Une longue. Très longue présentation. Il fallait bien ça pour dresser le bilan 2016 de la délinquance dans les Bouches-du-Rhône. Et même remonter à 2012, pour voir l’évolution « favorable » des chiffres. Puis faire front commun pour affirmer leur détermination à poursuivre ce combat quotidien. C’est l’image qu’ont voulu envoyer les représentants des forces de l’ordre. Autour de Laurent Nunez, préfet de police des Bouches-du-Rhône : le procureur de la République du TGI de Marseille, Xavier Tarabeux ; Jean-Marie Salanova, directeur départemental de la sécurité publique ; Eric Arella, directeur interrégional de la police judiciaire ; le colonel Benoît Ferrand du groupement de gendarmerie départementale et Sébastien Baradi, commandant de la section de recherche Paca.
Tous ensemble également pour assumer un bilan jugé « satisfaisant », chiffres positifs à l’appui, mais qui reste néanmoins teinté de quelques ombres. Si globalement les atteintes aux biens (cambriolages, vols de véhicules, vols avec violence en particulier vols à main armée…) sont en baisse, les atteintes volontaires à l’intégrité physique des personnes, elles, ont augmenté entre 2015 et 2016 (+2,2%). Dans ce domaine, coups et blessures volontaires et violences sexuelles sont en hausse (en moyenne + 8%). À noter que les violences intrafamiliales représentent 29% de l’ensemble des violences, 40% des coups et blessures volontaires et 19% des violences sexuelles.
Les règlements de comptes en hausse mais homicides en baisse
L’autre point noir : les règlements de comptes. Ils sont en augmentation passant de 21 à 26 dans le département, causant la mort de 29 personnes en 2016, contre 19 en 2015 (dont 7 à Marseille), (soit + 52,6%). Sans nier cette hausse, Laurent Nunez a indiqué que les homicides étaient, malgré tout, en baisse dans les Bouches-du-Rhône et à Marseille « (-23,8%) passant de 63 à 48. Des homicides dont les règlements de comptes font partie ». Le préfet de police a réaffirmé sa détermination à lutter contre les trafics, principalement, à l’origine de ces règlements de comptes. L’année dernière, la police judiciaire de Marseille a d’ailleurs démantelé huit équipes qui projetaient de se livrer à des règlements de comptes et permis également d’en empêcher douze. « Une action qui va se poursuivre tout au long de l’année pour lutter contre ce fléau à Marseille ». Ce mois de janvier n’enregistre aucun fait de cette nature, quand l’année dernière au même moment, deux déjà avaient ensanglantés la cité phocéenne.
Si les règlements de comptes sont à la hausse, les saisies d’armes, le sont aussi, et de manière très significative, avec plus de 40% à la fois sur Marseille et le 13. « C’est tout à fait exceptionnel » a estimé le préfet de police. La mise en œuvre du plan souhaité par le ministère de l’Intérieur en novembre 2015 – à l’époque sous l’autorité de Bernard Cazeneuve et pour lequel Bruno Le Roux insiste – semble faire ses preuves. Plan qui a également permis des contrôles d’armureries, de stands de tirs et sur des axes de circulations pour essayer d’intercepter des trafiquants. « Cela produit de bons résultats et nous allons poursuivre cette action tout au long de l’année 2017 ».
Le plan vigipirate n’est pas étranger à ces résultats. Il a permis d’augmenter et densifier la présence sur la voie publique pour protéger les populations mais aussi pour faire des contrôles de flux. Et dans ce cadre-là, des armes ont notamment été interceptées. « Bien évidemment même si ce n’est pas le but, les perquisitions administratives que nous avons menées dans ce département depuis le début de l’état d’urgence ont aussi permis ce constat. Cette vigilance renforcée dans le cadre de vigipirate a aussi contribué aux excellents résultats que nous enregistrons en matière de trafics d’armes ».
De là à dire que Marseille s’impose comme une plaque tournante du trafic d’armes ? Elle n’est en tout cas pas été identifiée comme telle, mais « plutôt comme une ville où l’on consomme des armes, où l’on achète, où l’on fait venir sur des micro-réseaux d’importation d’armes… D’où notre grande concentration sur le sujet ».
Focus particulier sur les cambriolages en 2017
De bons chiffres, mais un bilan qui reste contrasté en raison des spécificités de chaque territoire. « Les chiffres de Marseille sont en forte baisse, il n’empêche qu’ici ou là on peut avoir des différences », comme par exemple en termes de cambriolages. Si globalement, ils sont en baisse sur l’ensemble du département (-1,2%), une action plus accrue sur la zone gendarmerie est nécessaire puisqu’il y a une augmentation de 12%. À l’inverse sur d’autres parties du territoire, les baisses sont beaucoup plus significatives comme pour Aix-en-Provence avec une baisse de 9,35%. « L’essentiel c’est qu’il y a une baisse globale sur tous les items de la délinquance à la fois à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône ».
Les priorités 2017 sont identiques à celles de 2016 : continuer à mettre en place les plans du gouvernement, lutter contre les vols à mains armées, les vols de et dans les véhicules, poursuivre le plan armes, continuer à œuvrer pour enrayer le trafic de stupéfiants, conséquence direct des règlements de comptes et, cette année, compte tenu des résultats un focus très fort sera engagé sur les cambriolages qui se multiplient sur certaines zones.
Lutte anti-terroriste : 1 115 personnes signalées dans les Bouches-du-Rhône
Quant à la lutte anti-terroriste, elle se poursuit plus que jamais. À ce jour, 1 115 personnes ont été signalées dans le département et 687 sont inscrites au fichier des signalés pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). 24 personnes ont été interpellées dans les Bouches-du-Rhône pour association de malfaiteurs en vue de commettre un acte de terrorisme en 2016, et 16 en 2015.
Cette présentation était aussi naturellement l’occasion de mettre à l’honneur le travail des policiers et des gendarmes, au nombre de 8 000 sur le département. Saluer un travail qui « dans le contexte de 2016, avec une forte mobilisation sur l’Euro, sur les manifestations, sur la prévention de la menace terroriste… le bilan affiché en matière de lutte contre la délinquance reste bon, estime Laurent Nunez. C’est un motif de satisfaction et c’est à la hauteur des moyens et de l’engagement qui a été celui du gouvernement en faveur de la sécurité à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône, depuis 2012, dont on peut mesurer les résultats très positifs et très concrets. »