L’épreuve de force se termine à Nice Matin, avec l’annonce du retrait de l’offre de reprise d’Iskandar Safa. L’industriel franco-libanais cherchait depuis plusieurs mois à entrer au capital du Groupe Nice Matin, par l’intermédiaire de sa société Privinvest Médias, par ailleurs propriétaire du magazine Valeurs Actuelles. Il s’était fait griller la priorité par Xavier Niel, qui a racheté par surprise 34% des parts du groupe à la société belge Nethys, actionnaire du journal depuis 2016.
Malgré le plan de développement présenté par Xavier Niel, et la promesse de garanties d’indépendance, l’opération avait plongé le journal dans un conflit tendu. Lors de l’assemblée générale du 12 juillet 2019, 60% des salariés avaient voté pour rejeter l’offre de Xavier Niel, préférant celle d’Iskandar Safa. La rédaction avait au contraire plébiscité l’offre de Xavier Niel, avec 94% des journalistes ayant voté en sa faveur. Cette opposition des salariés était susceptible de déboucher sur un contentieux judiciaire long et difficile, si la direction du journal choisissait de dénoncer le pacte d’actionnaires, pour empêcher Xavier Niel de racheter le reste des parts.
Mais la situation s’est donc débloquée le 29 juillet, avec le retrait d’Iskandar Safa, qui annonce dans un courrier adressé à la coopérative qu’il choisit de ne pas poursuivre sa tentative, en raison du “contentieux qui semble s’annoncer, préjudiciable aux salariés et au titre lui-même.”
Soulagement de la rédaction
L’annonce est accueillie avec soulagement par la rédaction de Nice Matin, qui était allée jusqu’à la grève, et la non parution du journal le samedi 13 juillet, pour protester contre les pressions et intimidations des salariés “pro-Safa” à son encontre.
Denis Carreaux, directeur des rédactions du groupe, a confié à l’AFP son soulagement: “C’est une satisfaction après un mois et demi d’incertitude. Maintenant il faut se mettre au travail pour construire le projet avec Niel et rebâtir la cohésion de l’entreprise après ce duel.”
Ca n’est donc pas encore un épilogue heureux pour Nice Matin, mais seulement le début du travail avec un nouvel actionnaire, et la question du rachat du reste des parts du journal, détenu à 66% par ses salariés sous forme de société coopérative. En vertu du pacte d’actionnaires, Xavier Niel devrait devenir propriétaire à 100% d’ici 2020.
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