Tous les catholiques d’Aix-Marseille-Provence Métropole ne sont pas acteurs ni même partisans de la construction de ce nouveau territoire. Leur choix est éminemment respectable. Ces quelques lignes ont pour objet de montrer que les enseignements de la doctrine sociale de l’Eglise pourraient trouver dans ce projet une occasion d’application concrète. Sur un espace de grande mobilité, polarisé par de grandes villes, entre Europe et Méditerranée, ponctué de zones d’activité et de centres commerciaux, traversé par des voies de communication souvent saturées, bénéficiant d’un environnement privilégié, l’égale dignité de toutes les personnes qui y vivent n’est pas assurée.
Relever le défi métropolitain ne passera pas seulement par une nécessaire mutualisation des compétences et des moyens dans tous les domaines de l’action publique. Il faudra certes construire un réseau performant de transports en commun, aménager des zones d’activité dans le souci de la complémentarité, rapprocher les acteurs de l’économie de la connaissance, définir une fiscalité commune et un schéma d’aménagement adapté. Il faudra surtout s’attaquer aux facteurs qui écartent du développement un grand nombre de métropolitains victimes du chômage, de la pauvreté, de conditions d’habitat précaires, de la solitude et de l’exclusion. Mais le vrai enjeu de cette aventure est dans les valeurs qu’elle porte.
Ces valeurs pourraient être celles de la doctrine sociale de l’Eglise. Le principe du bien commun, la destination universelle des biens, le principe de subsidiarité, la participation, le principe de solidarité pourraient trouver dans la construction métropolitaine une occasion unique d’application. Une lecture chrétienne de la famille, une priorité reconnue au travail humain, une vie économique guidée par la morale, une communauté politique au service de la société civile, une coopération internationale pour le développement, l’attention accordée au prix des choses sans prix dans le partage, le don et l’environnement pourraient donner à la métropole le sens qu’aucune approche technique ne pourra à elle seule proposer.
Les catholiques métropolitains sont invités à participer à cette aventure collective. Quelles que soient leur condition, leur responsabilité ou leur situation sociale et professionnelle, ils peuvent voir dans les enseignements du Magistère les éléments nécessaires à la réussite de cette ambition. Parce que « le nouveau besoin de sens est largement ressenti et vécu dans la société contemporaine » 575* et que « le foi en Dieu et en Jésus-Christ illumine les principes moraux qui sont le fondement unique et irremplaçable de la stabilité et de la tranquillité, de l’ordre interne et externe, privé et public, qui seul peut engendrer et sauvegarder la prospérité de l’Etat » 577, il y a dans le projet métropolitain les éléments d’une « civilisation de l’amour » susceptible de rendre la société plus humaine et plus digne de la personne car « seule la charité peut changer complètement l’homme » 583.
Philipe Langevin, en ce jour de Noël 2014.
Lire les précédents volets de la chronique de Philippe Langevin.
[Chronique] Une lecture d’Aix-Marseille-Provence-Métropole à la lumière de la doctrine sociale de l’Eglise (1/4)
[Chronique] Les principes de la doctrine sociale de l’Eglise (2/3)
[Chronique] Les principes de la doctrine sociale de l’Eglise : société et économie (3/4)
* Les citations en italiques sont extraites du « Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise » du Conseil Pontifical Justice et Paix- Les numéros renvoient à ces citations. Editions du Cerf- 2013
Philippe Langevin est invité ce soir à 18h à l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence à l’occasion de la conférence-débat intitulée, “Quel métropolitain êtes-vous ?“, organisée par les étudiants du master Information et communication.