Mobilisation générale pour faire face à la vague de covid-19. Le secteur médical mène le combat et si l’on a beaucoup parlé de l’hospitalisation publique, première sollicitée, le secteur privé est sur le pont et coopère au service de santé.
Pour Gomet’, Jean-Louis Maurizi, président directeur général du Centre de rééducation Paul Cézanne à Mimet, président de la Fédération des cliniques et hôpitaux privés de France Sud Est (FHP), président de la commission sociale de la FHP et vice-président du Medef Sud, dresse l’état de la situation au 1er avril sur le département et la région.
Il y a plus d’une semaine, la FHP lançait un appel à une plus grande utilisation des cliniques privées. Dans notre région, aujourd’hui qu’en est-il ?
Jean-Louis Maurizi : Ici, traditionnellement, dans la région, nous avons une bonne entente avec l’hospitalisation publique, nous nous connaissons bien. Mais nous sommes dans des circonstances que personnes ne pouvait imaginer. Dans les crises que nous avons connues, par exemple lors des attentats terroristes, le secteur hospitalier public avait la capacité à faire face. Nous n’avions pas ce problème, cette culture de collaboration. Mais, plus on entre dans la crise, plus la solidarité se met en palace. Aujourd’hui par exemple les cliniques Juge et Chantecler ont fourni un respirateur et du matériel à l’AP-HM.
Quelle est la contribution de votre secteur, celui des cliniques privées, à la mise en place des lits de réanimation équipés Covid ?
Jean-Louis Maurizi : Nous travaillons, main dans la main, pour avoir 1 000 lits en Provence Alpes Côte d’azur tous secteurs confondus. Nous en avions 430, nous en avons à ce jour 990. Dans les Bouches-du-Rhône, 400 lits publics et privés vont être armés et nous allons vers 500 lits. La contribution du privé est de 70 à 80 lits. Neuf établissements privés en Paca comme La Clinique de Marignane, la Casamance, l’Hôpital privé de Provence, Clairval ont un service d’urgence et une réanimation. Ils ont transformé leurs unités de soins intensifs en unités de réanimation. De plus, leur activité chirurgicale est totalement à l’arrêt et chaque bloc est équipé d’un respirateur. Par exemple, la Casamance a normalement 12 lits en réanimation et dispose aujourd’hui, avec ce dispositif de 30 lits. Cette réorganisation permet de doubler les capacités de réanimation du secteur privé.
Le confinement n’a pas encore donné ses résultats, il y a donc un risque de saturation dans les jours qui viennent.
Jean-Louis Maurizi (FHP
Nous avons déjà des patients en traitement à la clinique Bouchard ou à la clinique de Marignane. Avec cette mobilisation chaque patient peut être admis en réanimation, la région n’est pas saturée. L’engagement de notre personnel est total. Le confinement n’a pas encore donné ses résultats, il y a donc un risque de saturation dans les jours qui viennent.
Quelles sont vos priorités ?
Jean-Louis Maurizi : Avec l’ARS, nous anticipons et nous voulons alléger les services de réanimation en mobilisant nos établissements pour assurer les soins de suite respiratoire et neurologiques. Depuis mercredi, les établissements de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) doivent organiser des lits de repli pour les patients venant d’établissements de niveau 1. Les patients sont en réanimation pendant environ 20 jours, beaucoup sortent et sont transférés vers des centres de rééducation ou des cliniques de médecine. Nous organisons la troisième ligne pour tenir la vague. Dans mon établissement, le Centre de rééducation Paul Cézanne à Mimet, j’ai préparé 14 lits pour accueillir des patients covid.
Comment s’organise la coordination des acteurs ?
Jean-Louis Maurizi : Toutes les semaines, l’Agence régionale de santé organise une réunion de coordination de tous les services d’urgence et de réanimation. C’est le Pr Laurent Papazian, chef de service réanimation de l’Hôpital nord qui collecte tous les chiffres et qui transmet à l’Agence les disponibilités et les besoins, quel que soit le secteur. Il est chargé de la coordination des soins critiques et fait le point deux fois par jour. Une fois par semaine nous avons un “call” avec les présidents des Fédérations régionales FHF (Fédération hospitalière de France), FHP, Fédération de l’hospitalisation privée et la FEHAP (Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs.)
J’attends avec impatience les tests sanguins pour généraliser le dépistage.
Jean-Louis Maurizi (FHP)
Quels sont les problèmes qui vous préoccupent ?
Jean-Louis Maurizi : Il y a des tensions sur les produits d’anesthésie, il faut trouver les solutions pour y arriver, mais nous ne laisserons personne sur le bord de la route. Nous trouverons les moyens. Et j’attends avec impatience les tests sanguins pour généraliser le dépistage.
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