Mouna Ayoub s’apprête à vivre quatre jours d’intense émotion. 3000 pièces de sa garde-robe personnelle sont en vente à Paris, avenue Hoche à l’hôtel Cornette de Saint-Cyr, à deux pas du Parc Monceau, et en pleine Fashion Week parisienne.
Mouna Ayoub a changé ces dernières années. Vivant entre Monaco et New-York, elle a laissé de côté la vie mondaine et se consacre à ses enfants, ses quelques amis et à ses deux passions, le cinéma et la mode. Cette vente est encore une preuve de la dévotion de la riche libanaise pour ces arts créatifs. 100 000 euros provenant du produit de la vente seront reversés au Musée des Arts Décoratifs de Paris pour financer l’exposition « Déboutonnez la mode » programmée à partir du 9 février prochain, et 100 000 euros seront donnés à la Cinéfondation créée en 1998 par Gilles Jacob, alors président du Festival de Cannes, pour favoriser la recherche de nouveaux talents cinématographiques. Une partie également de la vente ira à l’association « À chacun son Everest », qui organise des stages à Chamonix pour les enfants atteints de cancer.
« La garde-robe exceptionnelle de Mouna Ayoub est le reflet de ce que la mode a créé durant trente années : John Galliano, Dior, Tom Ford, Gucci, Dolce & Gabbana, Roberto Cavalli, Versace, Chanel, Alaïa, Louis Vuitton, Marc Jacobs, Fendi, Louboutin, Jimmy Choo, Manolo Blahnik… Incroyable par sa qualité, sa diversité et sa quantité, elle illustre le goût incomparable de Mouna Ayoub » explique Hubert Felbacq, en charge de l’organisation de la vente pour la maison Cornette de Saint Cyr.
Elle ne manque aucun des grands défilés
« Je suis toujours passionnée par le monde de la mode, des artisans des métiers d’arts, sans arrêt nou essayons de les défendre comme dans cette exposition sur les boutons » nous explique Mouna Ayoub jointe au téléphone la veille de l’ouverture de la vente. Passion rime avec achat quand on n’a pas de contraintes financières (la fortune de Mouna Ayoub remonte à son père homme d’affaire puis à son mariage avec un riche saoudien proche du roi Fahd) « J’achète encore de la haute couture » souligne-t-elle. Le milieu acquiesce. Mouna Ayoub voue un véritable culte aux grands couturiers et à leurs créations ; elle ne manque aucun des défilés des grandes maisons à travers le monde et possède l’une des collections les plus respectées de Haute Couture » confirme Hubert Felbacq.
Mouna Ayoub se consacre tout autant au cinéma et aime regarder trois ou quatre films par soirée chez elle. « J’aime regarder tout particulièrement les costumes, comment le designer a retranscrit l’habit d’époque. » Enfant c’est avec que le cinéma qu’elle s’évadait dans son Liban natal. « Je suis venue à la mode plus tard, après le décès de ma mère. Elle aimait tant les vêtements alors que j’étais un vrai garçon manqué. J’ai voulu lui rendre hommage et lui rester fidèle. »
Il faut aider les créateurs.
Et Marseille ? « J’aime Marseille, c’est ma deuxième ville. Très chaleureuse et accueillante. Je suis très fière d’avoir reçu des mains du maire la médaille de Saint-Victor. » En 1999, Mouna Ayoub a exposé des pièces de sa garde-robe au Musée de la Mode. « L’exposition eût un grand retentissement et Mouna Ayoub a séduit la ville avec son charme et sa générosité » se rappelle aujourd’hui Maryline Beilleud-Vigouroux, alors directrice du musée. Une nouvelle exposition à Marseille est-elle possible ? « Pourquoi pas. Je suis prête à donner toutes les robes qu’il faudra mais sans moi car je ne sors que très peu désormais. Même à Monaco, je ne vais pas dans les soirées de gala. » Une biennale internationale de la mode en Méditerranée comme s’y attèle Maryline Vigouroux ? « Oui c’est une bonne idée, je serai très curieuse de connaître l’état de la création en Méditerranée aujourd’hui. » Il faut aider les créateurs. J’en défends beaucoup pour qu’ils puissent être dans le calendrier des défilés des fashion week. »
Une femme libre.
On pourrait parler des heures avec Mouna Ayoub. De la Méditerranée, de la mode, du cinéma et… des femmes. « Une cause qui m’est très chère mais je ne suis pas féministe. Je pense que chaque femme sait au fond d’elle ce qui est bon pour elle-même. Avec mon éducation chez les Jésuites, j’ai appris à la fois à respecter les autres et à me défendre, ca m’a donné beaucoup de force dans ma vie. Sans éducation, il n’y a pas de liberté. » Et elle sait de quoi elle parle puisqu’elle fut mariée en Arabie Saoudite, s’est convertie à l’islam puis a demandé le divorce. Il est prêt de 23 heures. Mouna Ayoub touche au but. « Je travaille à cette vente depuis le mois de juillet ». Rendez-vous donc à Marseille pour de nouveaux rendez-vous entre mode, cinéma et amitiés…
Le meilleur de trente années de mode
L’incroyable garde-robe de Mouna Ayoub présentée par l‘hôtel des ventes :
« Ce sont donc 3 000 pièces créées entre 1985 et 2011, qui sont mises aux enchères réparties en 2 000 lots : du prêt à Porter, de la Haute-Couture (environ 40 pièces seulement), des chaussures, des fourrures, de la maroquinerie de luxe (dont sept exceptionnels sacs Birkin d’Hermès en crocodile), du cuir, des accessoires (lunettes, serviettes de plage…), des bijoux fantaisie… signés de maisons mythiques telles que Chanel, Hermès, Louis Vuitton, Gucci, Dior, John Galliano, Dolce & Gabana, Roberto Cavalli, Valentino, Alaia… Les années 90 sont représentées par de nombreux accessoires, sacs, bijoux fantaisie, vêtements de la maison Chanel par Karl Lagerfeld (environ 500 pièces). Dès l’arrivée de John Galliano chez Dior en 1997, Mouna Ayoub est séduite par les propositions du créateur : le renouveau, l’excentricité, le glamour et un peu de classicisme font la force de ce génie. De nombreux modèles issus de ses collections seront présentés à la vente.
Le glamour du début des années 2000 s’illustre largement parmi les pièces de Dolce & Gabbana et de Roberto Cavalli, par des imprimés félins ou fleuris, des pièces en peau ou en fourrure.
L’élégance et la perfection de la coupe d’Alaïa sont aussi représentées à travers quelques modèles emblématiques. Les vêtements sont de taille 36 à 40 et les chaussures de pointures 39 à 41. Les estimations sont comprises entre 50 et 30 000 euros. »