À l’occasion de l’entrée au Panthéon de Robert Badinter, ce mercredi 9 octobre, le Mucem sort de ses réserves une véritable guillotine et rend hommage à l’homme et à son combat pour l’abolition de la peine capitale.
« Quand je l’ai vue dans la cour de la Santé, avec ses grands bras maigres, dressée vers ce dais, elle avait l’air d’une espèce d’idole, sanglante, qui attendait sa ration de mort. Maintenant, c’est une pièce de musée.Tout est dit. » Ainsi s’exprimait Robert Badinter, en 2010 sur France Inter, à l’occasion de l’exposition Crime et châtiment qui se tenait au musée d’Orsay et dans laquelle la guillotine était montrée pour la première fois au public.
Un délai de 20 ans avant toute exposition
Construit par Alphonse-Léon Berger en 1872, cet exemplaire était celui de la prison de la Santé, en remplacement de celui brûlé lors de la Commune de Paris en 1870. En 1982, il fut affecté au musée national des Arts et traditions populaires, l’ancêtre du Mucem, par le ministère de la Justice sur proposition du garde des Sceaux, Robert Badinter. Un an après la promulgation de l’abolition de la peine de mort.
Mais lors de son transfert dans les collections nationales, et en raison de la passion qu’avait soulevé le débat sur la peine de mort, il avait été demandé aux conservateurs de le faire avec discrétion et il était même précisé que la guillotine ne pouvait être exposée publiquement avant l’an 2000. Ce qui a été respecté !
A Marseille, la dernière exécution capitale
Aujourd’hui, la guillotine, qui doit son nom à celui qui a fait adopter son utilisation – Joseph-Ignace Guillotin – et non à son inventeur – Antoine Louis -, prend place dans l’exposition permanente Populaire ? Les trésors des collections du Mucem. Devenu l’outil officiel des exécutions en France, il ne faut pas oublier qu’elle a fonctionné de manière intensive notamment lors de l’après-Révolution de 1789 et de la Terreur, entre 1792 et 1794, ce qui lui valut plusieurs surnoms comme la « Rasoir national », la « Veuve », la « Raccourcisseuse patriotique » puis, au XXe siècle « la Bécane » … Elle n’est pas un artefact comme les autres, ni un objet de curiosité macabre mais le témoin d’un passé sanglant, également d’un large pan de l’histoire de la justice française et du combat qui marqua un tournant historique pour la société.
C’est à Marseille qu’eût lieu la dernière exécution capitale : celle d’Hamida Djandoubi, le 10 septembre 1977, à 4h40 du matin, dans la cour de la prison des Baumettes.
A Savoir
> L’accès à l’exposition Populaire ? Les trésors des collections du Mucem est gratuit pour tous les visiteurs ce 9 octobre 2025. A noter que lundi 13 octobre, une soirée spéciale dédiée à Robert Badinter et à ses combats politiques est programmée au Mucem, en présence d’intellectuels et d’artistes.