et de ses engagements.
Pourquoi avoir accepté l’invitation du Festival Music & Cinéma à Marseille ?
Imany : J’aime bien participer à des festivals, ce n’est pas la première fois. Cela me permet de faire de nouvelles connaissances avec des gens que je n’aurais pas forcément rencontrés. Et puis, je suis dans une période de break avec mes tournées. J’ai donc accepté.
D’autant que vous êtes née pas très loin, à Martigues ?
Imany : Je suis née à Martigues, mais je suis plus Istréenne où je suis restée jusqu’à l’âge de 17 ans, après j’ai été mannequin et je suis partie. Mon père était dans l’armée de l’air, nous résidions sur la base d’Istres. Étant militaire, chaque fois qu’il était affecté ailleurs nous déménagions. Cela m’a permis de beaucoup voyager. Du coup, je n’ai pas véritablement de sentiment d’appartenance. Je suis une fille du monde ! (sourires) dans mon cas ce n’est pas une posture, je l’ai vécu de fait.
Avez-vous gardé malgré tout des attaches dans le Sud ?
Imany : Oui, à Marseille avec les membres de ma famille comme avec ma tante. Je suis d’origine comorienne. Comme vous le savez, il y a une importante communauté de Comoriens à Marseille, souvent ils y restent jusqu’à la retraite, après ils retournent dans leur pays.
Justement à propos de racines, dans votre nouvel album Voodoo Cello, vous interprétez Wild World de Cat Stevens en comorien, est-ce un hommage à vos origines ?
Imany : Cette chanson a une histoire incroyable. Au départ, je voulais faire un album de reprises (Voodoo Cello) de chansons que j’aimais beaucoup dans ma jeunesse, Wild World en faisait partie. Un jour, je chante cette chanson devant ma mère, elle me dit : “Pourquoi tu ne la chantes pas en comorien, c’est une chanson comorienne“. En fait c’était une adaptation comorienne qu’elle écoutait à la radio dans les années. De là, j’ai eu l’idée de faire une reprise en comorien. C’est important de rendre hommage à ses ancêtres, non ?
Pour en revenir à la musique de film, est-ce qu’il y a un film qui vous a donné envie de composer plus tard pour le cinéma ?
Imany : Il y en a plein ! Mais je me souviens d’un jour où mon père, qui adorait les westerns, nous a autorisés à voir Le Bon, la brute et le truand de Sergio Leone c’était exceptionnel car nous étions en général interdits de télévision le soir – et là, j’ai été subjuguée par la musique d’Ennio Moricone !
Pourquoi pas la photographie que j’aime beaucoup ou le cinéma, j’ai commencé à écrire…
Imany
Vous êtes très investie dans la lutte pour la condition des femmes, les causes humanitaires comme en témoigne les textes de vos chansons, l’écologie également. A cet égard, la reprise de la chanson d’Henri Salvador Le voleur de l’eau (album Voodoo Cello), n’est pas anodine ?
Imany : J’ai toujours été révoltée par les injustices. En ce qui concerne les femmes c’est une cause évidente, quand on est soi-même une femme. On parle de ce qu’on connaît le mieux, non ? Pour la chanson d’Henri Salvador, peu connue d’ailleurs, c’est différent, elle va au-delà de l’écologie, elle dénonce la pauvreté, le colonialisme aussi … Je pense que c’est le rôle des artistes d’éduquer les esprits à travers leurs textes. Prenez l’exemple de “Blowin in the wind” de Bob Dylan, dont on fredonne la mélodie à l’origine c’était une chanson de protestation pour les droits civiques.
Vous avez investi très tôt l’univers du sport, puis celui du mannequinat, ensuite la musique, est-ce qu’il y a un nouveau territoire que vous aimeriez explorer voire conquérir aujourd’hui ?
Imany : Mon fils me dit toujours tu as un cerveau plus grand qu’un ordinateur ! (sourires). Pourquoi pas la photographie que j’aime beaucoup ou le cinéma, j’ai commencé à écrire…
Tandis qu’Imany est déjà repartie sur les routes pour une tournée française et européenne (à noter qu’elle sera le 23 avril à Sainte-Maxime), le Festival Music & Cinéma, se poursuit jusqu’à demain soir samedi 9 avril pour nous annoncer un résultat, celui des lauréats de la Meilleure Musique de Film !
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