La 12e Journée provençale de la santé humanitaire a réuni jeudi 23 novembre une centaine de personnes à la faculté de médecine de la Timone sur le thème : « Genre, sexualité, santé : sommes-nous tous égaux ? » Kévin Goldberg, directeur général de l’ONG Santé Sud qui organisait la journée, revient sur les enjeux du genre dans l’accès à la santé, sur le territoire comme ailleurs dans le monde.
Comment s’est déroulée vitre dernière journée organisée par Santé Sud sur le thème « Genre, sexualité, santé : sommes-nous tous égaux ? »
Kévin Goldberg : Très bien. Nous avons pu, à travers différents prismes, débattre des inégalités de genre. Les échanges étaient riches, basés sur des témoignages et des regards croisés. Médecins et spécialistes de la question ont partagé leur expérience en France, mais aussi à Madagascar et en Tunisie. Nous connaissons les inégalités les plus classiques, entre femmes et hommes et les conséquences négatives qu’elles engendrent mais nous avons abordé d’autres thématiques plus spécifiques.
Lesquelles ?
K. G. Celles relatives à l’accès aux droits des personnes homosexuelles ou transsexuelles dans des pays où l’homosexualité est punie ou très mal acceptée. Nous avons également fait un focus sur les mères célibataires au Maghreb, souvent ostracisées par la société, ainsi que sur l’accès au planning familial et à la contraception dans différents pays. Une représentante de Santé Sud à Madagascar racontait, par exemple, qu’un centre de soin avait choisi un jour dans la semaine pour traiter ce qui relève du planning familial : le mardi. Elle racontait qu’une fois la chose connue, les familles ne laissaient plus les femmes s’y rendre ce jour-là. Nous avons ainsi mené des réflexions poussées sur ces questions de planning familial, débattu des trucs et astuces pour rendre la contraception accessible à toutes.
Pourquoi ce choix de thématique ?
K. G. En douze ans, nous ne l’avions jamais traitée. C’est pourtant une problématique clé sur la carte des inégalités mondiales : 70% des pauvres dans le monde sont des femmes. En améliorant la condition féminine, on favorise le développement économique et social du pays. En France et dans le monde, on s’aperçoit qu’il s’agit d’une thématique actuelle, avec un fort enjeu social.
Qu’en est-il des inégalités de genre sur le territoire ?
K. G. Nous avons également mené des échanges riches sur le planning familial de Marseille. Il existe depuis de nombreuses années mais parvient-il à toucher toutes celles et ceux qui pourraient en avoir besoin ? En Paca, la situation est différente de celle des pays en développement, les droits de la femme sont reconnus par la loi. Mais sont-ils suffisamment respectés ? Ce sont les inégalités de fait qu’il faut combattre ici, on s’en rend compte avec les questions sur le harcèlement de rue par exemple. Au-delà de cela, la France est un pays où de nombreuses communautés différentes cohabitent. C’est une richesse, vectrice de développement dans les pays du sud, grâce aux répercussions des liens communautaires ou familiaux. Cette journée s’est ensuite clôturée par une table ronde dédiée à la recherche de solutions et de pistes d’actions pour lutter contre ces inégalités.
Que proposez-vous comme solutions ?
K. G. Cette journée provençale de la santé humanitaire qui a lieu chaque année est destinée à rendre visible l’action de Santé Sud, la plus grande ONG basée sur la région Paca. Depuis leur création, les ONG faisaient majoritairement de l’humanitaire d’urgence, de la gestion de crise : catastrophes naturelles, épidémies, guerres, etc. Santé Sud a souhaité se positionner dès le départ sur la durée et renforcer les fondamentaux des filières de soin dans les pays où elle intervient. Ainsi, nous avons mis au point des projets de formation et d’accompagnement au long cours. Notre but est d’aider les acteurs locaux de la santé à acquérir des compétences et d’accompagner les institutions et les acteurs de la santé dans les onze pays où nous intervenons : Maghreb, Mali, Madagascar, Bénin, Mongolie, Mauritanie, etc.
Vous êtes également directeur général du nouveau secteur Action internationale du Groupe SOS. Quel est son but ?
K. G. Le Groupe SOS, créé à Marseille et Paris il y a trente ans, est la première entreprise sociale française. Il regroupe 480 structures, emploie 15 000 salariés dans des métiers divers. À Marseille, nous gérons par exemple le centre d’hébergement et de réinsertion sociale de Saint-Louis, le centre d’accueil et de prise en charge d’adolescents poly-toxicomanes de La Corniche, les logements étudiants Arpej, l’association spécialisée dans l’insertion et la formation professionnelles menées sur des chantiers de restauration de monuments historiques Acta Vista, les appartements de coordination thérapeutique Act 13 ainsi que la plateforme de mobilité Wimoov à La Ciotat. L’ambition est de lutter contre les exclusions sous toutes leurs formes. Nous développons également des dispositifs favorisant l’accès à la culture pour le plus grand nombre et encourageons l’émergence d’un autre modèle agricole et écologique. Nous sommes présents dans 54 pays avec des activités liées à la santé, au volontariat, à l’éducation et à la formation. Nous y soutenons également les acteurs de l’entrepreneuriat social.