La pertinence de l’Etat questionnée
Pour Cédric O, l’incidence du numérique va bien au-delà de la simple dématérialisation des procédures administratives. « La révolution numérique questionne la capacité de l’Etat à intervenir, et plus fondamentalement, sa pertinence même », ajoutant que « le numérique est un sujet de service public ». Il évoque avec humour l’exemple de son propre nom à une lettre, un casse-tête pour l’administration.
Selon lui, cette question se pose d’autant plus que « l’Etat se retrouve mis sous pression par la dynamique de la dématérialisation, par un double phénomène de gens qui sont très demandeurs de numérique, et d’autres gens qui sont totalement exclus de ce changement ». Une fracture que le secrétaire d’Etat assimile à « une ségrégation, qui vient s’ajouter à d’autres, et qui aboutit à une situation de rupture très problématique ».
« La question du numérique a été menée de manière trop technocratique »
Face à ce numérique perçu comme un « syndrome » d’exclusion, Cédric O pointe une « approche qui ne tient pas assez compte des parcours d’utilisateurs », ce qui lui fait dire que « la question du numérique a été menée trop vite, et de manière trop technocratique dans la dématérialisation des services publics ». Il fait donc le constat que « comme les grandes entreprises il y a quelques années, l’Etat se retrouve face à ses usagers ».
Ainsi, il reconnaît que « les 20 % de gens qui n’ont pas un dossier “normal” se retrouvent devant un système qui fonctionne en 0 et 1 », sans prendre en compte les spécificités de chacun. Une situation aggravée par la disparition des services publics par téléphone : « quand vous n’avez pas de numéro de téléphone, constate le secrétaire d’Etat, vous vous retrouvez dans l’absurdité totale d’une situation kafkaïenne ». Une situation dont il affirme avoir lui-même fait l’expérience.