Rouler à vélo dans la cité phocéenne : un pari audacieux mais pas impossible. Il y a les sportifs qui utilisent ce moyen de locomotion en slalomant entre les voitures, ceux qui optent pour le vélo en libre service pour des déplacements courts en centre-ville, plus rapide et plus économe, ou encore ceux qui préfèrent être au guidon d’un vélo électrique… 39% des déplacements de moins de 3 kilomètres sont réalisés aujourd’hui en voiture. Il suffit d’être en heure de pointe pour trouver le temps long, voire très long, quand, en selle, ce même parcours ne dure que 15 minutes.
Ce n’est pas un scoop, le tout-voiture, la métropole y est abonnée depuis de très nombreuses années alors que, paradoxalement, 60% des métropolitains estiment que le vélo est un mode de déplacement d’avenir. Jusqu’à présent cette politique publique avait du mal à se généraliser. Des centres-villes sont certes requalifiés, mais ce n’est pas forcément le cas des zones d’activités, des lotissements, des périphéries. Une absence de politique cyclable qui se traduit, notamment à Marseille, par le manque d’infrastructures et d’aménagements. C’est ce que dénonce depuis longtemps le collectif Vélo en Ville qui pointe également du doigt un manque de cohérence et de concertation.
D’ailleurs les adhérents ne manquent pas d’imagination pour faire passer leur message. L’année dernière, ils ont dressé de faux procès verbaux aux automobilistes mal-stationnées, (en double-file, sur les trottoirs…) pour montrer que ce manque de civisme constitue un danger pour les deux-roues. Un non-respect du code de la route qui exaspère les cyclistes qui aimeraient rouler en sécurité. L’association Vélo en ville a été reçue par Jean-Pierre Serrus, le vice-président de la métropole, chargé des transports, pour aborder ces problématiques.
3 600 places de stationnement pour vélos
Pour ouvrir la voie des centres-villes apaisés avec des voyageurs actifs, l’agenda de la mobilité métropolitaine s’est fixé différents objectifs. En premier lieu, réaliser des aménagements spécifiques dans un rayon de 5 kilomètres autour des pôles d’échanges multimodaux pour développer ces modes de déplacement doux. Le vélo peut soulager les transports urbains dans les centres denses, et le compléter en périphérie ou en rabattement. Le partage de la rue peut bénéficier à la fois aux pistes cyclables, aux zones 30, aux trottoirs et aux couloirs de bus… C’est ce que prévoit l’agenda avec des aménagements cyclables ou des zones à 30 km/h, des jalonnements vélo sécurisé pour les piétons-vélos, du stationnement pour les vélos sécurisés.
Dans cette dynamique, ce sont 3 600 places de stationnement pour vélos qui sont prévues sur une cinquantaine de sites métropolitains. Des équipements pensés en complémentarité des grandes liaisons cyclotouristiques.
Une charte d’apaisement des espaces publics
La remontée de la compétence voirie à la Métropole sera également une opportunité pour requalifier l’espace public, en lien avec les communes, à l’image des aménagements prévus rue Paradis à Marseille, ou dans le centre d’Aix-en-Provence. Pour accompagner cette démarche, dès 2017, une charte d’apaisement des espaces publics portée par la Métropole sera proposée : elle privilégiera les propositions simples, rapides et peu coûteuse à mettre en œuvre pour favoriser le vélo en ville.
Avec l’ambition d’augmenter de 25% les déplacements actifs, la Métropole envisage aussi d’expérimenter un service de location longue durée de vélos, complémentaire du dispositif existant à Marseille, pour les déplacements ponctuels. Ce sont 2 000 vélos supplémentaires qui pourraient être mis en service à partir de 2019.
Des études précisent que dans 28% des cas, la location d’un vélo à assistance électrique permet de se séparer ou de renoncer à l’achat d’une voiture personnelle supplémentaire. Dans ce sens, tous les habitants du territoire pourront bénéficier d’une aide à l’achat de la part de la Métropole. 1 000 subventions pourront être attribuées dès 2017, permettant d’éviter 650 000 kms parcourus en voiture.
Cette nouvelle politique en matière de transport doux permet de montrer la synergie profonde qu’il existe entre les transports urbains et métropolitains d’une part, et la marche et le vélo, d’autre part.
Le modèle aixois…
Aix-en-Provence favorise les transports doux en menant une politique cyclable depuis 2013, son territoire étant également plus favorable pour rouler à vélo. Il existe à l’heure actuelle, plusieurs « relais vélos » en Pays d’Aix ouvert sur de larges amplitudes horaires et certains ouverts 24h/24. Un espace protégé et un maillon supplémentaire pour de meilleures correspondances et plus d’intermodalité.
La gare ferroviaire d’Aix centre compte une centaine de places et une quarantaine de casiers équipés de prises permettant la recharge des batteries de vélos à assistance électrique. A la gare routière avec 20 places, au parking-relais de plan d’Aillane et la gare de Simiane (40 places et 10 casiers), ou encore au parc-relais Krypton. Des points stratégiques permettant un maillage du territoire.
La Ville a également dévoilé son plan vélo (en septembre) avec trois voies express qui vont permettre de relier le centre-ville à trois directions : nord, sud-ouest et sud-est), pour basculer de la voiture au vélo. Outre ces voies express, indépendantes des routes, des pistes cyclables en bordure de route sont également prévues. De nombreux axes vont être requalifiés, à l’image de l’avenue du Pigonnet ou l’avenue de Lattre-de-Tassigny. Au total, ce sont 226 nouveaux kilomètres d’aménagements cyclables qui ont été étudiés contre 94 kilomètres actuellement.
Reportage réalisé en partenariat avec la Métropole Aix-Marseille-Provence