Sur internet ou dans les rues de la ville, des Marseillais continuent à se mobiliser pour soutenir les personnes délogées à la suite du drame de la rue d’Aubagne. Deux jours après que le seuil des 10 000 signatures pour la pétition en faveur d’une charte de relogement ait été dépassé – ce qui permet d’inscrire le sujet à l’ordre du jour au prochain conseil municipal – le Collectif du 5 novembre : Noailles en colère ainsi que l’ensemble de son réseau sympathisant sont ravis de pouvoir se retrouver et d’échanger. Certains ont déjà leurs pancartes au cou, d’autres n’hésitent pas à les fabriquer sur place, à l’aide d’un morceau de scotch ou de colle en spray.
Devant la préfecture, mardi 14 mai, ils sont plus d’une centaine à avoir répondu à l’appel au rassemblement des collectifs et associations. Ils affluent sur la place Félix-Baret (6e), malgré la chaleur et le soleil qui tape fort. Parmi eux, les conseillers municipaux, Jean-Marc Coppola (PCF) et Benoît Payan (PS) ont fait le déplacement pour montrer leur soutien.
« On peut les obliger à répondre publiquement de leurs actes »
Chansons, slogans, le climat est bon enfant, mais la détermination se fait tout de même ressentir. « Aujourd’hui on a dépassé les 12 000 signatures (NDLR : avec les signatures papiers). Personne n’a jamais réussi à faire ça », confie Kevin Vacher, militant du Collectif du 5 novembre, à Gomet’, avant d’ajouter : « C’est une pétition qui soutien un document qui n’est pas anecdotique. Ce ne sont pas seulement des revendications, c’est une véritable charte de relogement. C’est un vrai document de politique publique ».
Cette charte comporte trois mesures phares, le droit de réintégrer un logement décent, la possibilité de choisir son quartier et bénéficier d’un habitat adapté à la taille des familles. « C’est un document qui vient d’en bas, de l’expérience citoyenne et qui indique comment on devrait gérer ces questions d’évacuations, lesquelles, n’ont, tout simplement, pas de cadre administratif et juridique. L’Etat doit reconnaître qu’on a fait le travail », tranche Kevin Vacher.
Des « questions d’évacuation » qui devraient donc être à l’ordre du jour du prochain conseil municipal, qui aura lieu le 17 juin. Concernant la proposition au vote d’une telle charte, le militant du collectif est moins sûr : « Toutes les semaines, nous négocions avec eux pour rédiger une charte que tout le monde puisse soutenir. Si le document n’est pas satisfaisant et qu’il prouve qu’ils ne souhaitent pas négocier sérieusement. On est en capacité d’imposer de débattre publiquement. On ne peut pas les obliger à la voter mais on peut les obliger à répondre de leurs actes ».
« Vassal, cette grande absente »
Patrick, 67 ans, propriétaire de son logement, est venu soutenir les délogés et les collectifs. Il partage le même avis : « Il faut qu’ils répondent de leurs actes. C’est la même politique depuis des années. Il y a un mépris pour toute une partie de la population. Ça suffit ! Les délogés sont à l’hôtel, ils ne peuvent pas se laver correctement, manger correctement, ils ont des enfants en bas âge, il faut de meilleures conditions », s’indigne-t-il.
« 3 000 délogés, Vassal s’en fout ! », ce slogan est repris par la majorité des personnes présentes au rendez-vous. Les pancartes pointent explicitement l’absence de la présidente de la métropole dans ce débat. « Ah Vassal, cette grande absente. Martine Vassal ne nous a jamais répondu depuis le mois de novembre, absolument jamais », nous explique Kevin Vacher. Pour ce fervent militant du collectif du 5 novembre, la position de la Métropole est claire : « Ils ne veulent pas se mêler à ces négociations et devoir supporter les conséquences politiques, bonnes ou mauvaises. Martine Vassal porte le bilan de Gaudin, tout autant que ses collègues. Elle porte la responsabilité de ce qui ne sera pas fait demain ».
Pour changer la donne et dénoncer une gestion municipale « catastrophique », Fathi Bouaroua, co-président de la communauté Emmaus Pointe Rouge et membre du Collectif du 5 novembre rappelle : « On leur demande d’appliquer le droit ! On leur demande de l’appliquer avec bienveillance. Demain matin, les collectifs et les associations des quartiers appelleront pour des Etats-Généraux à Marseille pour une meilleure gestion de la ville les 23 et 23 juin prochains. »