C’est aux Terrasses du Port, vendredi 26 avril qu’avait lieu un débat sur la lutte contre les déchets marins en Méditerranée. Animé par la start-up Circul’R, dont la mission principale est de « construire un réseau international d’entrepreneurs de l’économie circulaire afin qu’ils puissent créer des solutions pour une économie durable », l’atelier s’est déroulé en présence d’une vingtaine de participants (et une centaine de spectateurs) tous captivés par le sujet, à en juger leurs petits carnets annotés au fur et à mesure des interventions des spécialistes.
Autour de la table, Christine Leuthy-Molina, directrice régionale sud-est et Corse de Citeo, Arthur de Cazenove et Diane Frequelin Sant, représentants de la Région Sud Provence, Isabelle Poitou, directrice de l’association Mer Terre – Odema, Alain Dumort, représentant de la Commission européenne et Olivier Laporte, ingénieur et membre des Expéditions 7e Continent. Chacun joue son rôle quotidiennement pour sensibiliser sur la lutte contre les déchets marins en Méditerranée.
Parler directement aux consommateurs
Pour introduire le débat, la directrice de l’entreprise Citeo (née de la fusion des deux acteurs historiques Eco Emballage et Ecofolio) explique que le centre commercial n’a pas été choisi au hasard : « Nous avons voulu que le débat ait lieu ici, dans le temple de la consommation. Les Terrasses du Port c’est 13 millions de visiteurs par an. C’est un acteur engagé dans le secteur du développement durable. Il y a une déchetterie sous terre où les déchets sont traités. Par ailleurs, il nous a semblé nécessaire de parler d’environnement durable directement aux consommateurs, pour un impact plus important ».
Pour Isabelle Poitou, la prise de consciente doit être « immédiate ». Après avoir étudié la biologie, Elle entreprend en 1994 des études en aménagement et urbanisme : « A cette époque, nous n’avions pas de cours sur la pollution, les déchets marins et leurs impacts. On manquait de considération pour ces risques environnementaux. On a loupé le coche. Aujourd’hui encore, nous avons du mal à nous dire qu’un petit objet en plastique est dangereux, pourtant c’est le cas ». La directrice de l’association Mer Terre souhaite, en s’exprimant ainsi face aux consommateurs qui déambulent dans les allées, tirer la sonnette d’alarme et demander « une prise de conscience collective » quant aux impacts négatifs du plastique en mer Méditerranée.
Un nouveau réseau collaboratif pour ne plus dire « on ne savait pas »
A terme ces acteurs souhaitent une prise de conscience, un sursaut collectif pour l’environnement durable. « Nous souhaitons agir comme un écosystème. Chaque membre doit œuvrer pour une bonne relation entre les individus et envers l’environnement », explique Isabelle Poitou.
Pour concrétiser cette idée, la directrice de l’association Terre Mer et Diane Frequelin Sant ont mis en place un nouveau réseau collaboratif : ReMed Zero Plastique. « La solution est que chacun doit agir. Il faut travailler avec les entreprises, les associations, les services publics, les militants, toute personne qui aide à lutter contre les déchets marins en Méditerranée », indique Diane Frequelin Sant.
ReMed Zero Plastique est une plateforme qui tend à fédérer tous les acteurs sensibles à un environnement durable en Méditerranée. Sur la première page du site, chaque personne doit s’identifier en tant qu’association, entreprise, particulier, gestionnaire d’espaces naturels, collectivité territoriale ou établissement public. « Nous souhaitons recenser tout individu ou collectivité qui participe à rendre notre environnement plus sain. Nous agissons comme des sentinelles bienveillantes. Cela nous permettra à terme de savoir qui fait quoi et de réaliser des relevés quantitatifs et qualitatifs », s’enthousiasme Isabelle Poitou.
L’objectif de ce réseau collaboratif est donc de collecter des informations tangibles et de les transmettre aux collectivités, aux associations ou à toute personne qui souhaite s’y intéresser. Ainsi chacun pourra participer à une stratégie régionale, apporter des solutions ou faire émerger de nouvelles idées. Car Isabelle Poitou en est convaincue : « Il n’y pas de petits gestes si nous sommes 60 millions à le faire ».
Repères :
Le verbatim des intervenants
Alain Dumort, représentant de la Commission européenne : « Les institutions européennes et notamment la Commission mettent en place des compromis pour que chacun de nos interlocuteurs – chefs d’Etats, chefs de gouvernement et ONG – puisse mener à bien sa mission, son projet. Notre rôle est de soutenir financièrement et de fournir un cadre global. 85% des déchets marins sont en plastique et ils se transforment en microparticules ».
Olivier Laporte, membre de l’Expédition 7e continent : « Le plastique transporte des polluants. Ce qui nous interpelle c’est l’ampleur, l’étendue de ces polluants qui représentent six à sept fois la taille de la France. La Méditerranée est la plus impactée par les micro plastiques. Les conséquences sur notre alimentation, sur notre santé et sur l’environnement peuvent être désastreuses ».
Arthur de Cazenove, représentant de la région Sud : « Nous devons considérer le déchet comme une ressource. Nous devons vous aider à identifier le déchet comme une ressource. Nous avons un rôle d’animation. 70 collectivités participent à lutter contre les déchets maritimes ».
Christine Leuthty-Molina, directrice sud-est et Corse de Citeo : « Finalement, les entreprises payent leurs responsabilités. Citeo traite les emballages et les recycle. L’économie circulaire ou la boucle de recyclage est notre ligne directrice. C’est ainsi que nous transformons les déchets plastiques en ressources ».
Liens utiles :
> Nos précédents articles sur les déchets plastiques
> Réseau Collaboratif ReMed Zero Plastique
> Les Expéditions 7ème continent
> Projet de directive européenne relatif à l’interdiction des plastiques à usage unique