Dans les hauteurs du quartier de Sainte-Marthe, la ferme Terre de Mars produit localement de quoi nourrir chaque semaine 200 foyers marseillais. « Il y a énormément de demande. Notre modèle est éprouvé et peut rapidement se développer », assure à Gomet’ l’un des quatre fondateurs, Augustin Tempier.
Pourtant, son exploitation de deux hectares est aujourd’hui menacée. Installée sur un terrain privé, Terre de Mars bénéficie d’un bail précaire et « ça se passe mal avec le propriétaire », avoue l’agriculteur. Il a donc profité de la visite du maire de Marseille lundi 25 janvier pour demande de l’aide à la commune. « On va aller le voir le privé et lui expliquer notre vision », a tenté de le rassurer Benoît Payan.
« On va proposer de modifier de nombreuses zones à urbaniser en zones agricoles »
Mathilde Chaboche
Désormais à la tête de la Ville, le socialiste insiste sur la nécessité de « stopper la bétonisation et de soutenir l’agriculture urbaine ». Pour y parvenir, sa majorité compte notamment s’attaquer au plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) élaboré par la Métropole de Martine Vassal (LR). « Nous pouvons faire des observations et des modifications ponctuelles sur le PLUI et l’on va proposer de modifier de nombreuses zones à urbaniser en zones agricoles », nous explique l’adjointe au maire en charge de l’urbanisme, Mathilde Chaboche. Dans les faits, la Ville est en train de compiler l’ensemble de ses modifications et doit les présenter en avril à la Métropole. « Et si cela ne menace pas l’équilibre du territoire dans sa globalité, elle n’a aucune raison de refuser nos demandes », estime l’adjointe. Ensuite, la nouvelle version de PLUI sera soumis à enquête publique à l’automne puis potentiellement votée en mairie puis en conseil métropolitain en février 2022.
Un parc agricole de 300 hectares porté par la Métropole
De son côté, l’adjointe à l’agriculture urbaine Aïcha Sif semble faire confiance à la Métropole pour aller dans le sens de sa majorité : « Ils ont un plan de développement de l’agriculture urbaine et on travaille déjà avec eux dans le bon sens », assure-t-elle. Martine Vassal a effectivement présenté son plan d’action en faveur de l’agriculture urbaine en octobre 2019. Cette ambition se retrouve notamment dans le projet de parc agricole qui s’étend sur 300 hectares au pied du massif de l’Étoile. Ce projet a notamment été rendu possible par l’annulation définitive en appel en septembre dernier de la route Linea qui devait relier le quartier de Sainte-Marthe à Allauch. La ferme Terre de Mars se trouve d’ailleurs en plein cœur du périmètre de ce parc agricole.
De la ferme à l’assiette en passant par une halle alimentaire
Face au maire de Marseille, les jeunes agriculteurs pointent un autre frein à leur développement : « C’est difficile de trouver de beaux points de vente », avance Augustin Tempier. Pour l’instant, ils se contentent de vendre leurs légumes au club de tennis du quartier. Un argument entendu par Benoît Payan qui affirme que la mairie est en train de travailler sur plusieurs sites potentiels pouvant accueillir des produits en circuits-courts. Sans dévoiler l’hypothèse retenue, il évoque « plusieurs lieux en centre-ville » et rappelle que « d’autres villes ont pu récupérer des hangars inutilisés sur les ports ».
Le maire de Marseille souhaite également développer l’agriculture urbaine pour fournir les cantines marseillaises : « A partir de 2026, il y aura dans l’assiette des petits Marseillais des produits frais et locaux, issus de circuits courts », promet Benoît Payan. Il ne compte pas y parvenir avec la seule production sur le territoire municipal et prévient : « Il faudra faire des partenariats avec des villes voisines ».
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