Le directeur général de l’Office de Tourisme d’Aix-en-Provence, Michel Fraisset, décrit la situation du secteur touristique aixois et envisage les conséquences de la crise sanitaire sur le tourisme de demain.
Comment résumez-vous la situation du secteur touristique à Aix-en-Provence ?
Michel Fraisset : L’activité est totalement à l’arrêt depuis le 16 mars et tous les congrès et séminaires sont reportés. Il en va de même pour des événements majeurs de la vie culturelle de la ville. Les hôtels sont fermés sauf pour ceux qui peuvent accueillir du personnel soignant ou des personnes sans domicile fixe, mais ces derniers représentent six établissements sur les 52 que compte Aix-en-Provence. Nous avons lancé une plateforme qui recense ses établissements encore ouverts. La situation est difficile. En temps normal, mars et avril sont des mois hautement touristiques, avec le Festival de Pâques, qui est annulé, ou encore les Rencontres du 9e art Bande dessinée et arts associés, dont certains événements seront reprogrammés. De plus, le printemps apporte en général les premiers clients internationaux, notamment les Italiens. L’Office de Tourisme d’Aix-en-Provence ne s’est pas encore concertée avec les autres acteurs du secteur pour définir le montant précis des pertes, mais on peut estimer notre perte en tant qu’office de tourisme à environ 650 000 € pour mars-avril par comparaison aux années précédentes, et à 500 000 € de plus si la situation est la même fin mai. Notre statut d’Etablissement Public à Caractère Industriel et Commercial implique la part de subvention dans notre budget est minime. Nous serons donc directement impactés par la forte diminution de la taxe de séjour qui nous est reversée, et de nos recettes commerciales, qui constituent plus de 60% de notre budget.
Quelle réponse apportez-vous à la crise ?
Il s’agira de toucher une clientèle nationale, locale et régionale plutôt qu’internationale.
Michel Fraisset
M. F. : Du côté de l’office de tourisme, nous avons instauré le télétravail dès le début de la crise, quand c’était possible. Pour les salariés qui ne pouvaient pas, il a été décidé de maintenir les salaires, afin de limiter au maximum l’impact de la crise sur l’économie. Du reste, nous travaillons tous ensemble avec nos partenaires, notamment les offices de tourisme de Marseille et Arles, ou encore le CRT et Provence Tourisme, pour imaginer une solution de relance dès la sortie de crise. Nous jouons à fond la carte du partenariat, et nous opérons un point de situation chaque semaine afin d’imaginer des campagnes de communication créatives, par exemple l’opération #fenêtresuraix. Il s’agira de toucher une clientèle nationale, locale et régionale plutôt qu’internationale. Pour ce qui est d’Aix-en-Provence, notre mantra sera de faire découvrir aux touristes Français comme s’ils étaient Aixois, et aux Aixois de découvrir leur ville comme un touriste. Aix est une destination qui suscite d’ores et déjà beaucoup d’intérêt auprès de nos clients, et beaucoup de tours-opérateurs nous ont fait des offres pour 2021. Mais cela ne suffira pas pour redresser l’économie du secteur, il va y avoir des dégâts parmi les petits commerçants, restaurants ou enseignes. D’où l’importance de la solidarité, afin que chacun d’entre nous en tant que consommateur local viennent en aide à ceux qui en ont besoin et les faire travailler en priorité.
Comment continuer de faire vivre le secteur touristique en cette période de confinement ?
Nous faisons tout pour garder le lien à la fois avec les professionnels du secteur, et avec le public. Plusieurs musées aixois proposent une alternative numérique à leurs expositions.
Michel Fraisset
M. F. : Nous faisons tout pour garder le lien à la fois avec les professionnels du secteur, et avec le public. Plusieurs musées aixois proposent une alternative numérique à leurs expositions. Même si une expérience virtuelle ne remplacera jamais celle qu’on peut avoir devant une œuvre d’art, cela permet d’envoyer un message positif : les structures trouvent d’autres schémas et restent présentes sur le terrain. Elles innovent en termes de technologie pour faire en sorte que, derrière nos ordinateurs, dans nos espaces de confinement, nous puissions avoir une bouffée d’oxygène. Pour l’heure, nous avons des retours très positifs, avec un nombre de plus en plus important de visiteurs sur les sites concernés. Les très nombreux téléchargements des ateliers numériques proposés dans le cadre du festival de la bande dessinée montre un engouement certain de la population pour ces formats. Pour nous, c’est important de savoir que malgré la crise qui s’est installée, il y a toujours des demandeurs de ce type de propositions. En outre, nous travaillons en lien avec la CCI d’Aix-Marseille Provence pour tenir à jour une liste des commerces encore ouverts.
Quelles seront, selon vous, les conséquences de la crise sur le tourisme de demain?
M. F. : Je pense qu’il y aura des leçons à tirer de la pandémie et de la façon dont on découvre aujourd’hui certaines destinations, en prenant l’avion comme on prend la voiture. Il y aura un après-épidémie pour repenser un mode plus éthique et responsable du tourisme dans la région.
Le tourisme à Aix-en-Provence en chiffres :
> 1,4 million de touristes par an
> 2544 chambres d’hôtels, 1062 chambres en résidence de tourisme et 290 places de camping
> Un chiffre d’affaires du secteur de 233 558 000 €
> Un chiffre d’affaires de 6,2 millions d’euros pour l’office de tourisme en 2018
> Environ 3500 emplois
Lien utile :
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