Actuellement en redressement judiciaire, le journal La Marseillaise a obtenu un mois de sursis. La direction doit présenter son nouveau plan le 28 février au tribunal de commerce de Marseille. Un projet de nouveau média parallèle à celui de la direction est en préparation, porté par un collectif de journalistes.
Antoinette est révoltée. Devant le tribunal de commerce de Marseille, mercredi 31 janvier, elle brandit son journal comme un étendard. La Une du jour « Résistants » est tout un symbole. « La Marseillaise ne doit pas disparaître », clame cette lectrice de la première heure et membre de l’association Les Amis de La Marseillaise. Impossible pour elle de ne pas être présente ce jour-là, pour venir soutenir le quotidien régional et les salariés, inquiets. Ce jour devait sceller le sort de La Marseillaise. Le tribunal a finalement accordé un mois de plus à la direction pour présenter son projet éditorial et industriel. Il devra être déposé le 21 février pour une audience prévue le 28 février. « Un mois de tous les dangers, mais aussi de tous les espoirs, explique Alain Hayot, président des Editions des Fédérés, repreneur de La Marseillaise en 2015, à la cinquantaine de personnes rassemblées devant le tribunal. Nous avons les moyens de présenter un projet qui tienne la route et qui permette de maintenir un quotidien dans les Bouches-du-Rhône, des hebdomadaires dans les départements environnants, et donc l’existence de La Marseillaise pour l’avenir ».
Il met en garde les salariés contre une cession du journal à d’autres forces qui ne permettraient pas de garantir sa continuité éditoriale et son indépendance. « La presse est en crise : le risque, c’est que personne n’ose investir dans le secteur. Une autre hypothèse serait que certains soient davantage intéressés par l’opération immobilière et les événements populaires à succès comme le mondial ou La Marseillaise à pétanque que par la presse. »
« La Marseillaise en commun »
Reste que le discours n’est pas au goût de tous, et particulièrement du syndicat CGT, mettant en exergue un manque de sérieux de la direction. « Elle a déposé le plan hier (mardi 29) pour ce matin », affirmait Emmanuel Vire, secrétaire général de la section journalistes de la CGT. Il a par ailleurs indiqué que le président du tribunal « a pointé des grosses insuffisances, notamment financières et immobilières ». Pour lui, « le projet de la direction de monter un quotidien départemental et deux hebdomadaires à 40 salariés ne tient pas la route ».
C’est pourquoi un collectif de journalistes soutenus notamment par le SNJ-CGT travaille sur un projet alternatif à celui de la direction. Reposant sur une Scic, une société coopérative d’intérêt collectif, le projet intitulé « La Marseillaise en commun », mise sur le pure-player pour « poursuivre l’histoire de La Marseillaise dans les conditions d’aujourd’hui ». Un nouveau média web et papier, en publication hebdomadaire, « qui se montrera attentif aux alternatives portées par les citoyen.nes ».
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