Le 16 février, 13 capteurs ont été installés par des équipes spécialisées de RTE sur les câbles électriques de la ligne à 400 000 volts entre Avignon (Tavel) et Aix-en-Provence (Réaltor). Cette technologie va permettre à RTE de mettre le mistral au service de la sécurité d’alimentation électrique de la région Paca. « Cette ligne constitue un maillon essentiel pour assurer la solidarité électrique entre la région et le reste de la France, explique Jean-Philippe Bonnet, délégué méditerranée RTE. Toutes les 5 minutes, les capteurs envoient leurs informations sur l’état de la ligne. »
Car lorsqu’une ligne transporte beaucoup d’électricité, les câbles s’échauffent, s’allongent et se rapprochent du sol. Jusqu’à présent, pour évaluer l’échauffement des câbles électriques, RTE tenait compte uniquement de la température extérieure. Or, le refroidissement assuré par le mistral, qui souffle en moyenne 100 jours par an sur la ligne Tavel-Réaltor, peut permettre d’accroître sa capacité et donc de transporter plus d’électricité.
Mesurer le vent, pour évaluer la marge de manoeuvre
« Le refroidissement des lignes par le vent est un phénomène qu’on connaissait mais qu’on ne savait pas quantifier, poursuit Jean-Philippe Bonnet. Ces capteurs permettent d’acquérir de nombreuses données, que l’on croisera avec les précisions météorologiques pour connaître la marge d’électricité qu’on peut encore transporter. Une ligne électrique fonctionne comme une corde de guitare. Elle vibre en fonction de leur longueur.Selon l’état de la ligne, nous sommes en capacité de prendre, en temps réel, des mesures pour aiguiller l’électricité par d’autres chemins ou au contraire, en faire circuler davantage. »
Les capteurs, gros comme des boîtes à chaussures, sont clipsés sur le câble électrique. « Ils contiennent une antenne GSM grâce à laquelle ils envoient leurs informations. » La pose, réalisée par les équipes de maintenance de RTE spécialisées dans les travaux sous tension, était particulièrement impressionnante. A une trentaine de mètres de hauteur, les opérateurs équipés d’une tenue spéciale et de matériel d’escalade, se suspendent aux câbles grâce à une petite échelle.
L’expérimentation, qui coûte 500 000€, est exclusivement financée par RTE et devrait durer deux ans. « Ensuite, nous aurons une bonne connaissance de l’effet du vent sur les lignes et nous saurons anticiper. » Elle est la première concrétisation du projet industriel de RTE « Impulsion et Vision », destiné à développer le premier réseau électrique et numérique d’Europe. Ce programme s’inscrit également dans le projet « Flexgrid » de la Région, qui a pour ambition d’être une vitrine mondiale du développement des réseaux électriques intelligents. RTE s’est engagé à déployer en Paca un ensemble de solutions innovantes ouvrant le chemin aux réseaux électriques intelligents.