Le groupe Bourbon après les aventures à risques (2,7 milliards d’euros de dette en 2019) de son manager Jacques de Châteauvieux, avait retrouvé un équilibre grâce au tribunal de commerce de Marseille qui avait réussi à convaincre les banques créditrices, BNP Paribas, Société générale, Natixis (BPCE), Crédit mutuel et Crédit agricole de convertir leur endettement en action d’une société holding, la Société phocéenne de participations qui détient 72 % des parts ; Jean Peyrelevade (84 ans) est alors devenu discrètement le sage PDG de la société de services maritimes dont le siège surplombe encore le bassin de carénage à Marseille (lire notre article sur le prochain déménagement). Les banques chinoise et britannique ICBCL et Standard Chartered Bank sont entrées au capital, avec 18 % et 10 %.
Jean Peyrelevade présente son livre son livre Réformer la France (Ed. Odile Jacob) sur RTL © RTL
Le groupe Bourbon est dans une situation des plus sensible : il doit assurer la décarbonation de ses activités maritimes, ce qui est un investissement majeur, défendre ses positions en Afrique là où la France est contestée et se positionner sur de nouveaux marchés comme l’éolien en mer où son savoir-faire en remorquage est des plus convoité. Rappelons que les fermes éoliennes prévues en Méditerranée culmineront à 300 mètres de haut et si Fos l’emporte il s’agira d’acheminer sur zone, une vingtaine de tours Eiffel, de positionner et d’arrimer ces géants des mers pour 2031.
L’activité de l’entreprise a connu une belle croissance, mais les banquiers jouent la sécurité et font le choix de quitter le navire au risque de déstabiliser l’entreprise dans une période de consultation internationale décisive sur l’éolien.
La Banque Lazard selon Les Échos a été mandatée pour trouver un ou des repreneurs en totalité ou partiellement. La banque d’affaires connaît la maison puisqu’elle était déjà associée au mécano de reprise et de sauvetage de la société phocéenne.
Selon des informations d’Africa Business, des fonds sont intéressés comme le groupe portuaire émirati DP World. Selon Les Échos du 23 juin, le holding saoudien d’investissement dans l’énergie et les infrastructures Al Gihaz, proche du géant pétrolier Saudi Aramco, aurait mis sur la table, entre 800 et 900 millions d’euros, alors que la valorisation suggérée par les banques est de 1,3 milliard d’euros.
À l’heure ou notre pays mobilise des milliards pour retrouver une activité industrielle, il serait étrange de laisser filer une pépite, une belle ETI, vers des investisseurs aux projets aléatoires.
Lien utile :
Bourbon dans les archives de Gomet’