Pourquoi êtes-vous candidate à la présidence de la CCI du Pays d’Arles ?
Heïdi Salazar : Je suis candidate parce que c’est un moyen de faire bouger les lignes du monde économique et de replacer l’entreprise au coeur du jeu, puisque c’est la chambre de commerce, d’industrie et de services. Nous sommes en 2016, le monde change, il y a une modernisation du fonctionnement à réaliser afin qu’elle soit davantage représentative du monde de l’entreprise d’aujourd’hui. Par du dynamisme et du pragmatisme on peut arriver à moderniser cette CCI et la rendre plus accessible. Nous avons le devoir de combler le fossé qui existe entre cette institution et les entrepreneurs. Je veux faire une chambre de proximité.
Quel est votre programme économique pour le Pays d’Arles ? Quelles sont vos propositions ?
Heïdi Salazar : On ne parle de parle pas de programme, parce que c’est très politique. On parle dans l’équipe « 13 engagés Pays d’Arles » de projet, de projet d’avenir. Il sera dévoilé à la fin du mois de septembre. On peut donner quelques pistes. Dans le pays d’Arles, le projet phare, c’est le redéploiement du MIN de Châteaurenard qui sera demain un petit Rungis. Il fera au total 66% du Rungis actuel. On aura un MIN déployé sur 150 hectares. On doit tout mettre en oeuvre pour pousser ce projet qui est en bonne voie. Les travaux doivent débuter au premier semestre 2017. Dans ce dossier il y une contrainte sur le PPRI (plan de prévention des risques inondations) et on a besoin que l’Etat bouge pour faire accélérer l’évolution du PPRI. Ça c’est indispensable et c’est à partir de cette décision que le MIN atteindra sa réelle dimension avec un rayonnement national et international. [pullquote]Luma : la CCI devra appuyer, accompagner la Fondation , capitaliser sur son rayonnement[/pullquote]Le deuxième projet phare c’est la Fondation Luma. Elle portera sur trois domaines forts : l’environnement, l’art contemporain et les droits de l’Homme. C’est une chance inouïe pour le Pays d’Arles d’avoir un mécène privé d’une telle ampleur. La CCI devra appuyer, accompagner la Fondation, capitaliser sur son rayonnement : aménagement des annexes de la Fondation, travail à mener avec les hôteliers et restaurateurs pour bien répondre à la clientèle de cette fondation qui est une nouvelle clientèle pour le pays d’Arles.
Comment séduire ces nouveaux visiteurs ?
Heïdi Salazar : Il va falloir offrir à cette clientèle nouvelle génération un service qui corresponde à ses attentes, notamment avec le digital. Et il y a une dimension environnementale qui est importante, qui est dans l’air du temps, et pour laquelle les professionnels du Pays d’Arles pourront compter sur la CCI pour les accompagner.
Au-delà des projets du territoire, comment comptez-vous faire évoluer la CCI du pays d’Arles en tant qu’institution ?
Heïdi Salazar. L’acte 1 du projet c’est l’humain, le replacer au coeur du jeu, créer du lien, faire réseaux dans tous les sens du terme. Réunifier le pays d’Arles, le rendre fort et le faire rayonner, et c’est très important créer des passerelles fertiles avec les territoires voisins qui sont le Vaucluse, le Gard et la Métropole Aix Marseille Provence.
Concernant justement la Métropole Aix Marseille Provence, souhaitez-vous que le pays d’Arles intègre son périmètre ?
[pullquote] Mon cheval de bataille c’est de remettre l’économie au coeur du pays d’Arles [/pullquote] H. S. Il n’est pas de mon ressort de souhaiter l’intégration dans la Métropole ou pas. Il est de mon ressort de faire rayonner économiquement un territoire. Ca c’est du devoir et de la responsabilité de la chambre de commerce et d’industrie, et c’est le sens de mon engagement. Le choix d’intégrer ou non la Métropole appartient aux élus politiques. Je pense que pour travailler dans de bonnes conditions, chacun doit rester à sa place et travailler en cohésion. Mon cheval de bataille c’est de remettre l’économie au coeur du pays d’Arles afin de rendre ce territoire attractif et rayonnant. Mais pour ma part, le rayonnement économique se fera avec la Métropole, avec le Vaucluse et avec le Gard. Et d’une manière plus générale avec la Région Paca, le niveau national et l’international. Donc on unifie le Pays d’Arles et on renforce l’utilité de la CCI PA, et on ne s’arrêtera pas aux portes de la métropole Aix Marseille.
On travaillera avec tous.
Sur quoi peut reposer selon vous le développement économique du pays d’Arles ?
Heïdi Salazar : Je pars du principe que le pays d’Arles de demain aura un lien avec le pays d’Arles d’hier. On partira de la romanité. Si Arles a été l’une des principales villes de la romanité en France, on pourra retrouver ce même rayonnement dans les années à venir. Ne serait-ce que sous Mistral, au 19ème siècle, il était là encore rayonnant et puissant. On va jouer collectif pour pouvoir retrouver cette force de frappe. Pourquoi ? Parce que l’on est accessible par la mer, par le fleuve, la route, via l’aérien avec les aéroports de Nîmes, de Marignane et d’Avignon. On a l’A7, l’A54 et l’A9 qui passent sur trois côtés du pays d’Arles. Oui, on reste un grand carrefour du sud de la France. C’est cet emplacement géographique exceptionnel et ce cadre, et des savoir-faire de référence qui nous permettra de rayonner.
Quels sont les secteurs d’activité qui pourront incarner cette force de frappe retrouvée ?
[pullquote]Je pense que l’on peut devenir des pionniers sur la partie environnementale couplée au numérique[/pullquote] Heïdi Salazar : La situation géographique est un atout majeur mais pas seulement. L’industrie du tourisme ne pourra que se renforcer dans les années à venir. Nous avons une dimension culturelle qui est internationale, avec les Rencontres internationales de la photographie et Luma notamment. Il faut capitaliser sur ses points forts. On a beaucoup d’autres points forts comme l’agro-alimentaire, la logistique, et des secteurs à fort potentiel comme l’industrie du numérique et l’environnement. Je pense que l’on peut devenir des pionniers sur la partie environnementale couplée au numérique. Nous détaillerons notre vision dans le projet. Il y a une prise de conscience collective d’intégrer la contrainte environnementale dans son comportement quotidien. Il y a du travail pédagogique à faire sur l’intégration de cette prise de conscience par le monde de l’entreprise et ce sera un cheval de bataille du projet CCI 2016-2021.
Qui est Heïdi Salazar ?
C’est la sensation de cette élection. Elue, contre toute attente, en avril dernier chef de file de l’Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône (UPE 13) pour l’élection à la CCI du Pays d’Arles, Heïdi Salazar est une jeune chef d’entreprise de 33 ans, issue d’une famille d’entrepreneurs installés dans le Pays d’Arles depuis quatre générations. Elle mène à la fois sa carrière professionnelle (courtier en assurance à Eygalières et à Mouriès, 4 salariés) et une vie de famille active puisqu’elle est mère de quatre enfants. Elle s’est engagée avec le désir de faire bouger les lignes et d’incarner le renouveau.
Demain la suite de notre entretien avec Heïdi Salazar :
« Je pense que c’est dans l’adversité que l’on excelle » (2/2)