Le député sortant Les Républicains, Christian Kert, perd son siège de député de peu. Avec 49,05% des suffrages il est battu par Mohamed Laqhila, MoDem-LREM (50,95%). Seulement 590 voix séparent les deux candidats dans la 11e circonscription des Bouches-du-Rhône.
Ils y ont cru. A la permanence du député sortant Christian Kert aux Milles, les militants font foule et décomptent progressivement les voix des bureaux de vote de la circonscription. Romain Amaro, conseiller municipal des Pennes-Mirabeau se félicite : « Christian Kert a fait 57% dans mon village alors que le maire Michel Amiel est un soutien du candidat LREM. Septèmes-les-Vallons a aussi 5% d’avance pour le moment. C’est Aix qui fera la balance, alors que d’habitude, c’est l’inverse. »
Autre satisfaction : « Nous n’avons pas pu faire plus de travail, nous avons cherché la moindre voix. Si nous perdons, il faut que le parti apprenne de ses erreurs et construise sur ses ruines ». « Il faut même refaire les fondations », le corrige, tout sourire, Jean-Claude Cabras, conseiller municipal de Septèmes-les-Vallons. «Nous ne voulons plus de primaires, reprend Romain Amaro. Un an de campagne, c’est trop long. » Sur les 89 bureaux de vote de la circonscription, les 46 bureaux aixois ont en effet tranché : 590 voix séparent les deux candidats, au coude à coude jusqu’au dernier moment. Mohamed Laqhila a gagné.
« C’est une défaite honorable, mais c’est une défaite quand même »
Les mines sont déconfites, les larmes des militants coulent, surtout sur le visage des plus jeunes. « On s’est énormément investis dans cette campagne, explique Claudia Palumbo, 21 ans, étudiante en droit. Depuis janvier, tous les jours, de 9h à 17h, on sillonne les rues, on tracte, on discute, on rencontre les électeurs sur le terrain. Je suis dégoutée. » Jean-Marc Perrin, maire adjoint de la Duranne, a lui aussi des sanglots dans la voix lorsqu’il annonce les résultats. « On pouvait la gagner cette putain d’élection ! »
« C’est une défaite honorable, mais c’est une défaite quand même, affirme Christian Kert devant ses militants. On n’a jamais mené une campagne aussi déterminée, on n’a jamais eu de tels moyens humains. Les Républicains aixois nous ont abandonné. » La suite, il l’imagine à la rentrée, avec ses militants, autour d’un apéro, après des vacances méritées. « Par la force des choses, j’aurai désormais plus de temps disponible. Nous devons repartir au combat pour convaincre. Nous devons tenir le lien et veiller à être des agitateurs d’idées. On ne doit pas perdre cet élan. » Evoquant les 61,22% d’abstention, le député sortant remet en cause la légitimité de son adversaire : « Elle est infinitésimale. Ce chiffre, c’est un record historique. »
« Ce n’est pas une victoire. 61,22% d’abstention ! »
Quelques kilomètres plus loin, c’est aux Jardins de l’Arbois à Plan-de-Campagne que les soutiens du nouveau député LREM l’attendent. Sa suppléante Marion Padellini n’a pas encore débouché le champagne mais affiche sa satisfaction : « C’est là que tout commence. Emploi, sécurité, transports : il va falloir travailler. C’était une campagne difficile, les gens en avaient clairement marre, ça s’est vu cette semaine. »
Ici, des anciens candidats comme Souad Hammal, progressiste et Dorian Hispa, PS-EELV, ont rejoint le camp des marcheurs. « Mohamed Laqhila est compétent, intègre, attentif, assure Dorian Hispa. En tant qu’ancien membre d’Europe Ecologie-Les Verts, il est le mieux placé pour porter les valeurs écologiques. » Ses trois fils de 26, 24 et 7 ans sont venus le féliciter, ainsi que sa sœur, son frère et sa petite-fille de 9 mois. « Il n’y a pas plus fier que moi ! s’exclame son aîné Yannis. Il a toujours été très actif sans être député, mais il n’oublie pas sa famille. »
« Ce n’est pas une victoire. 61,22% d’abstention ! » Bernard Fiocchi, le directeur de campagne soupçonne un accord entre Les Républicains et le Front national : « Aux Pennes-Mirabeau, dans le bureau 8, par exemple : au 1er tour, Kert faisait 35 voix, Laqhila 106 et Fusone 108. Au deuxième, Kert fait 175, Laqhila 110. La totalité des électeurs des Républicains s’est reportée sur Christian Kert, ce n’est pas un hasard. »
« Je serai un député à plein temps »
Vers 21h30, des applaudissements, Mohamed Laqhila arrive et embrasse chacun des soutiens présents. Il fait le point sur ces dernières semaines et sur son élection. « C’était un combat difficile. A cause de l’abstention, la victoire n’est pas très amplifiée. Une des causes, c’est la France Insoumise, qui ne s’est pas mobilisée au 2e tour. J’ai eu beaucoup de mal avec les militants sur le terrain. Vent debout contre le nouveau président de la République, ils ne sont pas ouverts au dialogue et je l’ai payé dans de nombreux bureaux de vote. »
Dès demain lundi, Mohamed Laqhila prend le train pour Paris. « Je serai un député à plein temps, assure celui qui a été récemment nommé à la tête de la Fédération des experts comptables et commissaires aux comptes de France. Je vais découvrir ce que c’est, de siéger à l’Assemblée nationale mais j’apprends vite. » Son cheval de bataille, avant toute augmentation des impôts, c’est la réduction de la dépense publique. « Je me bats pour ce que je connais le mieux, le budget et la finance. Je suis pour l’abandon de la réserve parlementaire, il faut bannir le clientélisme à tous les étages. Je ne suis pas un macroniste béat, je ne serai pas un député godillot. »
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