Les 29 et 30 novembre, Marseille accueille pour la première fois les représentants de 25 ports de Méditerranée avec l’objectif de créer une grande alliance entre les acteurs des rives européennes, moyen-orientales et africaines. Baptisé Medports Forum, cet événement est organisé à la Villa Méditerranée par Intermed Gateways, l’association regroupant les ports de Barcelone, Gênes et Marseille qui la préside, en partenariat avec l’Union pour la Méditerranée. « C’est une première que l’on compte bien reproduire à l’avenir », affirme Christine Cabau-Woehrel, la directrice du Grand Port Maritime de Marseille. Mais la femme forte compte bien aller plus loin et faire naître une grande coalition autour de la Méditerranée : « Ces deux jours doivent déboucher sur un acte de coopération concret et pas seulement une jolie photo de famille », prévient-elle.
S’unir pour concurrencer Anvers et Rotterdam
Dans le Nord de l’Europe, les pays scandinaves travaillent ensemble depuis longtemps. En 1991, l’organisation des ports de la baltique a même réuni l’ensemble des acteurs de cette zone pour faciliter la coopération et leurs représentations auprès des instances européennes : « L’omniprésence de Anvers et Rotterdam ne peut plus durer, il faut s’unir pour se faire entendre », insiste Christine Cabau-Woehrel. Celle qui pousse de ses vœux une nouvelle union des ports méditerranéens est persuadée de l’intérêt d’une telle alliance. A ses côtés, Silvio Ferrando, directeur marketing et des relations internationales au port de Gênes, va dans le même sens : « Nous sommes parfois un peu focalisés sur le marché mondial en oubliant que nous avons beaucoup d’opportunités avec nos voisins », avoue-t-il.
Carburant alternatif, démondialisation, nouvelles routes maritimes
Les deux jours de conférence ont donc été articulés autour des questions qui pourraient amener les différents ports de la Méditerranée à collaborer. Par exemple, l’écologie et la montée en force de l’utilisation du gaz naturel liquéfié demande aux ports de s’adapter avec une modification de la carte de soutage de ce nouveau carburant. Ensuite, le phénomène de démondialisation et la baisse de croissance des échanges Est-Ouest : « La Chine accuse un léger ralentissement de la production, ce qui peut-être une opportunité pour nous. Nos partenaires des rives sud de la Méditerranée pourraient les remplacer dans la supply chain en accueillant de nouvelles activités industrielles », envisage Silvio Ferrando. Enfin, pour améliorer les voies commerciales entre les ports euro-méditerranéens, de nouvelles idées sont soulevées comme l’augmentation des corridors ferroviaires du sud au nord : « Le train est parfois bien plus intéressants que la mer, plus rapide et moins coûteux, comme nous l’avons fait pour les produits alimentaires avec le Fresh Food Corridor », avance la patronne du GPMM. Autant de pistes de réflexion qui doivent amener les différentes autorités portuaires à travailler ensemble « même si les disparités de fonctionnement avec certains ports privés et d’autres complètement sous contrôle de l’État peuvent poser problème », avoue Christine Cabau-Woehrel. Elle saura mercredi soir si son initiative permettra de dépasser les clivages pour faire de la Méditerranée la future place forte du commerce mondial.