Les questions de politique migratoire, n’ont été que brièvement évoquées sur scène lors du meeting de la liste « Renaissance », au Dock des Suds, à Marseille, dans le cadre de la campagne des élections européennes. Seule la candidate Sylvie Brunet (Modem), 11e sur la liste emmenée par Nathalie Loiseau, a indiqué la ligne directrice de cette thématique : « Nous devons accueillir les réfugiés avec dignité. Nous devons chercher des pistes communes pour les migrants ». La veille, le chef de l’Etat lors de sa conférence de presse, Emmanuel Macron avait évoqué la réforme de l’asile ainsi qu’une refonte de l’espace Schengen.
Gomet’ a profité de la présence de Stanislas Guerini pour avoir des précisions sur la manière dont la République en marche souhaite « refonder notre politique migratoire » au niveau européen. « Aujourd’hui, il faut qu’on arrive à avoir de la réciprocité dans les décisions qui sont rendues en matière d’asile. Nous devons faire évoluer le système de Dublin, qui est un système qui dysfonctionne et qui crée en réalité beaucoup de malheur chez les personnes migrantes et beaucoup de difficultés dans les pays », déplore-t-il. La crise des réfugiés est un sujet complexe qui est loin de faire l’unanimité au sein des états membres de l’Union européenne (UE). Ce qui pose véritablement problème est lié au règlement de Dublin, qui prévoit l’examen d’une demande d’asile dans le pays par lequel un migrant est entré. Ce qui a pour conséquence de faire peser une lourde responsabilité sur les pays situés dans le pourtour méditerranéen, tels que la Grèce ou l’Italie, qui doivent gérer un afflux très important de réfugiés.
« Conditionner la participation à Schengen »
Pour résoudre les problèmes liés au règlement de Dublin et pour permettre un partage plus équitable des réfugiés au sein des pays membres, Stanislas Guerini évoque la création d’une « agence européenne pour l’asile ». « Les flux principaux de demandeurs d’asile sont des flux secondaires. C’est-à-dire des personnes qui ont demandé l’asile en Allemagne viennent en France parce qu’elles ne l’ont pas obtenu là-bas. C’est ça la situation migratoire en Europe. Avec la création de cet office européen, nous pourrons efficacement homogénéiser notre manière de traiter ces demandeurs », explique-t-il.
L’idée d’une « agence européenne pour l’asile » n’est pas neuve. En septembre 2018, tous les états membres de l’UE s’étaient réunis à Salzbourg et avaient évoqué, à l’occasion de la réforme de l’asile, la création d’une « agence européenne pour l’asile » qui appuierait « tout ou partie de la procédure administrative de protection internationale et de la procédure relevant du système de Dublin ». Le projet n’a jamais vu le jour. En réintroduisant la possibilité de créer une telle structure européenne, le parti présidentiel veut rester cohérent dans son idée de promouvoir une Europe « solidaire ». Et il va encore plus loin, en souhaitant réformer l’asile à condition que les états membres de l’espace Schengen y participent.
« Nous portons une proposition assez ambitieuse et offensive en disant : nous sommes prêts à mettre en cause Schengen pour les pays qui ne jouent pas le jeu de la politique d’immigration européenne. En somme, nous souhaitons conditionner la participation à Schengen à la politique migratoire. Les pays devront donc soit prendre une part de la population migrante, soit participer financièrement », tranche Stanislas Guerini.
Cette proposition ne fera sans doute pas l’unanimité au sein des pays de l’Union européenne, pour lesquels les questions de politiques migratoires sont un sujet de discorde sans fin. Mais le délégué de la République en marche est convaincu : « Ceux qui, comme Madame Le Pen, pensent que la politique migratoire se pratique seulement au niveau national ou comme Monsieur Wauquiez, pensent qu’il faut créer une soit disant double frontière – ce qui est par ailleurs, exactement la situation actuelle en France – sont dans un leurre le plus total, c’est au niveau européen qu’on gèrera cette thématique. »