Sur l’estrade du Théâtre de l’Oeuvre (1er arrondissement), dans la soirée du jeudi 20 février, ils sont cinq a avoir dépêché un colistier. A l’invitation du collectif Vélos en ville et des associations Vélo Sapiens et Ramdam, les candidats aux élections municipales étaient invités pour une soirée pendant laquelle leur était donnée l’opportunité d’exposer leur vision et leurs proposition en matière de vélo. Un sujet qui peine encore à mobiliser les élites politiques marseillaises, en témoigne l’absence de représentants des candidats Bruno Gilles (DVD) et Stéphane Ravier (RN).
Zoom sur les cinq colistiers présents :
> Pour Yvon Berland (LREM) : Mathieu Grapeloup, « cycliste quotidien », tête de liste dans le secteur 4e-5e
> Pour Samia Ghali (DVG) : Patrice Buguet, cycliste occasionnel dans le Nord de Marseille, en 5è position dans la liste pour le 13e-14e
> Pour Michèle Rubirola (le Printemps marseillais) : Sophie Camard, « cycliste occasionnelle en vélo électrique », tête de liste dans le secteur 1er-7e
> Pour Martine Vassal (LR) : Charles Lankar, médecin du sport et référent sport-santé de la campagne, en 3e position de la liste dans secteur 4e-5e
> Pour Sébastien Barles (Debout Marseille ! – soutenu par EELV) : Emmanuel Ferrier, l’un des fondateurs du CVV dans les années 1990, colistier dans le secteur 4-5
Vélo à Marseille : un constat partagé
C’est à croire que le vélo mobilise les foules. Ce jeudi 20 février vers 20 heures, les alentours du Théâtre de l’Oeuvre, dans le quartier de Belsunce, sont saturés de vélos. Faute d’arceaux en bonne et due forme, les cyclistes s’accrochent à ce qu’ils trouvent : ici une barrière, là un poteau. A l’invitation du CVV, ils ont répondu à l’appel, et garnissent désormais les 120 places du théâtre qui affiche complet. Sur scène, pas de candidats, que des colistiers – même si Sébastien Barles suivra discrètement la fin des débats depuis le fond de la salle.
C’est que le vélo n’est pas encore tout à fait sur le devant des agendas des prétendants à la Mairie. Malgré tout, un espace d’échanges en trois phases s’ouvre entre colistiers et participants : tout d’abord une série de questions posées par les deux animateurs – Benjamin Clasen, responsable de la Fête du vélo à Vélos en Ville et Jean-François Eyraud, dirigeant fondateur du média en ligne Gomet’- puis un temps libre de parole, et enfin les questions de la salle. Peu ou prou, le constat dressé est unanime parmi les colistiers présents sur scène : inadéquation des infrastructures, nécessité d’éducation au vélo, problèmes d’incivisme sur la voie publique et manque de culture vélo reviennent dans la bouche de tous.
[Transports] Le vélo en ville à #Marseille et dans la métropole, c’est pas gagné ! Débat avec les candidats aux municipales ce soir au théâtre de l’œuvre organisé par @VelosenVille #Ramdam 🚴🏼♀️🚴🏼♀️🚴🏼♀️ https://t.co/GfUGCSXY9T pic.twitter.com/HASU7F5U4t
— Gomet’ (@Gometmedia) February 20, 2020
Autre problème pointé, notamment par Sophie Camard : le clientélisme, et le fait que certains élus rechignent à favoriser le vélo au détriment de la voiture pour des raisons électoralistes. Ou encore, le fait que les arrondissements du Nord de Marseille ne soit pas dotés de stations de vélos en libre-service. Presque à l’unisson, les candidats insistent sur l’importance de préparer le changement culturel vis-à-vis du vélo avec les nouvelles générations, par l’éducation et l’apprentissage. Un chemin qui sera long assurément.
Quels seront vos axes prioritaires en matière de vélo ?
> Emmanuel Ferrier (Debout Marseille !) : « Il faudra tout reconstruire, redonner la place aux piétons, et refaire un réseau à double-sens. Nous voulons faire 300 kilomètres de nouvelles pistes sur 6 ans – dont 50 dès la première année »
> Charles Lankar (LR) : « Madame Vassal a fait de gros efforts depuis qu’elle est à la tête de la Métropole. Il faut une amélioration des conditions de circulation et faire changer la mentalité des marseillais. »
> Sophie Camard (Le Printemps marseillais) : « Il faut une vision. Le vélo doit devenir un transport sans effort, et non plus une discipline sportive. On parle d’une révolution culturelle. Il y a une loi de la jungle absolue, il y a peu d’acculturation collective, l’apprentissage est très important »
> Patrice Buguet (DVG) : « Il faut repartir d’une page blanche. Notre objectif est d’arriver à 9% de déplacements effectués à vélo au plus vite, en structurant la ville en pistes cyclables pour pouvoir circuler en sécurité. Il faut faire en sorte que les marseillais laisse la voiture au garage »
> Mathieu Grapeloup (LREM) : « Il est important de faire respecter les pistes cyclables. Il faut mobiliser la police et verbaliser systématiquement les véhicules mal garés. Il ne faut plus mettre les pistes sur les trottoirs, pour éviter les conflits d’usage. Il faut de nouveaux aménagements en bordure de chaussée, avec une protection, et lutter contre la peur »