Le président de la Chambre de commerce et d’industrie métropolitaine Aix Marseille Provence (CCI AMP), Jean-Luc Chauvin, présentait mardi 19 janvier ses voeux à la presse. Un rendez-vous traditionnel, le 4e du genre pour l’actuel président, perturbé cette année par la crise sanitaire. Une partie des journalistes se retrouve à distance, tandis qu’une petite dizaine est sur place au Palais de la Bourse. Toujours aussi volontariste, le président de la chambre, a pourtant voulu voir dans cette organisation « phygitale » des motifs d’espoir. « Il faut continuer à organiser des événements » insiste M. Chauvin. Il estime plus généralement que la crise actuelle est une occasion de revoir les modèles et de se réinventer.
Tout au long des deux heures de plateau, où se succèdent la rétrospective vidéo de l’année (voir l’intégralité ci-dessous) des témoignages d’élus (Sylvie Cottin pour les activités événementielles, Philippe Zichert pour l’industrie, Nicolas Guyot pour le tourisme, Fabrice Alimi pour l’emploi et la formation) et de collaborateurs de la chambre (Karien Guillem pour le centre d’urgence, Denis Bergé pour la coopération internationale), puis les questions, le dirigeant invite à ne pas baisser les bras. Et il martèle sa conviction sur la capacité de résilience du territoire : « Ne ratons pas l’opportunité de ce moment charnière dans l’économie mondiale pour capitaliser sur nos atouts et faire d’Aix Marseille Provence une chance pour la France. Le monde d’après c’est maintenant. »
« Soyons solidaires, audacieux et entreprenants nous avons tout pour réussir »
Jean-Luc Chauvin
Certes, les statistiques sont plutôt noires malgré la baisse des défaillances en 2020 grâce aux aides publiques. M. Chauvin confirme que le moral des patrons est bas, en particulier dans le secteur de l’hôtellerie restauration et le commerce de proximité où 40% des exploitants craignent une faillite d’ici juin. « Plus de 5600 emplois sont menacés dans les 1300 entreprises sous procédure collective au 5 janvier » alerte le président de la CCI. Une menace face à laquelle la CCI répond par une batterie de services. Le guichet d’urgence a reçu quelque 10 000 sollicitations. Il sert notamment à aider à gérer les problématiques d’endettement des sociétés et les négociations avec le médiateur du crédit. Dans ce domaine, sur 984 dossiers pris en main, le taux de succès a été de 98% se félicite Jean-Luc Chauvin durant des voeux très engagés. Les dispositifs engagés en 2020 sont maintenus voire amplifiés en 2021 : la cellule d’urgence reste active, le Métropolitain Business Act demeure pris en charge par la CCI, le chèque cadeau “13 local” lancé en fin d’année est maintenu tout au long de l’année. « Soyons solidaires, audacieux et entreprenants nous avons tout pour réussir » dit encore Jean-Luc Chauvin.
Et pour redonner le moral aux troupes le président de la CCI métropolitaine pousse les feux avec de nouveaux projets qui pourraient faciliter le « saut quantique » que le président de la CCI métropolitaine appelle de ses voeux pour l’économie locale.
Ainsi plusieurs projets sont mis sur la table. Certains déjà évoqués comme la maison de l’Afrique, rebaptisée Afric’Agora dont Denis Bergé, en charge du dossier à la chambre, espère une ouverture dans le centre-ville d’ici à la fin de l’année. L’expert parle aussi du projet européen Archipelago (formation aux métiers portuaires) gagné par la CCI avec son homologue de Mauritanie et le Grand port maritime de Marseille. Autre site emblématique : grande halle alimentaire qui cherche son emplacement. Pour Jean-Luc Chauvin, il y a nécessité à la localiser aussi dans le centre-ville. Le bâtiment de l’ancienne Bourse du travail, au coeur de Noailles, paraît une piste sérieuse. D’autres projets sont plus nouveaux à l’instar d’un campus métropolitain pluri-métiers présenté par Fabrice Alimi. M. Chauvin avance aussi l’une des propositions du collectif Tous acteurs de lancer sur le Frioul un lab’ autour de la biosphère méditerranéenne.
Voeux de Jean-Luc Chauvin : l’entrée au capital de Loop Aix Marseille
L’annonce la plus spectaculaire des voeux de Jean-Luc Chauvin est l’engagement le CCI métropolitaine Aix Marseille Provence d’entrer dans le capital de la société de préfiguration d’un réseau de navettes rapides interurbaines, en site propre, baptisé Loop. Porté par les entrepreneurs basés à Aix-Marseille, Guillaume Nicoulot et Mathieu Morateur, le projet ambitionne de créer un réseau métropolitain sous-terrain avec des véhicules électriques ou hydrogène autonomes. Une quinzaine de stations sont envisagées. La première ligne relierait Aix à Marseille en 15 minutes. « Il s’agit de préparer une proposition technique qui pourrait être ensuite soumise aux collectivités » précise M. Chauvin qui voit dans ce dossier l’occasion d’incarner le « saut quantique » qu’il appelle de ses voeux pour faire accélérer le territoire.
L’objectif est de transporter les premiers passagers en 2030 précise le président de la CCI. Dans un entretien accordé à Slate en décembre dernier, Guillaume Nicoulot expliquait : « Notre idée, c’est de créer 180 kilomètres de voies en sous-sol et en site propre intégral, où circulent en permanence des pods, des véhicules autonomes (électriques ou à hydrogène) (…) On vise entre 120 et 130 km/h en vitesse de pointe, un débit suffisant pour vider les autoroutes et le trajet Aix-Marseille en 15 minutes. La fréquence irait de 20 secondes à 10 minutes aux heures les plus creuses. » Et l’entrepreneur ne cachait pas le coût estimatif de son projet : six milliards d’euros rien que pour la ligne Aix Marseille, financés par un groupement ad hoc. « Nous sommes partis sur l’idée de faire tout en souterrain, puisque la métropole est très vaste avec beaucoup d’espaces naturels protégés. Nous avons de nombreux partenaires, l’objectif étant de créer un système économiquement viable afin qu’il puisse être financé sur fonds privés. »