A l’occasion de sa présence à Marseille, pour l’ouverture de l’école du Label Emmaüs, après la table-ronde Transition au Laboratoire d’intelligence collective et artificielle avec Rive-Neuve lundi 23 septembre, et après le So Good Festival en fin de semaine, Maud Sarda, pionnière de l’économie circulaire et de l’impact répond aux questions de Gomet’. Diplômée de l’Edhec, Maud Sarda a commencé sa carrière dans le conseil chez Accenture, avant de rejoindre Emmaüs France pour y fonder le Label Emmaüs et agir avec les Licoornes et le Mouves (Mouvement des entrepreneurs sociaux).
Maud Sarda, pouvez vous nous présenter les Licoornes, que vous co-présidez ?
Maud Sarda : Nos Licoornes se prononcent et s’écrivent presque comme leurs homonymes les licornes (clin d’oeil à la tech et aux jeunes sociétés de plus de 1 milliard d’euros de capitalisation, connues pour leur univers davantage concurrentiel qu’éthique), mais notre nom souligne à l’inverse notre essence COOpérative.
Depuis leur création il y a trois ans, Les Licoornes réunissent 12 coopératives associées représentant 140 000 sociétaires : Enercoop, la Nef, Biocoop, Telecoop, Mobicoop, Commoown, Citiz, Ethikdo, Windcoop, Coopcircuit, Tenk et Label Emmaüs. Chacune dans leur domaine, l’énergie, la banque, les télécoms, la mobilité, le cadeau, le maritime, la distribution…, les Licoornes défendent des alternatives solidaires, éthiques et responsables.
Il s’agit de SCIC (sociétés coopératives d’intérêt collectif) commerciales, à sociétariat ouvert sur les parties prenantes, les citoyens, les collectivités, les partenaires (et pas seulement ouvert aux salariés comme le modèle des Scop). Par la défense du multi-sociétariat et de la gouvernance démocratique (1 personne, 1 voix), elles montrent qu’il est possible de cumuler activité commerciale et intérêt collectif, et qu’il existe une alternative aux modèles dominants des banques, de la grande distribution, de la fast fashion…
Maud Sarda : Les Licoornes, pour être plus fortes ensemble
Nous nous sommes alliées au sein des Licoornes pour être plus fortes ensemble, mener des opérations de coopération économique, commerciale, ventes croisées, mais aussi nous faire connaître et porter une mission de plaidoyer. Notre événement l’Onde de Coop (4e festival des coopératives pour la transition en septembre) est un exemple de réalisation commune. Unies, mais relativement rares encore dans le paysage, nous n’avons pas une stratégie d’extension tous azimuts, et accueillons les candidats au cas par cas, tout en étant convaincues de représenter la norme de demain.
Parmi les Licoornes figure le Label Emmaüs, dont vous êtes cofondatrice et directrice générale, pourquoi ?
Maud Sarda : J’ai croisé le chemin du mouvement Emmaüs en 2010, et il y a huit ans j’ai créé la coopérative Label Emmaüs, “la boutique en ligne avec vos valeurs“. Véritable contre-modèle aux géants du e-commerce, ce projet dépassait la fédération Emmaüs et ses 300 structures autonomes, et visait à être la market place de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS), de la solidarité et du ré-emploi.
Aujourd’hui, 200 structures associatives ou coopératives ou solidaires vendent deux millions de référence de seconde main sur le site : Emmaüs mais aussi la Croix Rouge, l’Armée du salut, le Secours catholique, des ressourceries, pour allier vente physique et vente en ligne en ESS. Label Emmaüs défend bien l’alliance du commercial et du collectif : 100 % des bénéfices sont fléchés vers l’outil de travail, et non vers la rémunération du capital, nous réunissons 2200 sociétaires et employons 60 salariés.
Nous nous sommes également engagés dans un métier connexe à la vente de seconde main, qui est la formation, en vue d’insérer les personnes éloignées de l’emploi. La place de marché Label Emmaüs est en effet en mesure de former des demandeurs d’emploi à de nouveaux métiers particulièrement recherchés, comme le digital et la logistique. Nous avons deux entrepôts écoles en Seine Saint-Denis et dans le Lot et Garonne et avons lancé Label Ecole, l’école e-commerce inclusive par Label Emmaüs.
Aujourd’hui vous ouvrez à Marseille une nouvelle antenne de Label Ecole, l’école du digital du Label Emmaüs, expliquez-nous votre projet.
Maud Sarda : Cinq ans près notre premier centre de formation au digital dédié aux demandeurs d’emploi à Noisy-Le-Sec en région parisienne, nous ouvrons ce lundi notre deuxième Label école, à Marseille. Le principe est de proposer un parcours de formation de six mois délivrant un diplôme équivalent à un Bac+3 de chef de projet e-commerce. Nous nous adressons à tous profils éloignés du marché de l’emploi, peu diplômés, de tous âges, en primo formation ou reconversion, et dans la pratique à une majorité de femmes (55 % à Noisy-le-Sec).
Label Ecole au Pôle Média de la Belle de Mai
A Marseille, nous ouvrons notre école au Pôle Média de la Belle de mai, proche de Plus belle la vie dont le nom évoque joliment un nouveau départ. Nous visons chaque semestre une promotion de 20 personnes, soit 40 formés par an. Nous démarrons aujourd’hui par 12 jours de mise à niveau, avant le début effectif de la formation mi-octobre, pour laquelle il est possible de postuler en ce moment. Nous recherchons en parallèle des apprenants et des formateurs bénévoles en compétences de la tech, comme déjà des membres des équipes de Voyage Privé ou Blablacar. Nous organiserons notre inauguration officielle en novembre pour le mois de l’Economie Sociale et Solidaire.
Lien utile :
Le site de l’école du Label Emmaüs