Jeudi 16 mai lors du Conseil de la Métropole, la présidente Martine Vassal (Les Républicains) a interpellé le gouvernement face à l’impasse dans laquelle se trouverait la Métropole. Tant qu’aucune réponse n’est apportée de la part de l’État, « tant que les contours de la future institution ne seront pas connus », Martine Vassal a décidé de suspendre les travaux des documents stratégiques tels que le PLH (Programme local de l’habitat), le PLUI (Plan local d’urbanisme intercommunal), le SCoT (Schéma de cohérence territoriale), ou encore le Plan climat lancé à l’automne dernier.
Quel va être le périmètre géographique de la Métropole ? Ses compétences ? La composition des instances décisionnelles ? Sa nature institutionnelle ? Sur quelles échéances ? Autant d’interrogations que Martine Vassal espère résolues rapidement. « Rien ne peut être projeté sans connaître a minima ce que nous sommes amenés à devenir demain, a déclaré la présidente. L’Etat ne nous donne aucune visibilité sur notre avenir, je ne souhaite pas engager la Métropole dans des documents morts-nés. »
Jean-Pierre Serrus (LREM) en seul opposant
Jean-Pierre Serrus, maire LREM de la Roque-d’Anthéron et ex-vice-président chargé des Transports, président de l’association “Pour une Métropole des citoyens“, a exprimé son opposition à la décision prise par Martine Vassal de « stopper l’élaboration de tout document stratégique » : « Nous sommes en mai 2019, nous n’avons pas encore la prochaine étape de ce grand territoire métropolitain mais nous sommes élus depuis 2014. À aucun moment nous n’avons stoppé notre travail », a-t-il rappelé. « Je considère que mon rôle d’élu, c’est de continuer à travailler. Car nous ne savons pas encore quelle sera la règle institutionnelle et nous ne savons pas non plus la date d’application. Même si nous savions la réponse de l’État, ça prendra du temps. Ça veut dire que l’établissement public de coopération intercommunal de la Métropole est amené à travailler jusqu’à 2021 ou 2022. »
De nombreux élus saluent la décision de Martine Vassal
Ces propos ont fait bondir Richard Mallié, maire LR de Bouc-Bel-Air, qui a remercié la présidente pour sa décision : « Ce coup de semonce envoyé au gouvernement me paraît très important ». L’ex-députée PS et ancienne ministre, Marie-Arlette Carlotti de renchérir : « N’est-il pas normal que nous, les élus, demandions à quelle sauce allons-nous être traités ? Que nous demandions de nous donner notre avenir ? » André Molino, maire PCF de Septèmes-les-Vallons, a abondé dans ce sens : « Bien entendu nous allons continuer à travailler, notamment en matière de transports. Mais il est temps de créer les conditions pour affirmer au niveau de l’État : “Ça suffit, il y a des dispositions à prendre.” On demande à être traité comme les autres Métropoles ».
L’État accusé d'”asphyxier” les collectivités locales
Lionel Royer-Perreaut, maire LR des 9e et 10e arrondissements de Marseille, a lui salué un « acte politique fort » de la part de Martine Vassal : « Au-delà du débat sur le PLH, PLUI, SCoT, PADD (Projet d’aménagement et de développement durable), ce qui est en jeu, c’est le débat des libertés des collectivités locales, a-t-il affirmé. Le véritable enjeu, c’est justement de voir cet État qui est en train petit à petit de rogner sur nos compétences, de nous asphyxier avec des réglementations. Nous ne sommes plus décisionnaires de rien sur nos territoires. » L’élu a comparé leur situation critique au “hara-kiri” (suicide japonais par éventration), avant de finir : « Avoir cette capacité de dire les choses fortement est la preuve de notre responsabilité politique ».
Après ces multiples interventions toutes unanimes à l’exception de celle de Jean-Pierre Serrus, Martine Vassal a clos le débat et annoncé qu’elle allait saisir le Premier ministre Édouard Philippe et lui écrire.
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