Le 16 mai, le ministre de la Transition écologique a autorisé le groupe pétrolier à exploiter la future bio-raffinerie de La Mède, un projet largement contesté par les ONG comme Greenpeace qui lui reproche une utilisation massive d’huile de palme importée. Quinze jours plus tard, Nicolas Hulot s’est expliqué sur Europe 1 en avouant avoir pris cette décision un peu contraint : « Ce n’est pas de gaîté de cœur que j’ai autorisé la raffinerie à ouvrir », a-t-il affirmé. Nicolas Hulot explique qu’il a hérité « d’un deal passé entre Total et l’ancien gouvernement […] J’ai découvert la proportion importante d’huile de palme en récupérant le dossier. J’ai alors dis à Total : Non, on ne joue plus. Ils me répondent qu’il y a déjà un accord signé. Ma seule marge de manœuvre est alors de leur demander de réduire cette proportion. J’ai eu une longue discussion avec M. Pouyanné (le P-dg de Total, NDLR) et nous sommes parvenus à 300 000 tonnes d’huile de palme par an », soit moins de 50 % des volumes traités sur le site.
L’Europe a voté en début d’année la suppression de l’huile de palme dans les biocarburants en 2021 et Nicolas Hulot réaffirme sa volonté de suivre le mouvement : « A terme, je veux définitivement sortir des agrocarburants à base d’huile de palme, surtout celle qui est faite sur le dos de la biodiversité et de la déforestation », insiste-t-il. Il garde espoir sur la capacité de Total à réussir sa transition énergétique : « Cette raffinerie pollue beaucoup moins mais ce n’est pas parfait. On va les emmener vers une démarche encore plus exigeante », annonce-t-il. En attendant le démarrage annoncé dans les prochains jours de la nouvelle usine, continue de provoquer la colère de nombreuses associations.
Un recours et le blocage de la raffinerie
La directrice de la fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), Christiane Lambert, a annoncé jeudi 31 mai un blocage des raffineries françaises à partir du 10 juin pour protester contre la réouverture du site de la Mède qui viendrait concurrencer les producteurs d’huile de colza utilisée pour la fabrication du biodiesel. De leur côté, les Amis de la Terre ont décidé lundi 4 mai de contester l’arrêté autorisant l’exploitation. Un recours, en cours de finalisation, doit être déposé cette semaine devant le tribunal administratif de Marseille. Selon l’ONG, l’arrêté préfectoral, pris le 16 mai, devait comporter un plan détaillé d’approvisionnement en matières premières de la raffinerie pour les deux prochaines années, en vertu d’une loi de 2014.
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