Le temps d’une après-midi estivale, le 9 juillet dernier, les arcades du Cloître, pôle de l’innovation sociale et économique dans les quartiers nord de Marseille ont accueilli un marché inédit, le « positive business place », un lieu de rencontre de formation et de business pour ceux qui veulent acheter en proximité, sélectionner des produits et services éthiques, devenir eux-mêmes des prestataires socialement responsables.
François Ranise, chef d’entreprise (Profil) et Sophie Deschamps, responsable du service performance et développement du business, à la CCIMP ont rappelé l’enjeu de cette démarche initiée, il y a deux années : rapprocher offre et demande du territoire, nouer des liens directs, humains, entre donneurs d’ordre et prestataires et fournisseurs d’autre part.
Cette convention d’affaires était pilotée par la Chambre de commerce et d’industrie Marseille Provence (CCIMP), en co-organisation avec la Cité des entrepreneurs d’Euroméditerranée, Cap au Nord Entreprendre, Émergences et la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (Cress Paca).
Plus de 240 inscrits sont venus. Les 200 rendez-vous potentiels avec les grands donneurs d’ordre (Veolia, Métropole Aix-Marseille-Provence, Onet, SMC, Établissement français du sang, Conseil départemental 13, Ministère des armées, Rectorat Aix Marseille, Eurovia, EDF…) ont affiché complet.
L’an dernier, la première convention d’affaires réunissait une centaine de personnes. Les participants ont suivi assidûment les six ateliers simultanés de chacun 20 minutes sur : La RSE pour les nuls, Labels, certifications, normes…, Pour qui, pourquoi ? Découvrez French Impact, Recrutement et engagement sociétal, Dessine-moi un acheteur responsable, Innovation et achats responsables.
Le « Métropolitain business act » (MBA) porté par la CCI Marseille Provence devient ainsi un process vertueux qui valorise les produits ou services ayant un impact positif. La convention du 9 juillet allait en effet plus loin que la proximité en donnant les clefs d’un achat responsable.
La table ronde « Killer ou responsable : comment inscrire l’achat dans une démarche solidaire ?» a interpellé les responsables achats trop souvent préoccupés d’abord et/ou uniquement par le prix. Un bon acheteur doit devenir un analyste de l’achat en commençant par décrypter la pertinence de l’achat et la définition rigoureuse du service attendu. Le sourcing intelligent devient plus rentable que la chasse au centime de rabais en se posant les bonnes questions : « pourquoi j’achète, qu’est-ce que j’achète, à qui j’achète et comment j’achète. »
L’exemple SMC avec B&P Environnement
L’acheteur responsable est celui qui va inclure les coûts cachés, ceux qui se révèlent avec le temps, ceux qui entravent les équipes ou induisent des réparations, ceux qui nuisent au travail quotidien ou à la qualité du service.
Nadia Jlida, responsable des achats à la Société marseillaise de crédit a pu témoigner du rôle que peut avoir un acheteur local dans la promotion d’un prestataire performant du territoire. Richard Pierri, est manager d’une entreprise adaptée (qui emploie plus de 80 % de salariés en situation de handicap), B&P Environnement, une entreprise spécialisée dans la collecte, le traitement, la valorisation et le recyclage de tous les déchets non dangereux.
Elle a décroché un premier marché de destruction confidentielle de papier permettant de recycler 90% des déchets papier de la SMC. C’était il y a six ans. Le client a ensuite souhaité passer un contrat national avec le groupe, beaucoup trop important pour B&P Environnement qui a donc initié un GIE avec 10 entreprises adaptées sur toute la France qui a décroché le marché pour trois années. Un achat responsable et économe pour Nadia Jlida doit « répondre aux critères voulus par la SMC d’équité et de transparence de mise en concurrence » et qui s’inscrit dans un climat relationnel positif.
L’atelier sur les normes a permis de clarifier le paysage complexe des labels, certifications et normes. Bruno Frel, expert achats responsables de l’Afnor a développé l’intérêt de la norme Iso 20 400 aux côtés de labels plus volontaire comme le Global Impact ou Emplitude. Iso 20 400 fournit aux organisations, quelle qu’en soit la taille ou l’activité, des lignes directrices pour intégrer la responsabilité sociétale dans leur processus achats, comme décrit dans la norme Iso 26 000. Elle est destinée aux parties prenantes impliquées dans ou impactées par les décisions et processus achats. Cette toute nouvelle norme volontaire internationale, se présente comme un mode d’emploi à disposition des entreprises et de leur service achats, de manière à harmoniser des approches qui, jusqu’à présent, pouvaient être assez divergentes.
Un deuxième anniversaire encourageant pour le MBA, et pour les entreprises métropolitaines qui grâce à ces rencontres, très organisées mais qui laissent place à l’informel et à la convivialité, tissent un réseau fertile entre acheteurs et prestataires.