Au lancement du projet du pôle aéronautique Jean Sarrail à Istres, la société parisienne Flying Whales avec son dirigeable cargo était présentée comme l’un des acteurs majeurs de cette nouvelle zone d’activités. Finalement, l’entreprise tant attendue a annoncé mercredi 19 juin 2019 au salon du Bourget qu’elle choisissait d’implanter son usine de production en Nouvelle-Aquitaine. « C’est la région qui a fait la meilleure offre, tant sur le plan technique au niveau des contraintes réglementaires, que financièrement », justifie Michèle Renaud, la responsable des ventes et des opérations de Flying Whales.
En réaction à cette annonce, Renaud Muselier, le président de la Région Sud Provence-Alpes Côte d’Azur a rencontré le patron de Flying Whales, Sebastien Bougon, pour discuter d’éventuelles autres développements d’activités sur le territoire. « Des pistes de travail sont évoquées mais rien de concret pour le moment », précise Michèle Renaud.
Un projet à 100 millions d’euros et 300 emplois
Istres était en compétition avec la Nouvelle-Aquitaine, l’Ile-de-France, Arras et Rhône-Alpes. Mais la région bordelaise avait pris un sérieux avantage en novembre 2017 lorsqu’elle est entrée au capital de la société. La Région Sud avait aussi prévue d’investir deux millions d’euros dans Flying Whales mais elle n’est jamais allée au bout de la procédure. Résultat, le territoire voit s’envoler un ambitieux programme industriel. Dans le Sud-Ouest, le concepteur de dirigeable annonce un investissement entre 50 et 100 millions d’euros avec la création de 200 à 300 emplois. Cette usine qui doit voir le jour en 2022 sera la troisième du groupe dans le monde. Il va également construire une unité de production en Chine et au Québec dont le gouvernement a annoncé également au Bourget qu’il entré au capital de Flying Whales.
L’armée, un voisin très contraignant
Parmi les raisons de ce raté, l’armée n’aurait pas vu d’un très bon œil l’installation d’une société privée, à capitaux chinois, avec vue plongeante sur la base aérienne 125. En janvier dernier, une délégation d’élus locaux est montée à Paris pour négocier l’accélération des autorisations réglementaires qui freinent encore le décollage de la filière dirigeable à Istres.
Flying Whales envolé pour la Nouvelle-Aquitaine, il reste toujours le projet Stratobus de Thales. Pour l’instant, le géant français est « toujours en discussion avec la SPL », prévient Nicolas Cambazard, chef de projet aéronautique chez Provence Promotion. Il doit encore confirmer son installation dans le hangar Mercure pour réaliser son prototype de dirigeable.
Le vitrollais ADF va réaliser le système d’arrimage de Flying Whales
Si d’un côté, Flying Whales boude la région, de l’autre, elle plébiscite l’une de ses entreprises. Le même jour au Bourget, la société a annoncé choisir le vitrollais ADF pour construire son système d’arrimage et de décollage. Ce « Airdock » est une superstructure mobile de 30 mètres de hauteur et de près de 150 tonnes. « Il permet de déplacer le dirigeable au sol du hangar jusqu’à la base de décollage », explique Cédric Goutal, le responsable du développement des projets technologiques. De plus, ce géant d’acier doit être entièrement automatisé. « On veut le faire bouger avec deux ou trois personnes aux commandes quand on était 80 auparavant », ajoute le cadre.
Pour développer le prototype, ADF va investir plus de cinq millions d’euros. Rien n’est encore décidé mais ce seront certainement les usines de Fos-sur-Mer et Saint-Nazaire qui s’occuperont de la fabrication. Les études vont être lancées le mois prochain pour obtenir un premier démonstrateur dans un peu plus de trois ans. Ensuite, la production de série sera lancée au rythme de dix Airdock par an pour suivre la cadence des usines de dirigeables de Flyng Whales. Pour financer ce projet, ADF espère intégrer le consortium PSPC (Projets Structurants pour la Compétitivité) menée par Flying Whales qui bénéficie d’une aide du secrétariat général pour l’investissement.
Lien utile :
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