Pour commencer, quel bilan tirez-vous de l’année écoulée ?
Jean-Yves Saussol : En 2018, j’avais fait le vœu que l’année soit placée sous le signe de l’action et de la transformation. Force est de constater que ce vœu a été exaucé. L’année passée a confirmé le dynamisme retrouvé de notre port industriel. Quelques 80 superyachts ont été accueillis en 2018, avec une accélération en fin d’année montrant que la parenthèse « Enim » est désormais refermée. De même, 10 mégayachts ont été accueillis dans notre grande forme, renouant avec des taux de remplissage qui n’avaient plus été atteints depuis des décennies, et notre grand portique a enregistré un record de 10 manutentions de yachts. Au final, nous sommes parvenus malgré l’épisode Enim à maintenir un chiffres d’affaires d’environ 120 millions d’euros à peu près équivalent à l’année précédente.
En juin dernier, la Métropole a officiellement approuvé le lancement de votre projet de village d’entreprises. Où en sont les travaux ?
J-Y. S : Je remercie Martine Vassal qui a toujours soutenu les chantiers navals tout d’abord au Département et maintenant à la Métropole. Dans le cadre d’un avenant à notre convention de délégation de service public, le Département a approuvé notre nouveau schéma stratégique de développement qui acte 100 Millions d’investissements sur les 5 prochaines années. Parmi les projets emblématiques, il y a effectivement notre agrandissement avec le village d’entreprises qui prévoit la réalisation de 12 000 m2 de nouveaux locaux. On a créé une filiale dénommée LCS yachting Village spécialement pour ce projet et par son biais, nous avons conclu une nouvelle convention de délégation de service public de 30 ans avec la Métropole Aix-Marseille-Provence pour la réalisation de notre village yachting. Les travaux commencent en ce moment même avec la démolition de l’ancienne école de soudure. Elle va permettre de créer plus de 2 000 m2 d’ateliers pour accueillir de nouveaux industriels ou permettre l’extension d’entreprises déjà chez nous. Nous allons lancé très prochainement les procédures d’attributions pour une quinzaine de lots. On devrait connaître les premiers noms en mars prochain. Sur les deux premières tranches que nous lançons aujourd’hui, on va proposer au total 6 000 mètres carrés de locaux.
Quels types d’entreprises souhaitez-vous voir s’installer dans ces nouveaux locaux ?
J-Y. S : La priorité est de compléter notre portefeuille d’activités. Ainsi, nous avons besoin par exemple de spécialistes de l’aménagement intérieur, de la motorisation ou encore de structures des bateaux. Parmi les critères de sélection, l’expertise technique et la renommée de l’entreprise dans le secteur du yachting sont évidemment l’un des points clés. Nous exigeons aussi une solide assise financière et un maximum de création d’emplois sur le site. Enfin, on souhaite que tous nos partenaires travaillent en bonne intelligence. Ainsi, les bonnes relations avec les sociétés déjà présentes sur le site sont un plus indéniables. La bonne mayonnaise, ce serait un grand groupe international qui nouerait un partenariat avec une entreprise de La Ciotat pour développer une nouvelle activité.
Comment financez-vous ce projet ?
J-Y. S : Le montant total des investissements est estimé à 15,7 millions d’euros entièrement supporté par la société LCS Yachting Village. Nous avons bouclé le plan de financement des tranches 1 et 2 des travaux avec la souscription d’un emprunt de 8 millions d’euros et la Ville de La Ciotat a validé en conseil municipal du 17 décembre dernier une garantie d’emprunt à hauteur de 4 millions. Cette ligne de crédit sera mobilisée entre cette année et l’année prochaine. Un second emprunt de 4,5 millions d’euros sera réalisé pour les tranches 3 et 4 d’ici 2023. Le reste est financé en fonds propre par La Ciotat Shipyards.
En septembre, vous avez également désigné le groupe MB92 comme attributaire de la future plateforme 4 000 tonnes. Quand espérez-vous la mettre en service ?
J-Y. S : On va déposer le dossier d’autorisation environnementale en février et on espère avoir une réponse favorable en fin d’année. On pourra alors lancer les marchés publics pour choisir les entreprises qui réaliseront les travaux. Ensuite, à elles de nous donner les meilleurs délais. De notre côté, nous estimons que le chantier devrait durer environ deux ans donc on ne la verra pas avant 2022.
Monaco Marine qui était candidat pour l’exploitation de cette plateforme a finalement jeté l’éponge et a préféré se concentrer sur Marseille avec le projet de plateforme 6 000 tonnes sur le bassin Mirabeau. Peut-il faire de l’ombre à La Ciotat ?
J-Y. S : Il ne faut pas se raconter d’histoire. Evidemment, les deux opérateurs seront en concurrence. Deux cas de figures sont possibles. Soit la demande est supérieure à l’offre et une coopération est alors possible. Soit, elle est inférieure et les deux entreprises devront alors livrer bataille. Cette deuxième option semble plus probable sur un marché mondial de 120 à 140 bateaux et les 14 places qui seront proposées en tout sur Marseille et La Ciotat.
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