Dans un contexte de crise sanitaire mondiale, le monde du vin n’a pas fait pas figure d’exception et a subi les conséquences du confinement. Mais au-delà du Covid-19, les effets du réchauffement climatique passés et à venir sont aussi au coeur des préoccupations des vignobles français. Face à la situation, les professionnels de la viticulture et du négoce de la Vallée du Rhône ont travaillé durant ces deux mois et demi à un vaste de plan de relance, vers de nouvelles stratégies. Michel Chapoutier, président d’Inter Rhône, Philippe Pellaton et Etienne Maffre les vice-présidents ont dévoilé leur stratégie lors d’une conférence de presse, en direct d’Avignon.
Verres de vins posés sur la table, les conférenciers entament la réunion dans la bonne humeur. Michel Chapoutier commence par évoquer les nouvelles habitudes de consommation de vin auxquelles les vignobles de la Vallée du Rhône doivent faire face. « Aujourd’hui les gens recherchent de la fraîcheur, des vins plus légers. Ils délaissent de plus en plus le vin rouge », déclare-t-il.
Le vin, qui était autrefois une boisson est aujourd’hui une culture.
Michel Chapoutier, le président.
Pour autant, les vins rouges des Côtes-du-Rhône ont constitué 75% de la production en 2019. 15% sont des vins rosés, 10% des blancs et 3% des vins à bulle. Il s’agira alors à l’avenir de mettre plus en avant les vins frais, d’apéritifs, plus ancrés dans les habitudes de consommation actuelles.
Quand la crise sanitaire et les aléas climatiques font naître de nouveaux paradigmes
La forte présence des AOC de la Vallée du Rhône en CHR (Cafés, Hôtels et Restaurants) a été chamboulée par la crise du Covid. « Notre activité a été très pénalisée pendant ces mois de confinement avec des sorties de chais en recul de -30% en avril. Forcément l’activité et les commandes étaient en berne et nous avons dû faire face à des problèmes logistiques, d’approvisionnement et à une importante baisse de fréquentation des caveaux », analyse Etienne Maffre, le vice-président. Les professionnels d’Inter Rhône réclament alors une baisse de la TVA sur les vins vendus dans les établissements de type CHR.
Document source : les chiffres clés d’Inter Rhône
En revanche, la poursuite d’activité des grandes et moyennes surfaces a permis un relatif maintient des ventes, malgré un léger recul de 1,7% en mars 2020. Ces constats incitent les professionnels viticoles à davantage se tourner vers l’e-commerce à l’export, vers une stratégie de type O2O (online to offline), qui permet de commander en ligne et de récupérer sa marchandise dans un point de vente relais. Le poids drive a d’ailleurs doublé passant de 1,5 à 3% des volumes de vins tranquilles (autres que vins rouges) même s’il reste bien moins développé que pour les produits de grande consommation, à hauteur de 8%.
La crise sanitaire a poussé de nombreux acteurs à se tourner vers ce circuit et à investir dans des outils et solutions de vente en ligne, dont les effets devraient perdurer.