D’un côté, des usines à Fos-sur-mer qui aimeraient bien réduire leurs émissions de dioxyde de carbone. De l’autre, une start-up, Coldep, a développé un procédé de recyclage (biorémédiation) des fumées industrielles pour cultiver des microalgues en partenariat avec l’Ifremer à Palavas-les-flots (34). Les deux se rejoignent aujourd’hui sur le Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) pour lancer officiellement la première réalisation du projet Vasco2.
Arcelor Mittal et Solamat raccordés au printemps
Kem One est le premier à utiliser la solution de Coldep. Il va être rejoint dès le printemps prochain par deux autres industriels parties prenantes du projet, Arcellor Mittal et Solamat merex (groupe Veolia), qui connecteront leurs cheminées à deux bassins de 10 m² chacun. « L’objectif est d’avoir à terme des dizaines de bassins reliés à des pipes apportant des milliers de m3 par heure de fumées », avance Bertrand Barrut, directeur R&D de Coldep. Les équipes de Vasco2 se donnent trois ans pour valider leur solution sur le plan technique et économique. Une évaluation du projet décidera ensuite du lancement de la réalisation d’un démonstrateur à plus grande échelle avec des bassins allant de 2 000 à 10 000 m². Cette prochaine étape porte le nom provisoire ValgoFos et nécessitera un nouveau tour de table auprès des partenaires.
Une filière à créer autour de la valorisation du CO2
Ce programme est issu du projet Vasco1 lancé en 2011 pour trouver des solutions de valorisation du CO2. Deux pistes en ont découlé : Jupiter 1000 avec la méthanation mené par GRT Gaz et Vasco2. Ce dernier s’appuie sur un budget de 2 millions d’euros dont 900 K€ apportés par l’Ademe et le reste par les partenaires industriels et la Métropole. Valgofos nécessitera une enveloppe beaucoup plus importante de plus de 10 M€. Outre la création de biocarburant, l’idée est de créer toute une filière économique pour exploiter le CO2 comme une matière première. Une filiale devra être créée pour vendre le biobrut produit par le CEA. Ce dernier pourra également installer un démonstrateur de son procédé de liquéfaction hydrothermale sur la plateforme Innovex de Piicto.
Pour produire des microalgues à grande échelle, les marais salants abandonnés pourraient également accueillir de grands champs de culture. « Il faut rassembler tous les acteurs sur le port pour éviter les aller-retours et réduire le bilan de carbone de l’activité elle-même sinon cela n’a pas de sens », prévient Michael Parra, coordinateur du projet pour le Port de Marseille-Fos. Un long périple attend encore l’ensemble des participants. Les premiers litres de biocarburants raffinés issus de ces microalgues ne devraient pas être mis sur le marché avant 2030.