Recruté en juin par le groupe Privinvest Médias, Francis Morel, ancien PDG du groupe Les Echos-Le Parisien, et avant cela du Figaro, est un des principaux acteurs de la tentative de rachat du groupe Nice Matin par Iskandar Safa.
Depuis son départ du groupe Les Echos-Le Parisien en mars 2018, il a conseillé Google sur les fausses informations, a écrit un livre sur l’histoire des médias, mais il n’était pas encore revenu aux manettes d’un groupe de presse. Il y avait bien eu un indice en juin dernier, lorsque l’on a su que Francis Morel avait été recruté par Privinvest Médias comme administrateur, aux côtés d’Etienne Mougeotte, Charles Villeneuve et Yves de Gaulle. Il est rapidement passé à l’opérationnel, et apparaît maintenant en première ligne dans le dossier de la reprise du groupe Nice Matin.
Rassurer les salariés et la rédaction
Dans le bras de fer qui oppose les deux repreneurs potentiels de Nice Matin, Xavier Niel et Iskandar Safa, la confiance de la rédaction est une donnée clé du problème. En effet, lors de l’AG de la coopérative de Nice Matin, les salariés se sont prononcés en faveur de l’offre d’Iskandar Safa à 60%, mais les journalistes ont préféré celle de Xavier Niel, qui vient d’acquérir 34% des parts de Nice Matin, à 94%. La faute au profil droitier d’Iskandar Safa, qui fait craindre à la rédaction des menaces sur son indépendance. Xavier Niel rassure, au contraire, avec son expérience d’actionnaire du Monde.
C’est ici que Francis Morel entre en jeu: sa grande expérience d’homme d’affaire et d’homme de presse pourra être précieuse à Iskandar Safa et Privinvest, dans leur tentative de prouver leur bonne volonté à la rédaction. Sa visite à Nice pour rencontrer les journalistes est prévue pour vendredi 19 juillet, mais déjà, les réticences apparaissent. Un communiqué du SNJ Côte d’Azur daté du 15 juillet s’insurge contre cette visite de M. Morel, qui pourrait, si la société coopérative de Nice Matin l’approuve, entrer au Conseil de surveillance, voire en prendre la présidence.
Le SNJ Côte d’Azur appelle à un nouveau débrayage lors de la visite de M. Morel. Alors que Xavier Niel prévoit de siéger lui même au conseil d’administration du groupe, les prochaines réunions des administrateurs s’annoncent tendues.